samedi 27 janvier 2007

Les Flamands sous un autre oeil

Bien que je ne l'ai pas appréciée, la fausse émission spéciale de la RTBF aura eu le mérite d'inciter la presse francophone à regarder les Flamands sous un autre oeil et à ne pas tous les assimiler aux stupides clichés. Les quotidiens "De Standaard" et "Le Soir" ont signé en décembre un accord de collaboration dans ce sens.

Deuxième initiative positive : dans son édition du 19 janvier 2007, l'hebdomadaire "Le Vif-L'Express" consacre sa couverture et un dossier aux Flamands qui veulent sauver la Belgique. Eric Corijn, philosophe et sociologue à la VUB, fait remarquer très justement : "Le populisme est devenu l'allié indispensable de la politique : cette dernière doit être vendable car les élections se font désormais sur la base d'un bon marketing. Et les attaques dirigées contre l'autre "clan" détournent l'attention de l'absence d'efficacité des politiques dans leur propre communauté".

Qui sont ces Flamands qui se déclarent publiquement attachés à la Belgique? Citons notamment l'ancien premier ministre Wilfried Martens, le bourgmestre de Sint-Niklaas et ancien ministre socialiste Freddy Willockx, le président de la Chambre Herman De Croo, le président du Sporting d'Anderlecht Roger Vanden Stock, le chanteur Tom Barman du groupe dEus, le patron de Recticel Luc Vansteenkiste, l'écrivain alostois Dimitri Verhulst, la députée flamande Anissa Temsamani, le chef d'entreprise Tony Van de Calseyde (responsable du mouvement BPlus dont je vous ai déjà parlé dans un précédent article), le président de la FGTB Rudy De Leeuw, le président de la CSC Luc Cortebeeck, mais aussi Helmut Lotti et Axelle Red.

Il y a aussi Rudy Aernoudt qui fut successivement chef de cabinet des ministres de l'Economie wallon, fédéral et flamand! Dans son livre "Vlaanderen/Wallonië : Je t'aime moi non plus", il dénonce les clichés véhiculés par les séparatistes du Nord du pays et leurs conclusions simplistes. Il cite une série d'arguments économiques contre le séparatisme et les thèses défendues par des patrons flamands dans le manifeste du groupe de réflexion "In de Warande". Rudy Aernoudt a été reçu en audience le 16 octobre 2006 par le roi Albert II. Vous pouvez signer son contre-manifeste sur son site Internet.

Professeur de sciences politiques à la VUB, Kris Deschouwer coordonne le groupe Pavia qui plaide pour la création d'une circonscription électorale nationale et qui proposera un projet concret en février prochain. Cette idée commence à séduire quelques hommes politiques et permettrait de renforcer le dialogue entre Wallons et Flamands.

Voici quelques réflexions extraites du "Le Vif/L'Express".

L'écrivain Geert Buelens : "Un Flamand qui aime la Belgique est traité d'anti-Flamand. A l'inverse, ceux qui revendiquent l'héritage du mouvement flamand sont qualifiés d'extrémistes. Ca m'énerve".

Yves Desmet, rédacteur en chef de "De Morgen" : "Il faut avouer que les francophones ne nous aident pas toujours : prestations éthyliques de Michel Daerden, Charleroi et les affaires... Tout cela laisse des traces, évidemment. Les gens sont très influencés par ce qu'ils voient à la télé".

Le chanteur Daan Stuyven : "Je peux encore me permettre d'avoir une batteuse néerlandophone et un bassiste francophone. Mais si je dépendais des subsides, on pourrait me le reprocher et me demander de choisir entre l'un ou l'autre. C'est déjà ce qui se passe avec la danse et le théâtre. A un moment donné, ton travail de création finit par pâtir de toutes ces querelles communautaires. Voilà pourquoi j'ai réagi".

Le syndicaliste Luc Cortebeeck : "En se penchant sur les montants déboursés par les caisses de grêve, il est très facile de dresser des statistiques là-dessus. On s'est vite rendu compte qu'il n'y avait aucune différence structurelle entre le Nord et le Sud du pays. Une année, les Flamands se mettent davantage en grêve et l'année suivante, ce sont les Wallons".

"Le Vif/L'Express" cite cinq arguments contre la scission de la Belgique : moins de débouchés pour l'industrie flamande, une sécurité sociale amoindrie, une indépendance coûteuse, l'imbroglio bruxellois et la célébrité de la Belgique (pas de la Flandre ou de la Wallonie).

Ce mercredi 24 janvier, c'était au tour de la RTBF de nous proposer une émission objective et positive, sans agressivité, sur le thème "Wallons-Flamands : Belges ennemis". Les députés Rik Daems et Sophie Pécriaux ont évoqué leur histoire d'amour insolite : il est libéral flamand et elle est socialiste wallone. Leur idylle a été bien perçue au Sud du pays, mais est devenue une affaire politique en Flandre. Rik Daems a d'ailleurs dû quitter son poste de président du groupe VLD à la Chambre. Sans doute son parti avait-il peur qu'il dévoile la stratégie du VLD sur l'oreiller au PS...

L'émission proposait aussi des reportages sur les classes d'immersion, les accompagnateurs de train bilingues et les agriculteurs flamands venus trouver du travail en Wallonie dans les années 40. La Liégeoise Sandra Kim évoqua son absence de contrats dans sa région natale et sa nouvelle vie au Nord du pays : elle vit à Zaventem avec son mari flamand, est bilingue et continue de remplir les salles en Flandre. L'animateur Rob Van Oudenhove était venu parler de l'humour flamand, selon lui plus anglo-saxon que l'humour plus réservé des Wallons. Tous les intervenants ont insisté sur la nécessité d'une meilleure connaissance de la langue pour améliorer les relations entre communautés.

J'espère de tout coeur que toutes ces initiatives changeront l'esprit de certains Belges et augmenteront la tolérance et le dialogue entre le Nord et le Sud du pays. Les médias ont un rôle non négligeable à jouer. J'aurais aussi pu parler du Fonds Prince Philippe et du programme Erasmus Belgica qui soutiennent les échanges linguistiques entre communautés, mais aussi du parti politique bilingue B.U.B. (Belgische Unie-Union Belge) qui présentera des listes lors des élections de juin 2007.

Leve België! Vive la Belgique!

3 commentaires:

Unknown a dit…

La Wallonie et la Flandre ensemble pour une Europe fédérale des régions.

En Flandre les esprits semblent être plust murs pour une autonomie plus grande qui se cadrent dans une Europe fédérale des Regions. Mais aussi en Wallonie des initiatives politiques dans ce sense se multiplient. N'oublions pas que déja en 1945 un important Congrès national wallon proposa quatre solutions pour le pays wallon: l'indépendance, la réunion à la France, une simple décentralisation ou l'autonomie dans le cadre d'un État fédéral. Et pour les élections de juin 2007 quatres listes politiques vont défendre une thèse d'émancipation régionale pour la Wallonnie :

1/ RWF - RASSEMBLEMENT WALLONIE FRANCE
http://www.rwf.be
2/ Liste WALLON
http://www.wallonie-france-bruxelles.com
3/ PARTI WALLON
http://www.parti-wallon.be
4/ NWA - Nouvelle WAllonie
http://www.n-wa.be

<< Il y a en Belgique des Wallons et des Flamands. Il n'y a pas de Belges. Une Belgique faite de l'union de deux peuples indépendants et libres, accordés précisément à cause de cette indépendance réciproque, ne serait-elle pas un Etat infiniment plus robuste qu'une Belgique dont la moitié se croirait opprimée par l'autre moitié? >>

Extrait de : "Lettre au roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre" par Jules Destrée, publié dans la "Revue de Belgique" en 1912.


Bien à vous,
Vriendelijke groeten,
Bén'à vôs autes tertous ...

Philou a dit…

aaaaaah la politique! c'est sûr qu'il y aurait des chômeurs en plus...moins de ministres et de cabinets :-)
mais finalement, quand les gens discutent entre eux, cette différence n'existe que rarement, on est belge avant tout...
malheureusement le débat ne sera jamais clos!
bon début de semaine à toi A+

Anonyme a dit…

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