jeudi 24 février 2011

Réactions citoyennes pro-belges

1° Le journaliste Charles Bricman a écrit, le 14 février, sur son blog http://blog.charlesbricman.be : "Tu m'as vu naître un jour de l'hiver 53. Je te vois dépérir et t'abandonner, résignée, ou syndrôme du glissement qui saisit certains vieillards quand ils ont perdu le goût de vivre. On dira que c'est l'ordre des choses. Mais j'ai comme un doute. Est-ce bien toi, Belgique, que je regarde s'en aller entre les doigts maculés de quelques plombiers braques? Ou n'est-ce que le costume dont ils t'ont affublée pour te faire ressembler à tes pairs supposés? France, qui vient du fond des âges et que les siècles appellent s'il faut en croire certain képi solennel. Angleterre hautaine imposant au monde sa rule de fer et de plomb. Allemagne hystérique. Espagne catholique. Autriche impériale. Et tous les autres. Tu fus leur jouet. Tu étais leur enjeu. Tu passas de l'un à l'autre et revins au précédent, au gré des armes et des alliances, jusqu'à ce jour où te vint l'idée peut-être funeste d'entrer à ton tour dans la cour des Grands pour y jouer une partition qui n'était pas la tienne et chanter ton invincible unité, aussitôt démentie par ton irréductible diversité. Il fallut définir ce qui n'était pas définissable. Qualifier l'inqualifiable. Entreprise absurde et sans espoir, irrémédiablement vouée à l'échec. Les Belges ne font pas une nation et n'en feront jamais une. Talleyrand l'avait bien vu. Ils font leur unité par la constatation de leurs différences. Ce n'est pas rien. Et c'est justement ce qui fait ton prix, humaine Belgique. C'est pour çà que je t'aime. Reste encore un peu avec nous. Mais surtout reste ce que tu es. Je suis belge. Notamment. Et je le reste, persiste et signe".

2° L'artiste flamand Luc Tuymans a profité de l'ouverture en février de sa rétrospective au palais des Beaux-Arts de Bruxelles pour évoquer la situation politique : "Je suis complètement opposé au nationalisme. Je ne comprends pas l'ignorance et la stupidité de ceux qui suivent Bart De Wever. Il y a quelques années, c'est le CVP qui par opportunisme électoral a fait le lit du Vlaams Blok. Cette fois, c'est le CD&V qui par même opportunisme électoral a favorisé Bart De Wever. Ce vote nationaliste a à voir avec une certaine histoire flamande, un complexe de minorité, les traumatismes de la seconde guerre mondiale. Mais hélàs, ceux qui nous gouvernent sont devenus a-culturels. Le monde culturel réagit en général comme moi mais est devenu minoritaire. Pas seulement en Belgique. Aux Pays-Bas, on parle maintenant de haine de l'art, rejetant l'art comme élitiste et de gauche".

8 commentaires:

Tamara a dit…

Ton blog déborde toujours d'informations intéressantes... Une source vraiment inépuisable ! Je te souhaite une très agréable soirée :)

Cristina a dit…

Merci à toi,pour toutes ces infos.
Très bonne soirée.

Youri a dit…

Carte blanche de Pierre-René Mélon, responsable de Liège du RWF et écrivain
(numéro spécial du Vif du 18 février 2011)

La “révolution de la frite” ne fut pas une révolution. Juste une guindaille (belgicisme) d’étudiants rigolards.
Dans ce pays sans culture du débat, sans épaisseur historique, sans vision d’avenir, toute tentative de bouleversement de l’État – c’est-à-dire toute révolution digne de ce nom – ne peut qu’être vouée à la triple malédiction de l’auto-dérision, de l’enfermement festif et du déni de réalité.
Pour réussir une révolution, il faut d’abord être révolutionnaire, en un mot vouloir renverser le régime en place et en instaurer un autre. Or, que veulent nos révolutionnaires de pacotille ? Conserver l’État, préserver la monarchie et toucher le moins possible aux institutions, quitte à revenir au bon vieux temps de la “circonscription fédérale”.
Posons donc le diagnostic : toute révolution est impossible en Belgique pour la simple raison qu’il y manque l’essentiel : les mots pour la dire.

Et pourquoi donc le Belge est-il incapable de prononcer les mots libérateurs? Pourquoi nos révolutionnaires de cabaret semblent-ils voués aux actes symboliques et aux festoiements dérisoires ? Et pourquoi, toujours, cette référence incantatoire à un surréalisme en toc ?

Parce que le Belge versant sud vit sous un impératif catégorique qui lui interdit d’affronter son prochain sous peine de mort politique. Son prochain? Cet étrange Flamand qui veut le quitter dans l’amertume et le reproche. La culture ancestrale de l’évitement du conflit a développé chez le Belge francophone un réflexe d’omerta qui ne cède aujourd’hui que pied à pied sous la formidable pression de la radicalité flamande. La parole qui dit simplement les choses ne s’échappe que par les fissures de la peur.

Le Belge étiqueté “magrittien” ne transfigure pas le réel : il le nie, il le fuit, il le vilipende. Pourquoi ? Parce qu’il sait inconsciemment que toute prise directe sur les choses qui fâchent, toute liberté de parole salvatrice envers les Flamands leur sera payée en retour par une poussée de revendications nouvelles (nos compatriotes du nord n’ont pas les mêmes délicatesses pour exprimer leurs volontés).

Nos bons Belges sont dépassés parce qu’ils ont été éduqués dans le respect dogmatique et concélébré des “différences qui nous enrichissent” (on cherche encore comment) et des vertus insurpassables du “modèle belge de cohabitation pacifique” (sic). Parce qu’ils ont été élevés dans les éprouvettes du “laboratoire de l’Europe” dans lesquelles le monde entier nous regarde expérimenter les délices du “vivrensemble” (copyright RTL).

Bref, puisque toute revendication libératrice pourrait accroître son sentiment de culpabilité et déchaîner les forces adverses, puisque toute parole vraie risquerait d’anticiper la fin du pays (qu’on se représente comme une espèce de fin du monde), puisqu’il faut décidément éviter de “mettre de l’huile sur le feu”, le Belge torturé met de l’huile dans… la friteuse ; au lieu de sang frais, il se tache de ketchup.

Suivant cette logique du non-dit, on peut prédire que tout bouleversement politique futur sera au préalable enrobé de mayonnaise. Le changement de régime sera paisiblement mastiqué, dégluti et digéré avant que les citoyens aient pu mettre un mot sur la chose qu’ils étaient en train d’avaler. L’exact contraire de la supposée transparence démocratique.

La Belgique avance donc vers son destin final à contre-coeur, à reculons, par petits pas, en se tordant le cou pour regarder par-dessus son épaule.
Elle tombera sans doute sur une épluchure de Loi ou un croc-en-jambe comptable.
Bêtement. Sans gloire.

Pierre-Jean a dit…

Toutes ces manifestation ne sont pas à prendre à la légère, ce sont les peuples qui agissent et qui font bouger les choses lorsque les dirigeants politiques sont incapables de prendre les choses en main dans l'intérêt de tous, en aucun cas cher Youri cela peut être considéré avec mépris.

Youri a dit…

Ah mais PIERRE-JEAN, je ne méprise pas.
Je dis que c'est du temps perdu et que ça ne sert à rien de pleurnicher en regardant dans le rétroviseur.

Florence a dit…

Mon cher Petit Belge !
J'ai regardé le nouveau blog sur Bruxelles ! pas mal, il faut voir la suite !
Ici je ne sais que dire, car tout cela n'est pas facile à commenter en trois mots. Juste un petit quelque chose sur le 2ème. "La culture de gauche". En France c'est cela ! Si tu n'es pas de gauche, tu n'es pas "culturel" ou tu n'es pas un artiste ! Je schématise à peine ! et c'est assez désolant à mon avis ! Un maire une fois parlait du pinceau collectif lors du vernissage d’une exposition internationale de peinture organisée par sa mairie… Lorsqu’il y a des postes vacants, des artistes de talent qui n’ont pas la carte du parti sont écartés au profit de ceux qui affichent leur gauchisme. Etc.
Je te souhaite une bonne fin d'après-midi ! Ici, après une matinée très ensoleillée, le ciel est tout couvert et il ne fait paschaud du tout !
Bons gros bisous de Florence

Anonyme a dit…

Chers Amis Belges soyez heureux : vos Rois ont toujours respecté vos différences raciales, culturelles et linguistiques. Pauvre France : le Pouvoir Central a toujours œuvré à détruire les cultures et langues régionales. Le Pays des Droits de l’Homme détruit lui-même le bien le plus précieux de l’Homme : sa langue et sa culture… C’est cela la France, c’est le royaume du mensonge et de l’hypocrisie.
Les Belges ont fait et feront toujours une Nation par la constatation et par l’acceptation de leurs différences.
Le problème est bien de trouver des hommes politiques capables d’assumer cette acceptation des différences.
Que vive la Belgique unie !
Pensés amicales d’un Breton !
Paul de la vie d’artiste.

Delphine a dit…

Deux très beaux témoignages que je découvre ici PB, merci de les partager avec ceux qui aiment la Belgique dans sa différence et sa diversité.