lundi 30 mars 2020

La Fête des Chats à Ypres

IAfficher l’image sourcel y a dix ans, je vous avais raconté ma seule visite à la ville d'Ypres (province de Flandre Occidentale) :   http://journalpetitbelge.blogspot.com/2010/02/ma-visite-dypres-flandre-occidentale.html

En lisant "Dictionnaire amoureux de la Belgique", son auteur Jean-Baptiste Baronian m'a fait découvrir la Fête des Chats qui a lieu, tous les trois ans, à Ypres durant le mois de mai :

"Des situations au sein desquelles les chats sont l'objet de maltraitance, de cruauté et de sauvagerie, on en connaît de nombreuses tout au long des siècles, et plus particulièrement au Moyen Age, où ils passaient bel et bien pour des émissaires du diable. La Fête des Chats (Kattestoet en flamand) à Ypres, à la lisière du département du Nord, en constitue la survivance. On croit savoir qu'elle apparaît pour la première fois en l'an de grâce 962, par une ordonnance du comte Baudouin III de Flandre (à qui l'on doit la fortification de Bergues). Ce dimanche-là, dans toute la cité drapière, on procédait à des jets de chats vivants, et on allait même jusqu'à les jeter du haut du beffroi, c'est-à-dire de près de 70m de hauteur. Et cette pratique ne devait cesser qu'en 1818.

Avant d'être restaurée en 1938. Sauf que, depuis cette date, les habitants de Ypres se contentent de lancer des chats en peluche. Mais ils font beaucoup plus :  ils organisent des cortèges où tout le monde est déguisé en chat, où l'on voit des chats de toutes les dimensions possibles et imaginables, des chats géants et des chats nains, des chats en bois, en plâtre, en papier mâché, en tissu gonflable, des chats de toutes les couleurs, des chats méchants et des chats gentils, des chats presque domestiqués et des chats complètement sauvages, des chats hommes et des femmes chattes, une orgie féline en somme, à laquelle participe une foule immense, bigarrée et cosmopolite, quel que soit le temps qu'il fait".

jeudi 26 mars 2020

Christophe Deborsu et la Belgique

Depuis son appartement du centre-ville de Namur,  le journaliste bilingue Christophe Deborsu s'est exprimé sur la situation actuelle aux quotidiens du groupe Sud Presse :

"Je n'ai jamais voulu être journaliste international, même si c'est très important d'aller voir le monde. Mais ma priorité, c'était mon pays parce que c'est ça que je connais. C'est clair qu'en ayant une épouse flamande, c'est elle et tous ses amis que tu rencontres et c'est tout un nouveau monde, c'est Anvers aussi. Je connais ces gens-là de l'intérieur en étant avec ma femme, pas comme Wallon mais comme son mari. Ils ne me parlent pas comme si j'étais Wallon, ils ne prennent pas de gants...alors c'est parfois dur!  Ca te donne un autre statut qui peut-être permet de mieux comprendre l'âme flamande. C'était déjà un peu le cas quand j'étais à l'université, que je kottais avec des Flamands.

Au début de la crise du coronavirus, quand il y a eu cette longue réunion de crise, les gens disaient que c'était la faillite de la Belgique parce qu'ils n'arrivaient pas à se mettre d'accord. Et pas du tout!  J'ai écrit un article dans "Het Belang van Limburg" pour dire que la Belgique, ça fonctionne! C'est vrai que chez nous, on a des points de vue un peu différents mais je constate que ce pays, sur ce coup-là a extrêmement bien fonctionné. Et je ne suis pas un vieux Belgicain en train de dire que la Belgique est là pour toujours, pas du tout, je suis suffisamment en Flandre pour dire que ce pays reste extrêmement fragile.

Un virologue néerlandais a dit que la Belgique est un exemple. Pour moi, ça a quelque part renforcé le pays. Mais il faut savoir que les Flamands ont quand même du ressentiment par rapport à Paul Magnette (et la formation du gouvernement fédéral) et ça, ça m'inquiète. Il ne faut pas croire que cette crise sanitaire va relancer le pays et lui donner cinq ans de plus! Pour l'instant, ça marche, mais les gens vont très vite l'oublier".

lundi 16 mars 2020

La tour Zimmer à Lierre

Afficher l’image sourceVoici l'explication donnée par Jean-Baptiste Baronian dans son livre "Dictionnaire amoureux de la Belgique" (dont je vous ai déjà parlé) :

"Initié à l'horlogerie dès son plus jeune âge dans l'atelier de son père, à Lierre, sa ville natale, au sud-est d'Anvers, Louis Zimmer (1888-1970) s'est passionné pour l'astronomie et l'a étudiée tout seul, sans passer par une quelconque école supérieure, sans jamais fréquenter les milieux scientifiques. Et c'est tout seul qu'il a conçu et élaboré trois incomparables merveilles :  l'Horloge du centenaire,  l'Horloge astronomique et le Sudio astronomique.

Egalement appelée la tour Zimmer,  l'Horloge du centenaire a été montée en 1930, à l'occasion du centenaire de la Belgique, sur une ancienne tour faisant partie des remparts de Lierre et datant du 13ème siècle. Elle possède treize cadrans qui indiquent chacun une mesure différente du temps :   l'heure légale belge, les dates, les semaines, les mois, les saisons, les marées, les signes du zodiaque, les phases de la lune, l'âge de la lune, le cycle lunaire, l'équation du temps, le globe terrestre et le cycle solaire qui compte 28 années (ce qui signifie que l'aiguille de cet écran met 28 années pour en accomplir le tour complet).

Au premier étage de la tour, Louis Zimmer a installé, en 1932, son Studio astronomique composé de neuf tableaux synoptiques comptant 57 cadrans, afin de permettre au profane de se familiariser avec les phénomènes célestes et le système solaire. C'est un décor d'un autre âge : l'âge des premiers films de science-fiction et des premières bandes dessinées futuristes. Mais tout y est d'une remarquable précision, les fuseaux horaires, les calendriers périodiques, les rotations des planètes, les constellations, la Voie lactée, les éclipses…  Et le plus inouï, c'est que l'Horloge du centenaire et le Studio astronomique forment un ensemble mécanique dont le rouage est commandé et actionné par la même horloge mère! 

A côté de la tour, un pavillon abrite l'Horloge astronomique que Louis Zimmer a créée pour l'Exposition Universelle de Bruxelles de 1935 et qui a été ensuite présentée au Museum of Science and Industry de New York".

lundi 9 mars 2020

Chronique sur le temps...

Voici une chronique de Charles Delhez sur le temps dans la revue "Dimanche" de l'Eglise Catholique de Belgique (www.cathobel.be), et qui mérite réflexion (qu'on soit catholique ou non) :

Anne passe de longues heures couchées. Elle attend que celui qui grandit en elle soit prêt à quitter le sein maternel pour accueillir le regard émerveillé de sa maman. Des heures à sentir le temps qui coule, à regarder le bleu du ciel qui nous enveloppe et les multiples nuances du vert des arbres et des plantes, à écouter le chant symphonique des oiseaux. Temps non pas perdu, mais d'attente et de contemplation. Quand Anne fera le bilan de ces semaines à l'horizontale, elle y verra moins de réunions, moins de petits plats mijotés pour les siens (ses amis s'en sont chargées), mais la tête toute ronde d'un bébé longuement et amoureusement attendu :   "Moi, disait le Petit Prince,  si j'avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine…".

Hélàs, nous souffrons tous ou presque de chronophagite aigüe et vivons dans un court-termisme effréné, obsédés par nos fantasmes de perfection. Toujours plus et toujours plus vite!  L'état d'urgence est permanent. Il nous faudrait  4,3 planètes pour notre consommation et des dizaines de pages en plus dans notre agenda. Nous voulons aller tellement plus vite que notre voyage entre passé et futur n'a plus le temps de s'arrêter au présent. La distinction entre vie privée et vie professionnelle, brouillée par le numérique, devient de plus en plus poreuse et notre action souffre de cécité, puisqu'il n'y a plus de place pour la contemplation.

Nous croquons la pomme de la toute-puissance en remplissant un maximum notre to-do-list. A force de courir pour tout faire, on ne fait plus rien à fond. Adam et Eve n'ont pas pu accepter les limites mises par Dieu, nous peinons à reconnaître celles de notre agenda. Du coup, nous manquons toujours de ce temps que l'on mesure actuellement au millième de seconde. Ah! Si nous devenions immortels pour pouvoir tout faire et ne renoncer à rien.  "C'est à tort que les hommes se plaignent de la fuite du temps, en l'accusant d'être trop rapide, sans savoir qu'il s'écoule à la bonne vitesse" , disait déjà Léonard de Vinci.

Ce "pêché" abîme nos relations humaines. On tutoie de plus en plus vite, avant même d'avoir pris le temps de nous apprivoiser, pour parler comme le renard. Nous sommes hyperconnectés, envoyant rapidement des messages de plus en plus brefs. Nous multiplions les relations par peur du vide (combien d'amis sur Facebook?), tout comme notre hyperconsommation remplit le caddy. Quand j'étais jeune, entre une bamba, la valse et quelques rocks, on s'offrait un petit slow, histoire de se parler un peu. Aurait-on oublié la leçon du lièvre et de la tortue? Le petit Louis, 4 ans, lui, avait déjà bien compris :  "Dis maman, c'est quand qu'on aura une après-midi à ne rien faire?".

Nous sommes toujours "le nez sur le guidon", sans prise de distance pour nous rappeler le sens et les priorités. Le livre qui a inspiré cette chronique, "Ralentissez", propose cinq minutes de lâcher-prise au milieu de nos horaires de travail pour nous vider la tête et laisser divaguer notre esprit. Saint Ignace de Loloya invitait les jésuites à s'arrêter un quart d'heure au milieu de la journée pour relire, sous le regard de Dieu, les heures écoulées et envisager celles qui s'annoncent.

La seule urgence devrait être de ralentir! Les moines, par exemple, ont un tout autre rapport au temps :  "L'art de vivre monastique, c'est l'art de la respiration du temps", expliquent-ils. Au monastère, la cloche rythme les journées et relativise toute fausse priorité. Nous avons, quant à nous, perdu un certain rythme qui permet notamment de nous retrouver tous à table en famille et déconnectés de nos réseaux!  Ne serait-il pas plus heureux, sans pour autant négliger notre travail, de retrouver le tempo des vacances durant toute l'année?  La pénurie du temps nous interroge sur notre essentiel.

Charles Delhez

lundi 2 mars 2020

Raoul Hedebouw (PTB) et la Belgique

Je vous avais parlé des déclarations du jeune président du MR Georges-Louis Bouchez en faveur d'une Belgique plus unitaire :   http://journalpetitbelge.blogspot.com/2020/01/un-retour-de-letat-belge-unitaire.html

Même constat à gauche pour Raoul Hedebouw, député du PTB qui est le seul parti national et bilingue à la Chambre. Il a déclaré en février aux quotidiens du groupe Sud Presse :

"Le gros problème en Belgique, on s'est planté avec les réformes de l'Etat :  on a créé le bordel en coupant les compétences en deux et puis, on a dû inventer des réunions de coopération!  Je ne comprends pas que la gauche ait pu voter ça. Les députés devraient être élus par tous les Belges. Moi, j'ai des comptes à rendre à ma base en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. Je suis un vrai député du peuple belge. Je veux une Belgique de la solidarité, de la sécurité sociale. J'en veux beaucoup aux partis traditionnels de s'être divisés entre néerlandophones et francophones. Nos problèmes viennent de là :  la division des partis a créé la division du pays, pas le contraire!  C'est à ce moment-là qu'il y a eu une erreur du système. 

Quand je prends un malin plaisir à interpeller les ministres francophones en néerlandais, et inversement, ce n'est pas pour m'amuser :  cela incarne cette identité nationale. Je reçois beaucoup de témoignages positifs à ce sujet. Les gens (surtout les jeunes qui manifestent) voient que l'on a quatre ministres de la Mobilité et du Climat,  et pas de politique de la mobilité, ni du climat!  Que l'on a neuf ministres de la santé….du n'importe quoi!  Là, je sens un réveil chez les citoyens. Le point faible des nationalistes est que 80% des Flamands ne veulent pas la scission du pays. La NVA doit cacher son agenda en parlant de confédéralisme, une notion que les gens ne comprennent pas. C'est sur ce point faible qu'il faut taper".

Qu'on partage les idées de droite de Georges-Louis Bouchez ou de gauche de Raoul Hedebouw, leurs constats se rejoignent. Oui, il faut refédéraliser certaines compétences (avec en priorité l'environnement et la mobilité afin d'avoir un seul ministre responsable pour tout le pays). Oui, avoir une circonscription nationale à la Chambre (où un Flamand pourrait voter pour un Wallon, et inversement) serait une bonne chose. Et petite suggestion à Georges-Louis Bouchez :  même si je suis d'accord avec ses propos, apprendre le néerlandais les renforcerait et lui permettrait d'expliquer son point de vue dans les débats télévisés au nord du pays.