Ces dernières semaines, Henri de Gerlache a présenté son film "L'Antarctique en héritage" dans les conférences d'Exploration du Monde afin de rendre hommage aux expéditions de son arrière- grand-père Adrien (premier hivernage à bord du "Belgica") et de son grand-père Gaston (construction de la Base Roi Baudouin). Il était aussi présent avec Alain Hubert à l'inauguration de la station de métro Belgica à Bruxelles. A l'occasion de la sortie du livre/dvd "L'Antarctique en héritage", Henri de Gerlache a accordé une interview à l'hebdomadaire "Paris Match" :
"Pourquoi ce retour aux sources? Parce que les médias sont très axés sur la nouvelle Station Polaire Princesse Elisabeth en Antarctique?
- Il y a aussi les 50 ans de la politique scientifique fédérale belge. Elle est née à la suite de la signature du Traité Antarctique en 1959 et elle joue un rôle clé dans le soutien à la recherche dans les zones polaires. Mais d'abord, la RTBF m'a commandé ce documentaire en 2006. Il s'agissait avant tout d'une conversation filmée avec mon grand-père Gaston. Il se disait alors trop âgé pour rencontrer la presse mais il avait accepté de se confier à moi. Un mois après, je suis parti en Inde pour un reportage et j'y ai appris son décès.
- Vous trouvez que, de manière générale, on n'a pas suffisamment rendu hommage au travail de vos aïeux?
- Il est intéressant de connaître son histoire ; il y a beaucoup à apprendre du passé pour construire le présent. Entre 1895 et 1957, deux beaux projets ont été réalisés. Par rapport au projet actuel, qui est ambitieux, bien sûr fondé sur des bases environnementales (un domaine qui s'est fort heureusement développé depuis), ils étaient réalisables sans difficultés majeures, car peut-être plus en adéquation avec les budgets belges.
- Peut-on parler de démesure avec le projet de Station Polaire Princesse Elisabeth?
- Boucler le budget a été difficile parce que certains ont vu trop grand dès le départ. Mais ce ne sont que des commentaires personnels, ce n'est pas spécialement mon métier. Nous manquons de temps et de recul pour analyser tout cela. Et puis, les époques sont incomparables. Je dirais simplement qu'Alain Hubert est une personnalité forte qui a donné au projet une identité propre. C'est un grand communicateur. Il peut haranguer les foules pour les budgets.
- Rien à voir avec la discrétion légendaire des de Gerlache?
- Mes aïeux étaient effectivement assez humbles, bons vivants aussi. Ils se sont entièrement donnés à ce projet pour leur pays. Sans patriotisme outrancier toutefois. Ils étaient mesurés par rapport à cela. Mais ils avaient la volonté de mettre leurs compétences au service d'une belle et utile aventure. La famille n'avait pas de problèmes financiers mais ne roulait pas sur l'or. Ces expéditions demandaient un réel investissement. Il faut dire aussi qu'à l'époque, la Belgique était prospère, l'industrie battait son plein. Ses heures de gloire ont eu pour cadre la fin du XIXème siècle. Elles allaient être renforcées, entre autres, par l'exploit du Belgica.
- Adrien, votre arrière-grand-père, avait un côté plutôt rebelle?
- Il avait une puissance intérieure. Il voulait faire de la science. Il n'était pas nationaliste en tant que tel, loin de là. D'ailleurs, Léopold II n'était pas que son ami!
- La deuxième expédition, menée par votre grand-père Gaston, se situait dans un contexte politique particulier?
- Oui, nous étions en pleine guerre froide. Lorsqu'ils ont été en difficulté, les Américains ont voulu aider l'équipe des Belges et les Soviétiques également. En fait, la guerre était aussi positive : c'était au premier qui arriverait au secours des Belges! C'est révélateur d'un espace où rien ne se passe comme ailleurs. Vous imaginez que toutes les nations se sont mises d'accord pour dire que le continent est protégé et n'appartiendrait à personne?
- Il n'y a pas de population permanente mais une sorte de roulement de quelques centaines de chercheurs, entre autres?
- Oui, on trouve en moyenne environ 1.500 scientifiques en Antarctique. Cela dit, le tourisme y est déjà trop développé. Même si les guides sont vigilants, cela ne peut avoir qu'un impact négatif sur l'environnement. On a recensé 30.000 touristes cette année. Et chaque année, il y en a 30% de plus...".
mardi 26 mai 2009
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