Le sénateur Alain Destexhe est parti d'un constat : les Belges (y compris les responsables politiques) ne connaissent pas beaucoup l'histoire de notre pays et celle-ci est parfois "arrangée" à des fins communautaires. Il met d'ailleurs les choses au point dès l'introduction :
"Les Belges ont, en grande partie du moins, une vieille histoire commune qui remonte au XVème siècle et aux ducs de Bourgogne. L'appartenance linguistique ou communautaire n'y a longtemps joué aucun rôle. Comme le souligne Jean Stengers, les peuples flamands et wallons sont des sous-produits de la Belgique. Il y a bien eu des Belges qui se sont sentis comme tels bien avant 1830. Le mouvement flamand ne naît qu'après la révolution et il reste pendant longtemps, au moins jusque la première guerre mondiale, profondément belge et patriotique. Les termes "Flamands" et "Flandre" ne s'imposent peu à peu qu'à partir de la seconde moitié du XIXème siècle pour désigner une entité plus large que l'historique comté de Flandre. Loin d'être un Etat formé de toute pièce par les puissances européennes en 1830, la Belgique est le résultat d'une révolution dont les conséquences ont été imposées à ces mêmes puissances. Aux yeux des Belges nouvellement indépendants, l'Etat artificiel, c'était le royaume des Pays-Bas réunifiés de Guillaume d'Orange qui n'était rien d'autre qu'une reconstruction d'une union alors disparue depuis plus de 200 ans".
L'auteur commence par nous raconter l'époque préhistorique, l'invasion romaine (Jules César : "De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves"), les mérovingiens (Clovis est proclamé roi des Francs à Tournai) et l'essor des villes.
Furieux de l'alliance de son vassal le comte de Flandre avec l'Angleterre, Philippe le Bel (roi de France) l'emprisonne et occupe le comté. Soutenus par des troupes namuroises, les bourgeois et artisans remportent la victoire le 11 juillet 1302 contre les chevaliers français. A cette époque, le terme "Flamand" désigne les habitants du comté de Flandre, qu'ils parlent français ou la langue locale. L'unification de notre pays a lieu au XVème siècle : les principautés, duchés et comtés se regroupent progressivement au sein d'un même Etat sous l'impulsion des ducs de Bourgogne.
Au XVIème siècle, nos provinces intègrent le grand empire de Charles-Quint (né à Gand en 1500) qui nomme sa tante Marguerite d'Autriche, puis sa soeur Marie de Hongrie gouvernantes des Pays-Bas. Les choses se passent moins bien sous le règne de Philippe II avec la répression de son gouverneur le duc d'Albe. Le traité d'Utrecht en 1713 nous attribue aux Habsbourg d'Autriche. Capitale des Pays-Bas autrichiens, Bruxelles profite de la construction de la place Royale, de l'église Saint-Jacques sur Coudenberg, du palais de Charles de Lorraine, de la place des Martyrs, etc. C'est lors de la révolution brabançonne de 1789 en opposition à la politique de Joseph II que le noir, le jaune et le rouge sont affichés pour la première fois et qu'on proclame les très brefs Etats-Belgiques-Unis. De 1794 à 1815, les provinces belges et la principauté de Liège sont annexées par la France qui transforme radicalement nos institutions. Suite à la bataille de Waterloo, la Belgique est offerte au roi Guillaume d'Orange qui crée la Société Générale, les universités de Gand et Liège. Mais le mécontentement monte chez les Belges.
Suite à la révolution belge de septembre 1830, les Hollandais quittent notre pays et la Belgique devient indépendante. Alain Destexhe souligne : "Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les grandes puissances qui ont désiré la formation du nouvel Etat, mais ce sont les Belges, indépendants depuis peu, qui ont incité les puissances à admettre cet état de fait". Notre nouvelle constitution est l'une des plus modernes de l'époque. Léopold Ier, le premier roi des Belges, prête serment le 21 juillet 1831.
Au fil de ce livre très agréable à lire et très facile à consulter ultérieurement, l'auteur revient sur le développement industriel et la question ouvrière au XIXème siècle (la Belgique est la 2ème puissance industrielle mondiale entre 1810 et 1880!), la colonisation du Congo, les deux guerres mondiales, la Question Royale, le pacte scolaire, l'Exposition Universelle de Bruxelles de 1958 (45 millions de visiteurs), l'immigration italienne et marocaine, la fédéralisation du pays, la marche blanche de 1996, etc. Alain Destexhe termine par l'historique des symboles nationaux (drapeau, lion, devise, monnaie, hymne et fête nationale). Cet ouvrage de 170 pages devrait être lu par tous les étudiants de secondaire et se trouver dans toutes les bibliothèques. J'espère aussi qu'il sera un jour traduit en néerlandais.
"50 dates-clés de l'histoire de Belgique" par Alain Destexhe, éditions Luc Pire, 2009
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4 commentaires:
Bonjour Petit Belge,
Et bien voila la semaine qui
se termine,et un bon week-end,
bien chaud va arriver,et surtout
c'est l'Assomption,fête de Marie,
et des festivités sur notre région.
Je te souhaite une bonne journée
et de passer un agréable week-end
Bisous de Mimi Jolie du Sud.
Eh oui, l'ami, peu de belges se souviennent de ce qu'on a tout de même appris à l'école, mais les cours d'histoire n'intéressaient pas tout le monde....Et les Français qui nous demande de parler "belge", ils oublient qu'on était effectivement dépendant d'eux, et surtout une époque "Bourguignonne", après, c'est autre chose quand ce Maréchal de Villeroy est venu nous démolir notre Bruxelles.
Ça sent la propagande belgeoise à plein nez ! Et mensongère qui plus est. Franchement, revenir nous là jouer à la Pirenne avec le Belge sortant du tombeau depuis que Jules César l’y a mis, c’est insultant. Nous faire croire à une Belgique bien avant 1830 sur base des anciens Pays-Bas est une chose (malhonnête), mais monsieur Destexhe semble oublier que le Pays de Liège n’a jamais fait partie de ces Pays-Bas, et n’est donc belge que depuis 1830. Et le Pays de Liège, cela représente quand même un tiers de la Wallonie.
Ce monsieur qui semble insister, dans un but à visée communautaire, sur la présence des Namurois à la Bataille des Éperons d’Or, omet volontairement de dire que le comte de Namur et le comte de Flandre était une seule et même personne, Gui de Dampierre ne faisant qu’utiliser ses propres hommes, fussent-ils namurois.
Mais il omet tout aussi volontairement (si l’on en croit cet article bien sûr) de rappeler que les Liégeois ont voté leur rattachement à la France en 1794. Parler d’annexion est assez réducteur.
En conclusion, monsieur Destexhe est peut-être un bon médecin, mais il est aussi mauvais historien que politicien.
Réponse à République de Wallonie :
Alain Destexhe a écrit un livre sur l'histoire de la Belgique, et non sur l'histoire de la principauté de Liège. Donc, oui, il parle de la principauté de Liège qui est longtemps restée indépendante. Mais jusqu'à preuve du contraire, environ 80% de la Belgique actuelle était réunie dès les ducs de Bourgogne, rejointe en 1794 par la principauté de Liège. Et en 1794, ces mêmes 80% de la Belgique actuelle ont été annexés par la France, sans qu'on leur demande leur avis (et vu que vous ne semblez pas me croire, le chapitre 13 de ce livre s'intitule "De l'invasion française à la défaite de Napoléon"). Ce livre est un bon résumé objectif de notre histoire et n'omet pas les difficultés linguistiques et communautaires.
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