lundi 31 décembre 2018

Meilleurs voeux pour 2019 !

70ème et dernier article de cette année....

Merci à tous pour votre fidélité au Journal d'un petit Belge (créé il y a déjà douze ans en décembre 2006), vos commentaires, votre gentillesse et votre intérêt pour notre pays. Plus que jamais, je continuerai en 2019 à vous parler des Belges qui se distinguent dans tous les domaines, à défendre l'unité du pays et à vous en faire découvrir des jolis endroits. En général, je vais continuer à poster mes articles le lundi et le jeudi. En 2019, nous fêterons aussi les 10 ans de mes deux autres plus petits blogs qui sont complémentaires au Journal d'un petit Belge :   http://familleroyalebelge.blogspot.com et  http://ecrivainsbelges.blogspot.com .

Je vous souhaite, ainsi qu'à vos proches, un agréable réveillon et une heureuse année 2019.

P.S. Si vous avez des idées d'articles, n'hésitez pas à m'en parler dans les commentaires.

lundi 24 décembre 2018

A lire sur mon blog sur la famille royale belge...

A (re)lire sur mon blog consacré à la famille royale belge :

- Un bilan des cinq premières années de règne du roi Philippe :  http://familleroyalebelge.blogspot.com/2018/07/bilan-positif-des-5-premieres-annees-de.html

- Les Belges anoblis par le roi Philippe :   http://familleroyalebelge.blogspot.com/2016/07/les-38-anoblis-du-regne-de-philippe-ier.html

- Les 12 petits-enfants du roi Albert II et de la reine Paola :   http://familleroyalebelge.blogspot.com/2018/08/les-12-petits-enfants-dalbert-ii-et.html

- Le bureau du Roi au palais royal de Bruxelles :   http://familleroyalebelge.blogspot.com/2018/10/le-bureau-du-roi-au-palais-royal-de.html

- La réaction de la princesse Esmeralda suite au décès de son ami l'acteur Jean Piat :   http://familleroyalebelge.blogspot.com/2018/10/deces-de-jean-piat-la-reaction-de-la.html

- Jeep, le chien des souverains belges :   http://familleroyalebelge.blogspot.com/2018/10/jeep-le-chien-des-souverains-belges.html

- Nos souverains et le Portugal :   http://familleroyalebelge.blogspot.com/2018/10/nos-souverains-et-le-portugal.html

- Compte-rendu du livre "Léopold II, potentat congolais : l'action royale face à la violence coloniale" de Pierre-Luc Plasman :   http://familleroyalebelge.blogspot.com/2018/11/leopold-ii-potentat-congolais-laction.html

- Activités royales en décembre 2018 :   http://familleroyalebelge.blogspot.com/2018/12/activites-royales-en-decembre-2018.html

Bonne lecture et joyeux Noël à tous !

jeudi 20 décembre 2018

Docteur Cath

                            D r  Cath a été sauvée par l’amour de ses animaux

Suite à ses apparitions à la télévision belge francophone, Docteur Cath est l'une des vétérinaires les plus connues du pays. Elle a répondu à ces questions :

"Etre vétérinaire, c'est un rêve de petite fille?
- Oui, depuis l'âge de six ans. Je m'occupais déjà d'animaux à l'époque. J'avais des vaches, des lapins, des moutons, des chèvres, et même un poney avec lequel je me rendais à l'école. Mon père le ramenait ensuite. J'ai passé toute ma jeunesse à Colfontaine. J'aimais tant les animaux que le seul métier qui pouvait me rendre heureuse, c'était la profession de vétérinaire. Je vis toujours de ma passion aujourd'hui. Mes parents se sont très vite rendu compte que mon chemin était tracé, et ils m'ont aidée. Ce sont des études qui coûtent, et c'est grâce à eux que j'ai pu devenir vétérinaire.

- Comment avez-vous été convaincue d'embrasser cette profession?
- Quand j'ai terminé ma rhéto, j'ai suivi un vétérinaire durant deux semaines non stop. Je l'ai suivi vraiment partout, même durant les euthanasies. "Tu dois savoir tout regarder", m'avait annoncé le vétérinaire. J'ai adoré l'expérience.

- Quels sont les moments les plus joyeux dont vous vous souvenez?
- Il y a une dizaine d'années, un lion d'Alexandre Bouglione avait des griffes incarnées. Ce n'étaient pas des petites griffes. Il ne savait plus marcher, il a fallu l'opérer. Après l'intervention, le lion m'attendait derrière les barreaux et quand il m'a vue, il a levé la patte. J'ai aussi soigné un singe qui souffrait de douleurs terribles, d'une occlusion plus exactement. J'ai donc commencé à lui faire des lavements. Et tout d'un coup, le singe m'a sauté dans les bras en guise de remerciement. C'est quelque chose qu'on n'oublie pas.

- Sinon, vous avez déjà recueilli des animaux?
- Oh oui, surtout des chats! A la maison, j'ai trois chats :  Arthur, Charlie et Chipie. Et à mon cabinet, j'en ai quatre autres :  Kito (dont la propriétaire est décédée d'un cancer), Gamin, Minnie (qui avait été renversée et dont la queue a été amputée) et Fifille (la dernière de la portée dont personne ne voulait).

- Et des chiens?
- Ma chienne Nala est malheureusement décédée durant le mois de janvier. C'était vraiment un ami fidèle. Maintenant, la relève est assurée par Ouragan, un labrador.

- Comment vous décrivez-vous comme maîtresse?
- Très gentille. Je suis quelqu'un de respectueux, une maîtresse qui les adore mais qui met des barrières. Mes animaux de compagnie doivent être obéissants pour qu'ils puissent rester même au cabinet.

- Qu'en est-il de vos habitudes alimentaires?
- Je ne mange plus de viande. A force d'opérer, j'avais l'impression de manger ce que j'opérais. J'ai fait une sorte de blocage. Je mange uniquement du poisson désormais, et des légumes. 

- Au quotidien, comment vivez-vous cette célébrité due aux émissions télé?
- On me reconnaît dans la rue, un peu partout : au restaurant, au supermarché, à la mer, et même à Ikea. En général, les personnes me réclament un autographe ou un selfie. Ils sont fiers de montrer qu'ils m'ont bien rencontré. 

- Avez-vous déjà imaginé votre vie après la retraite?
- Ca, c'est la question qui tue!  Je ne sais pas si je pourrai m'arrêter. Je vais avoir énormément de mal. J'ai vraiment besoin d'un contact avec les animaux. C'est tellement viscéral, c'est mon métier. Je suis de bonne humeur parce que je sais que je vais soigner des animaux". 

lundi 17 décembre 2018

Eugène et Philippine de Ligne, Justes parmi les Nations

                                Afficher l’image source

Durant la deuxième guerre mondiale, le prince Eugène et la princesse Philippine de Ligne créent les Foyers Léopold III, des centres d'accueil et de refuge pour enfants. Le plus grand d'entre eux se trouvait à Beloeil, où on a hébergé en permanence entre 800 et 3.000 enfants dans le château et les dépendances. Une partie du parc est transformée en champ de pommes de terre et de légumes. Certains enfants apprennent à nager dans les bassins.

Suite à la raffle de Bruxelles en septembre 1942, des familles juives choisissent la clandestinité. Le prince Eugène et la princesse Philippine décident d'accueillir en secret à Beloeil des enfants juifs auxquels ils procurent de faux papiers chrétiens, c'est-à-dire des certificats de baptême. Il s'agissait de les noyer dans la masse et de les faire passer pour catholiques, dans le seul but de leur sauver la vie. Les historiens estiment qu'environ 160 enfants juifs ont trouvé refuge à Beloeil entre 1942 et 1945.

Parmi eux, Avraham Kaputka a confié plus tard à la presse :   "Nous étions seuls, la séparation d'avec nos parents était difficile. Nous ne savions pas si, ni quand, nous pourrions les revoir. Notre acclimatation, au moins au début, n'a pas été facile, mais à la fin, nous nous sommes mêlés à notre environnement. Nous étions dans un endroit sûr et calme, tandis que la guerre faisait rage tout autour de nous".

Efraim Alkichen a écrit au prince Michel :   "Au moment où des enfants comme moi étaient poursuivis, battus, affamés à mort, asphyxiés au gaz et brûlés au crématoire, j'étais abrité sur votre domaine comme dans une oasis dans le désert, tenu propre, bien habillé et nourri, faisant la sieste au soleil, nageant dans le beau lac en été et glissant sur sa glace en hiver, mené en promenade dans le magnifique parc du château. Alors que le mal, la cruauté et l'orgueil régnaient en Europe,  le prince Eugène II de Ligne, animé d'une admirable noblesse d'âme, ouvrit son domaine au règne de la bonté en y abritant près de mille enfants rendus malheureux pendant la guerre, et parmi eux des dizaines d'enfants juifs menacés de mort. Le prince savait qu'il s'exposait ainsi lui-même, sa famille et son équipe du château, au danger de châtiment des Allemands. Mais comme l'a dit sa fille Mme Yolande : "J'ai fait ce que je devais faire".  Ils ont écouté la voix de leur conscience".

Après la guerre, le couple renoue avec leur vie de diplomate. Le prince Eugène est nommé ambassadeur de Belgique en Inde (de 1947 à 1951) et en Espagne (de 1951 à 1958). Il décède en 1960.

En 1975, le prince Eugène et la princesse Philippine reçoivent le titre de Justes parmi les Nations, la plus haute distinction civile octroyée par l'Etat d'Israël. Leur nom est gravé dans la pierre au Mémorial de l'Holocauste, sur la colline de Yad Vashem à Jérusalem. Veuve, la princesse est émue, mais elle ne fait pas la publicité de cette distinction et ne se rend pas en Israël pour planter le traditionnel olivier.

Il faut attendre 2016 (voir photo ci-dessus) pour que Michel, devenu le 14ème prince de Ligne, y emmène une trentaine de petits-enfants et arrières-petits-enfants du couple princier (princes de Ligne et d'Auersperg, archiducs d'Autriche, comtes de Nicolaï, marquis de Villalobar, etc.). Ils sont reçus par le président israélien Reuven Rivlin, en présence de six des anciens réfugiés juifs de Beloeil. Et ils plantent un olivier dans la forêt des Justes.

Pour plus d'infos sur le sujet, Hélène Rustin a consacré son mémoire de fin d'études d'histoire aux enfants juifs cachés à Beloeil durant la deuxième guerre mondiale.

jeudi 13 décembre 2018

Sauvons DaarDaar

Je vous ai déjà parlé de DaarDaar (www.daardaar.be), donc je ne peux qu'approuver l'éditorial de Nathanaël Jacqmin hier dans les quotidiens du groupe L'Avenir, qui a fêté son 100ème anniversaire en présence du Roi.

Editorial du 12 décembre 2018 des journaux du groupe L'Avenir :

"Comment la crise du gouvernement Michel est-elle perçue en Flandre? A quel jeu joue la NVA? Que pensent les Flamands du nouveau casting Michel 2? Vote de confiance ou pas? Ce qu'en disent les éditorialistes flamands...  Pour permettre à un public non néerlandophone de prendre le pouls de 6,3 millions de Belges qui vivent de l'autre côté de la frontière linguistique, l'idéal serait de se plonger chaque jour dans l'univers médiatique flamand. Ce que personne ne fait. Ou si peu. Un vide comblé par DaarDaar, une plate-forme qui publie chaque jour les traductions des articles et éditoriaux de journaux nationaux et régionaux les plus percutants du nord du pays.

Depuis plus de trois ans, DaarDaar jette ainsi des ponts entre les deux communautés. Un travail professionnel réalisé par des passionnés de l'information pour fournir un travail digne d'un vrai service public, en proposant gratuitement des traductions irréprochables sur un site de qualité et facile d'accès. Il permet ainsi à un public de plus en plus nombreux de ne pas se limiter à une vue partielle de l'information.

Aujourd'hui, DaarDaar est menacé de disparition. Les subventions publiques (Région Wallonne, Fondation Roi Baudouin, etc.) et les fonds de généreux donateurs (à travers un crowfunding) ne suffisent plus à garder le cap. DaarDaar, qui a toute sa place dans notre univers médiatique pour permettre à nos deux communautés de mieux se comprendre, est, comme tous les médias, confrontés à une monétisation d'une information qu'il veut continuer à offrir gratuitement. Dans l'attente d'une intervention providentielle, sa situation financière est aujourd'hui critique. Le site a déjà dû revoir la voilure et réfléchit à son organisation, sa stratégie et son modèle économique. Soutenu par une vingtaine de personnalités belges, il lance aussi un appel aux dons, que nous relayons ici.

Car à un moment où, plus que jamais, nous avons l'impression que les enjeux politiques nous dépassent et que les deux grandes communautés du pays vivent dans un monde différent, toute initiative permettant de mieux comprendre les réalités de chacun doit être considérée comme un engagement et un soutien au pluralisme et à la démocratie".

lundi 10 décembre 2018

Les 80 ans de l'acteur Jean-Claude Drouot

                                 Jean-Claude Drouot

L'acteur belge Jean-Claude Drouot a répondu, il y a quelques jours, aux questions des quotidiens du groupe Sud Presse :

"Comment vous sentez-vous à 80 ans?
- La santé, ça va. C'est un étrange moment, ce seuil. Un maître comme Louis Jouvet que je n'ai pas connu est parti à 63 ans!  Aujourd'hui, dans les journaux, je regarde l'âge des gens célèbres qui disparaissent...et je suis en première ligne!  Mais l'énergie théâtrale est restée intacte. Je reçois de plus en plus de compliments de mes camarades sur ma pêche et ma grande faculté de concentration. Un de mes professeurs disait :  "Le théâtre, c'est la santé".  Là, je ne suis pas éteint. Ma femme est morte il y a un an. Mon tombeau est là. Je suis prêt dans ma tête, mais j'ai encore des choses à faire et je peux encore progresser dans mon métier.

- Que diriez-vous aujourd'hui au gamin qui jouait Thierry La Fronde?
- Qu'il a eu raison d'abandonner le rôle après les 52 épisodes tournés. Si je ne l'avais pas fait, vous ne me demanderiez pas de mes nouvelles. A l'époque, personne n'a compris que j'arrête en pleine gloire. Mais j'ai perçu le danger de rester enfermé. J'ai du reste agi ainsi aussi en ne demandant pas la reconduction de mon poste de directeur du Théâtre National de Belgique ou en quittant la Comédie Française après deux ans. C'étaient pour les mêmes raisons : un besoin d'indépendance... Mais aujourd'hui, je sais que ma nécrologie est prête et qu'elle sera : "Notre Thierry La Fronde est parti!".

- Pourquoi dites-vous que si vous ne l'aviez pas laissé, on ne vous demanderait pas de vos nouvelles?
- Les gamins qui regardaient le feuilleton sont aujourd'hui au bord de la retraite. Mais quand ils m'en parlent, le personnage est resté, à leurs yeux, tout à fait intact. Il est resté protégé, c'est lui tel qu'ils l'ont découvert il y a 55 ans. Ca me réjouit et je ne crois pas que ce serait le cas si j'avais continué le feuilleton comme tout le monde le voulait. J'ai dit :  "Merci, mais maintenant, je vais apprendre mon métier". Ce n'était pas une galéjade. Thierry n'était pas un rôle de composition, c'était le jeune homme que j'étais, plein de fougue et d'enthousiasme!  Je ne voulais pas être une star. Je voulais être estimé et être un acteur de théâtre. Je n'étais pas dans la jet-set de Saint-Tropez!

- Vous étiez l'égal en notoriété des Beatles ou de Johnny Halliday. Vous les côtoyiez?
- Les Beatles, non, mais il y a eu une couverture de "Paris Match" avec une photo de Johnny et moi. Un jour, un fan m'a apporté une trentaine de revues ou de magazines dont je faisais la une. Tout ça a été énorme, mais ça l'était trop!

- Avez-vous gardé des gadgets de l'époque où vous étiez partout (il y avait des BD, des porte-clés,...)?
- Et il y avait même des pots de moutarde à mon effigie!  Une déclinaison commerciale sans fin. A l'époque, on ne parlait pas de merchandising et le droit à l'image n'était qu'un concept en devenir. C'était très flou. Des amis avaient tenté de me persuader d'intenter une action pour obtenir des droits. J'ai jugé que j'avais mieux à faire. Aujourd'hui, il me reste l'épée avec laquelle j'ai fait tous les duels de Thierry. Y ai-je vu un signe? Lors du dernier épisode, elle s'était brisée... Elle a été ressoudée et elle est encore chez moi dans le Lot. 

- La télé, vous en avez beaucoup refait avec "Les gens de Mogador", "Gaston Phébus", "Les maîtres de l'orge", et même encore aujourd'hui, on vous voit dans "Capitaine Marleau" !
- C'est un clin d'œil. Josée Dayan, avec qui j'ai fait "La rivière Espérance" et "Les rois maudits" (deux grandes réussites), me l'a demandé. Mais il n'était pas prévu que je fasse ce légiste plusieurs fois! Je l'ai traité de façon improbable, je me suis régalé. Et ce flirt entre lui et Marleau a tellement amusé les spectacteurs que Josée m'a fait revenir...  Corinne Masiero est formidable et il y a un côté baroque, libre et pittoresque qui me plaît beaucoup là-dedans. On m'a dit qu'on ne m'avait jamais vu comme ça, que j'étais drôle. Oui, j'ai aussi un côté taquin.

- C'est votre côté belge qui ressurgit?
- Belge de France!  Mais, oui, je suis resté très belge. Je suis de Deux-Acren près de Lessines. Je parle toujours le flamand domestique que j'entendais à la maison, ça ne s'oublie pas! La moitié de ma famille est flamande. De l'autre côté, les Drouot ont quitté la Lorraine pour s'implanter en Belgique vers 1820...  Je garde aussi le souvenir de l'audience avec le roi Baudouin qui, en 1985, avait souhaité faire connaissance avec le nouveau directeur du Théâtre National de Belgique. Au bout de cinq minutes, la conversation est devenue tout ce qu'il y a de plus naturel.

- Le théâtre vous a donné les plus grands rôles :   Cyrano, Alceste, le roi Lear, Jaurès, Zola ou Orson Wells. Si vous deviez en choisir un seul?
- C'est vrai que j'ai eu tous les grands rôles auxquels peut aspirer un acteur. Pour moi, Jaurès a été le plus important. Mais tant que j'aurai l'énergie, je serai sur les planches". 

jeudi 6 décembre 2018

Décès du baron Albert Frère

                               

C'était l'homme le plus riche de notre pays :  le baron Albert Frère est décédé chez lui à Gerpinnes (province de Hainaut) à l'âge de 92 ans. Né en 1926 à Fontaine-l'Evêque, il doit abandonner ses études d'ingénieur suite au décès de son père, afin de reprendre la direction de la petite entreprise familiale Frère-Bourgeois qui vendait des clous et des chaînes. Très vite, il veut la développer et rachète les laminoirs du Ruau à Monceau-sur-Sambre où il se fournissait. C'est le début de son entrée dans le monde de la sidérurgie et de sa fulgurante carrière économique. Administrateur-délégué de Cockerill-Sambre, Albert Frère anticipe le déclin de la sidérurgie en revend ses parts à l'Etat belge. Il dispose alors d'énormes liquidités qu'il va réinvestir très judicieusement dans la finance. Dans les années 80, il investit dans le Groupe Bruxelles-Lambert qui prend des participations dans Tractebel, Petrofina ou M6. Chaque fois, il revend ses parts au bon moment ou les échange contre l'entrée dans des groupes plus florissants,  ce qui lui vaudra de nombreuses critiques.

En 1994, Albert Frère est titré baron par le roi Albert II. Malgré sa fortune, il reste attaché à sa province natale du Hainaut. Il est toujours resté domicilié à Gerpinnes, où il a aussi établi le siège et les bureaux de sa société. Profondément marqué par le décès de son fils Charles-Albert Frère (19 ans) dans un accident de voiture en 1999, il crée une Fondation Charles-Albert Frère afin de concrétiser les projets sociaux de son fils en faveur des handicapés physiques ou mentaux, et des personnes défavorisées. C'est ainsi qu'un centre de jour est créé à Marcinelle et accueille 35 enfants de 2 à 6 ans, ou que des programmes d'hippothérapie pour handicapés sont financés.

Cet homme discret était connu pour deux passions :  la chasse et le vin. Il possédait de vastes forêts dans les provinces du Hainaut (du côté de Gerpinnes et Loverval) et de Namur (à Couvin et Viroinval). Amateur de Bordeaux, il avait acquis avec Bernard Arnault plusieurs prestigieux vignobles bordelais, dont le Château Cheval Blanc.

En 2015, à l'âge de 89 ans, Albert Frère avait pris sa retraite et organisé sa succession. Le groupe familial est désormais géré par son fils aîné Gérald Frère, son beau-fils Ian Galienne et son petit-fils Cédric Frère. L'avenir nous dira s'ils ont hérité du bon flair du patriarche....

lundi 3 décembre 2018

Exposition sur les Arenberg à Louvain

                          

Le M Museum de Louvain (province de Brabant flamand) propose en ce moment une exposition sur les anciennes collections des princes d'Arenberg, que la reine Mathilde a visitée dernièrement en compagnie du prince Léopold d'Arenberg, 13ème duc du même nom. S'il vit à Lausanne avec son épouse la comtesse Isabel zu Stolberg-Stolberg et leurs enfants,  il a choisi d'organiser cette exposition à Louvain, car ses ancêtres ont vécu dans le château voisin d'Heverlee, hérité des ducs de Croÿ.

Le duc Léopold d'Arenberg a répondu aux questions du magazine français "Point de Vue" :

"Pourquoi cette exposition?
- Pour mettre notre mémoire, ces objets que les ducs d'Arenberg collectionnent depuis cinq siècles (tableaux, documents d'archive, tapisseries, œuvres religieuses) au service de la culture et des pays d'Europe. Permettre au public de découvrir cette recherche de la beauté, de l'humanisme. Nous autres, Européens, devons réapprendre à parler de nous, de notre culture exceptionnelle. Notre riche passé doit nous aider à préparer l'avenir, et c'est ce que nous nous employons à faire depuis quarante ans au sein de notre fondation.

- Et pourquoi maintenant?
- La réalisation d'un projet de ce type demande des années. Et nous sommes enfin prêts. Une grande partie des collections a été dispersée, mais le travail de recherche s'est révélé passionnant. Certaines œuvres viennent du Metropolitan de New York, d'autres de la collection des princes de Liechtenstein, du British Museum, des Beaux-Arts de Bruxelles. Jusqu'à la première guerre mondiale, la collection était accessible au public au palais d'Arenberg à Bruxelles. Nous nous sommes efforcés de recréer cette atmosphère.

- Qui a créé la fondation?
- Je suis le modeste successeur de mon père qui a initié ces démarches culturelles en 1970. Nous avons repris le flambeau avec mes frères, le prince Henri et le prince Etienne. Nos vieilles familles ont une véritable mission à remplir :   rapprocher les gens de leur histoire, de leur culture, pour apprendre à réfléchir à nouveau par nous-mêmes et de manière indépendante, sereine, impertinente. Comme nous avons vécu un peu partout, nous pouvons rassembler les communautés en Allemagne, en France, en Hollande, au Luxembourg, en Autriche, qui sont intéressées, au nom d'un passé commun, à faire l'Europe d'en bas, celle des gens, appelée de ses vœux par la classe politique, mais pas toujours facile à réaliser. Pour cela, il faut s'engager. Je l'ai toujours été, je suis un entrepreneur culturel, un activiste social, un agitateur d'idées.

- Comment la Maison d'Arenberg s'inscrit-elle dans l'histoire européenne?
- Dans nos régions, les ducs d'Arenberg et les ducs de Croÿ partagent cette histoire de "familles de frontière". Un espace qui s'étendait entre le royaume de France et le Saint-Empire romain germanique. Nous avons été bourguignons, espagnols, autrichiens, français, hollandais et maintenant belges. Les Arenberg régnaient sur leur petit duché, au sud de Cologne, jusqu'à ce que la France occupe la rive gauche du Rhin en 1794. Nous avons reçu un nouveau duché souverain, plus grand que l'actuel Luxembourg, mais nous l'avons perdu au Congrès de Vienne en 1815. Ce sont les aléas de cette situation géographique. Du mauvais côté, vous passez à la caisse, victimes de séquestres ou de pertes de souveraineté. En 1298, nous avions déjà des ennuis avec le prince-évêque de Cologne, puis avec les protestants hollandais en 1572 pendant la guerre de Quatre-Vingt Ans, et la Révolution française dès 1794. Enfin les Prussiens et les Hanovriens en 1815...sans parler de ce qui nous est arrivé pendant le premier conflit mondial. Et pourtant, nous sommes toujours là, peut-être doués de neuf vies, comme les chats.

- La vocation européenne de la famille d'Arenberg vient-elle de là?
- A cheval entre plusieurs langues et cultures, il faut apprendre à ménager les autres et cela nous enseigne la modestie. Je ne peux pas concevoir notre avenir sans une Europe fédérale. Cela ne veut pas dire qu'il faille tout centraliser, au contraire. Les cultures régionales et nationales doivent être scrupuleusement respectées. La France et le Portugal ont mille ans d'histoire. Ce passé est impossible à gommer, et ce n'est pas souhaitable. Vive la différence! En revanche, et c'est une conviction, nous devons créer l'Europe de la défense, de la politique étrangère, de la monnaie. Dans ce monde multipolaire dont les gros joueurs sont les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l'Inde et le Brésil,  notre message, si nous ne nous unissons pas, n'intéressera bientôt plus personne.

- Rêver d'un Etat fédéral, n'est-ce pas une utopie à l'heure du réveil des nationalismes?
- Ce que nous avons accompli est déjà remarquable. Aucun autre continent n'y est parvenu. Bien sur, c'est compliqué d'avoir 27 ou 28 élèves dans une même classe. Mais en dépit de toutes les critiques que l'on peut formuler, c'est positif. Je suis optimiste de nature et je pense que nous allons corriger le tir en écoutant davantage à l'avenir les justes revendications de gens qui ne se retrouvent plus dans de trop lointaines constructions administratives. Nous devons nous réengager dans le processus européen, c'est à cela que travaille notre fondation. 

- C'est une Europe géographique ou culturelle? Jusqu'où s'étend-elle?
- Elle ne s'arrête pas au milieu de l'Oural, mais va bien de Lisbonne à Vladivostok. La première tentative de paix à l'échelle européenne est venue du tsar Alexandre Ier de Russie. Tsar vient de César, les Russes se veulent héritiers de l'Empire byzantin, lui-même héritier de l'Empire romain. L'Europe est une communauté de destins basée sur une volonté de faire les choses ensemble. Et imprégnée de christianisme. Comment gommer deux mille ans d'histoire?

- Avez-vous transmis la flamme à vos enfants?
- J'essaie de ne pas trop imposer mon point de vue. Nous avons une fille et deux fils. Natasha, l'aînée, étudie le management hôtelier à Londres, Philippe-Léopold est en biologie à Bristol, et le cadet Alexandre toujours en internat. Les jeunes doivent faire leurs propres armes, vivre leurs expériences. J'aimerais qu'un jour ou l'autre, ils s'intéressent à ce combat pour la culture dans un esprit européen. Mais surtout, sans les forcer. Si ce n'est pas eux, d'autres viendront. L'essentiel est de trouver et d'aider ceux qui feront bouger les choses".