Voici en intégralité une chronique rédigée il y a quelques jours par le journaliste Christian Hubert pour le quotidien "La Dernière Heure/Les Sports" :
On a beau dire, même si nous faisons, tous, semblant de passer au-dessus de tout çà, l'importante activité sportive de l'été nous rend un peu nostalgiques. Nous n'avions plus l'habitude de vivre Roland-Garros et Wimbledon sans aucun espoir de participer à la finale. Il y a, certes, un peu plus longtemps que nous nous sommes fait une raison de vivre un événement comme l'Euro de football avec, comme seul représentant national, un trio arbitral, mais quand même! Nous ne pouvons pas assister à la retransmission des fabuleuses 24 heures du Mans où les Belges n'ont absolument plus aucun droit au chapitre, sans penser qu'il fut un temps où la plus haute marche du podium sarthois a été occupée 11 fois en 25 ans par un champion belge. Et pour couronner le tout, le coup de bambou que nous a asséné notre Sportif de l'Année, Tom Boonen, nous amène, tout droit, vers ce qui risque d'être un vide abyssal quand il s'agira de lui trouver un successeur. Ce constat, fatalement morose, surgit au moment où de plus en plus de médias étrangers, inquiets et curieux, viennent enquêter chez nous sur l'avenir de la Belgique, vu, notamment, au travers du prisme sportif. Leur constat est, grosso modo, toujours le même : le sportif de base, qu'il soit athlète ou supporter, reste globalement unitariste, mais le politique fait tout pour qu'il n'en soit plus ainsi et ils ne voient pas l'intérêt de la communautarisation du sport. Difficile à comprendre pour les gens sensés vu de l'intérieur ; absolument impossible vu de l'étranger. Ainsi, l'envoyé spécial de "L'Equipe", Jean-Denis Coquard, a interrogé deux icônes du sport belge qui, heureusement, et sans surprise, tiennent un discours sans ambages. Le plus emblématique, Eddy Merckx : "Je trouve que les politiques exagèrent et je ne suis pas le seul. C'est ridicule, notre sport n'a jamais été sous tension". Et Eric Gerets : "Ca me fait mal car quand on me demande si je me sens wallon ou flamand, je réponds belge". Dominique Pagnoud, l'envoyé spécial du "Figaro", constate qu'en sport, la belgitude, fondée sur la convivialité, existe réellement. Et c'est encore dans un journal étranger que j'ai trouvé cette remarque à laquelle j'avoue ne pas avoir pensé, mais pourtant significative : comme pour faire un pied de nez à sa situation institutionnelle, la Belgique a qualifié deux sports collectifs aux Jeux : les deux entités non scindées. L'union ferait donc toujours la force.
Christian Hubert
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