vendredi 9 novembre 2012

La première guerre mondiale en Belgique

Lors de la première guerre mondiale, l'Allemagne demande à la Belgique de laisser passer ses troupes pour attaquer la France. Le roi Albert Ier et le gouvernement belge refusent, rappelant la neutralité de notre pays depuis le traité des XXIV articles en 1839. Suite à notre refus, l'armée allemande envahit notre pays le 4 août 1914.

Notre vaillante armée repousse les premiers assauts, et les forts de la région de Liège ne tombent qu'après une dizaine de jours de siège. Les Belges se replient sur Malines et Anvers, et tentent d'immobiliser une partie de l'armée allemande en espérant l'aide rapide d'autres pays. Malheureusement, battues dans la province de Hainaut, les troupes franco-anglaises sont obligées de reculer vers Paris. Anvers est bombardé le 28 septembre. Le 6 octobre, le gouvernement belge quitte la Belgique et se retire à Saint-Adresse près du port du Havre (France).

Anvers tombe aux mains des Allemands le 9 octobre, ce qui oblige l'armée belge, le roi Albert Ier et la reine Elisabeth à partir vers la côte belge derrière l'Yser. Les écluses de Nieuport ayant été ouvertes, c'est derrière un immense lac que notre armée construit des tranchées et résiste pendant quatre ans aux Allemands. Le couple royal décide de rester avec eux sur ce dernier lambeau de territoire libre.

Pendant quatre ans, tout le reste de la Belgique est occupé par l'Allemagne qui réquisitionne charbon, céréales, cuir, bois, bétail, cuivre, laines, machines, etc. Le prix des denrées alimentaires devenues insuffisantes augmente énormément. La presse est contrôlée. Plusieurs villes sont incendiées et de nombreux civils tués. En 1916, 150.000 travailleurs belges sont envoyés en Allemagne pour travail forcé. Des patriotes résistent à l'occupant, dont le bourgmestre de Bruxelles Adolphe Max, le recteur de l'Université de Gand Henri Pirenne et l'archevêque de Malines le cardinal Mercier parmi les autorités. On retient aussi notamment les noms d'Edith Cavell et Gabrielle Petit, fusillées respectivement en 1915 et 1916. L'armistice du 11 novembre 1918 met fin à la première guerre mondiale, au cours de laquelle 41.000 soldats ou officiers belges sont morts...

Lorsqu'on évoque la première guerre mondiale en Belgique, il faut aussi aborder un sujet qui a encore des conséquences en 2012. Au cours des quatre années d'occupation, les Allemands établissent une séparation administrative entre la Flandre et la Wallonie car ils songent à partager la Belgique en deux après la guerre, et encouragent les groupes séparatistes. L'Université de Gand est néerlandisée et rebaptisée Université von Bissing en 1916. Après 1918, le mouvement flamand s'émancipe du "cadre belge" et s'appuie sur le fait que des soldats flamands seraient morts au front car ils ne comprenaient pas les ordres des officiers francophones. C'est probablement arrivé mais aucun historien n'a pu avancer de chiffre avec exactitude. Même Bruno De Wever, professeur d'histoire à l'Université de Gand et frère de Bart (président de la NVA), déclare en 2009 au "Vif/L'Express" :   "Cette histoire est un mythe romantique construit pour discréditer l'Etat belge. Un mythe d'une puissance symbolique extraordinaire. Réalité ou pas, cette histoire a exercé une énorme force de mobilisation après la guerre. Elle a contribué à transformer le mouvement flamand jusque là minoritaire en un mouvement de masse".

Afin d'encourager la réconciliation entre communautés, le comité organisateur du 86ème Pélérinage de l'Yser à Dixmude a décidé cette année - pour la première fois depuis la première guerre mondiale! - d'honorer la mémoire d'Amé Fiévez, un soldat venu d'Antoing (province de Hainaut) et tombé au front en 1917. Pourquoi? On retrouva les corps enlacés d'Amé Fiévez et de Frans Van Raemdonck, un compagnon d'armes. Non loin, le frère de Frans, Edward. Le mouvement nationaliste flamand refusa d'associer le Wallon et le Flamand et, contrairement à la réalité historique, créa le mythe des frères Van Raemdonck morts dans les bras l'un de l'autre. Amé Fiévez fut complètement ignoré à l'époque. Cet oubli a enfin été réparé en 2012 en présence de la famille Fiévez et du bourgmestre d'Antoing. Par ailleurs, afin de ne plus être associé à la Veillée de l'Yser (qui réunit les séparatistes flamands en août), le Pélérinage de l'Yser aura désormais lieu le 11 novembre à partir de 2013, afin de réaffirmer le caractère pacifiste de l'événement. On ne peut que se réjouir de ces deux gestes de bonne volonté.

A noter que les commémorations de 2014 (centenaire de la première guerre mondiale) se préparent déjà depuis un certain temps :  http://journalpetitbelge.blogspot.be/2011/11/les-commemorations-de-2014-se-preparent.html

9 commentaires:

Serge a dit…

Ils se sont battus côte à côte, dans les tranchées boueuses de l'Yser, Flamands et Wallons ont, courageusment, défendu la liberté de leur pays, la Belgique.

Au moment où certains voudraient réécrire l'histoire en déclarant que des soldats flamands sont morts parce qu'ils n'avaient pas compris les ordres donnés en français, je voudrais les associer tous dans nos remerciements, ils ont écrit une des pages glorieuses de notre Histoire et méritent tout notre respect !

Et dire que dans un sondage publié ce jour, 12% de la population croit que le 11 novembre est la date de fin de la seconde guerre mondiale et 5% que c'est la Fête du Roi. Pour connaître son Hisotire, il ne faut pas brosser les cours !

Edmée De Xhavée a dit…

Belle leçon d'histoire, claire et sans doute aussi nécessaire pour ceux qui ont brossé les cours ;-)

Bon week-end...

jacques robert a dit…

que dire ? Ne jamais oublier, c'est tout je crois !

Anonyme a dit…

*** Coucou Petit Belge !

C'est très intéressant de venir chez toi, on apprend toujours quelque chose. MERCI BEAUCOUP !!!

Je t'envoie plein de soleil ! :o) GROSSES BISES et passe un agréable dimanche !!!!! merci pour ta gentille visite ! ***

Henri Desterbecq a dit…

Je me pose toujours une double question : est-ce encore opportun de commémorer le 11 novembre ? Et pourquoi pas le 8 mai 1945 ? Très bien de rappeler que l'antagonisme Nord Sud trouve sa source dans la guerre de 1914. Amitiés. dinosaure80.

willy a dit…

la guerre..

pourqui..? pourquoi...?

c'est ça que je me demande..

Youri a dit…

Il y eut certainement des incompréhensions entre officiers et soldats. Même les officiers flamands parlaient français alors que la troupe s'exprimait dans son patois local.
De là à dire que les flamands ont été les martyrs .....
Petit Belge, savez vous d'où vient le mot "baragouiner" ? Il est issu de la guerre 14-18 côté armée française qui avait enrôlé pas mal de soldats originaires de Bretagne. Ces derniers ne comprenaient pas le français comme d'ailleurs les enrôlés issus de toutes les campagnes françaises.
A table, les bidasses bretons se débrouillaient et réclamaient dans leur langue bara (le pain) et gwin (le vin). Bara-gwin.

Mais il faudrait aussi que vous nous expliquiez un jour pourquoi lors de la guerre 40-45, les déportés flamands furent libérés après quelques mois alors que les déportés waallons ne le furent qu'en 1945.....
Nazis durant les guerres et catholiques entre elles ????

Josiane a dit…

merci petit belge pour cette belle description historique.

Elodie a dit…

merci Petit Belge pour cet article vraiment très intéressant!