"Ce n'est pas tous les jours qu'il en a l'occasion, alors il ne s'en prive pas : le premier ministre Charles Michel s'est emparé du rapport annuel de la Banque Nationale pour souligner les résultats de son action et les bienfaits de son gouvernement. Et sur les 280 pages du document, un chiffre fait rougir le premier ministre de plaisir : ce sont les 59.000 emplois créés en 2016, contre les 42.000 l'année précédente...et les pertes de 2013. Croissance de l'emploi, donc augmentation du pouvoir d'achat, donc meilleure protection sociale. Tout cela grâce à la réduction des charges patronales et l'effacement du handicap salarial qui pénalisaient précédemment notre économie. C.Q.F.D : la politique libérale du gouvernement belge était la bonne, se délecte Charles Michel.
La démonstration vaut pour les moyennes nationales et pour les statistiques. Parce que, au cas par cas, tout le monde n'y trouve pas son bonheur, comme l'ont fait remarquer les présidents de la CSC et de la FGTB qui sont pourtant membres du conseil de régence de la Banque Nationale. Et la réforme du travail? Et la sauvegarde des droits sociaux? Et la fiscalité plus juste? Les syndicats ne nient pas l'embellie pour les créations d'emplois et la compétitivité des entreprises mais ils voient surtout les avantages accordés au patronat et au monde de la finance.
La vérité se trouve des deux côtés à la fois. S'il est vrai que l'économie belge a comblé une partie de son retard et semble bien orientée sur la voie de la croissance (le Bureau du Plan le confirme aussi), il n'en reste pas moins vrai qu'une part importante de la population souffre d'une baisse de revenus et d'une couverture sociale de plus en plus défaillante. Du reste, la Banque Nationale modère aussi son enthousiasme. Ainsi, l'inflation est repartie à la hausse et le coût des services grimpe de façon inquiétante. Par ailleurs, si le taux d'emploi a augmenté, le marché du travail reste très pénalisant pour les plus âgés et les moins formés. Et si l'on n'y prend pas garde, la dette publique progresse également, s'inquiète la Banque Nationale. Ce qui reste toujours un héritage préoccupant pour les générations futures. Autrement dit, les premiers fruits sont là. Mais jusqu'à présent, il vaut mieux être fort, riche et bien portant pour en profiter pleinement".
Croisons les doigts pour que cette légère amélioration de la situation économique de notre pays continue...