Je me réjouis que l'écrivain Eric-Emmanuel Schmitt ait reçu la nationalité belge en ce mois de juin 2008. Né à Lyon en 1960, il est l'un des auteurs francophones les plus lus. On lui doit notamment "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran", "Oscar et la dame rose", "La rêveuse d'Ostende" et "Le libertin". Il habite depuis plusieurs années en Belgique, où il a tourné son film "Odette Toulemonde". Eric-Emmanuel Schmitt a réagi par communiqué :
"Dans cette histoire-là, c'est moi qui ai fait les premiers pas. J'ai adopté ce pays avant qu'il ne m'adopte. Ouf, je ne me suis pas pris un râteau! Je suis donc étrangement ému de recevoir cette nationalité. La première nationalité qu'on reçoit à la naissance, on ne la quitte jamais mais on ne l'a ni voulue, ni désirée. De même qu'on appartient à sa famille et qu'on choisit ses amis, je viens de France et j'ai choisi la Belgique. Et, si cette seconde nationalité-là me paraît amicale, c'est parce que, comme l'amitié, elle s'est décidée à deux : je t'ai choisi, tu m'as choisi. Pourquoi la Belgique? Parce que c'est un pays chaleureux malgré son climat. Parce que c'est un pays modeste, bien qu'il abrite la capitale de l'Europe. Parce que c'est un pays trilingue, ouvert aux autres, constitué de multiples communautés, qui préfigure ce que sera l'univers de demain. Parce que c'est un pays de culture qui pratique la folie douce. Parce que c'est un pays de cocagne où il est impossible de faire un régime, ce à quoi j'ai renoncé depuis longtemps. Parce que c'est un pays si petit qu'il vous conduit, après quelques semaines à Knokke ou en Ardennes, à visiter le vaste monde. C'est ici que je vis, que j'aime, que je travaille. Depuis six ans, ma vie de citoyen se trouve à Bruxelles et, au lieu de voter sur la planète Mars, je vais pouvoir, comme tout homme, peser par mon vote. Désormais, je m'étriperai à armes égales avec mes amis sur la politique belge, ce qui, l'âge venant, constitue une gymnastique pour le cerveau tout aussi exigeante que d'apprendre le chinois. Que vais-je gagner? Que vais-je perdre? Désormais, lorsque je dirai une bêtise, on dira "C'est normal, il est belge", on m'excusera. Désormais, lorsque j'aurai une fulgurance de fantaisie, on dira "C'est normal, il est belge", on minorera. En tous cas, on va enfin comprendre pourquoi, depuis toujours, je grasseyais mes r. Quant à moi, je vais enfin comprendre pourquoi, depuis toujours, je ne connais qu'une seule chanson par coeur : "Le plat pays" de Jacques Brel. Ce n'est pas l'hymne national belge? Il faudrait que je le demande à Mr Leterme".
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2 commentaires:
Mais quel plaisir ça fait de savoir que quelqu'un veut être Belge, et s'y sent bien, dans sa nouvelle peau de Belge! Je me sens si bien dans la mienne aussi!
Il y a plusieurs années, je postulais, en Italie, pour une place de je ne sais plus quoi, et l'employer m'a dit "quoi (en italien...!), vous êtes Belge!? Alors non, je ne veux pas travailler avec vous... les Belges sont fous!" Il disait ça, cependant, avec une sorte d'envie, d'admiration, et ça a eu l'écho d'un compliment, que je n'ai jamais oublié!
Bienvenue donc!
J'aime beaucoup cet auteur et à propos de pays...cet extrait qui m'a interpellé c'était dans son livre "Mes évangiles".
Aujourd'hui cela me semble si vain être d'ici ou d'ailleurs, quelle importance? Est-ce seulement possible?Epouser un pays, ses particularités, c'est épouser ce qu'il a de petit.
S'en tenir à sa terre, c'est ramper.
Ce qui m'intéresse dans les hommes, désormais, ce n'est pas ce qu'ils ont de Romain, de Grec, ou d'Egyptien, c'est ce qu'ils pourraient avoir de beaux, de généreux, de juste, de commun, ce qu'ils peuvent inventer qui rendrait le monde meilleur et habitable". Eric-Emmanuel Schmitt
Amicalement
Marcelle
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