Née à Wavre en 1939, Colette Nys-Mazure a été pendant très longtemps professeur de français dans le Tournaisis. Son premier receuil, "La vie à foison", a été publié en 1975. Elle a ensuite écrit de nombreux poèmes, pièces de théâtre, essais et nouvelles. Son oeuvre a été récompensée par plusieurs prix littéraires.
"L'enfant neuf" est un ouvrage autobiographique que Colette Nys-Mazure dédie à ses cinq enfants "qui n'ont pas connu leurs grands-parents. Que cette évocation leur rende un peu de leur présence".
Dans la première partie intitulée "L'épreuve", elle retrouve son regard d'enfant pour nous raconter la mort brutale de ses parents survenue en l'espace de quelques semaines alors qu'elle avait sept ans. Colette Nys-Mazure commence son récit le 17 octobre par le dernier petit-déjeuner pris avec ses deux parents, son frère Jean-Paul et sa soeur Chantal. Elle évoque ensuite l'annonce de l'accident de voiture de son papa Antoine, les visites des proches et les funérailles. Elle est perdue dans ce monde d'adultes : "Les grandes personnes n'entendent pas nos paroles. Elles écoutent d'autres voix et celles-ci paraissent de plus en plus alarmantes".
En effet, sa mère n'étant plus que l'ombre d'elle-même ("Plus rien de commun avec la femme qui courait se jeter dans les bras de Papa ou nous saisissait dans les siens pour nous faire tournoyer"), Colette est hébergée à Kain chez sa tante Jeanne, son oncle Jean et leurs trois filles. Le 11 janvier, sa maman Elisabeth s'éteint à l'hôpital.
Dans la deuxième partie du livre, Colette Nys-Mazure reprend son regard d'adulte pour analyser l'impact de cette double perte dans sa vie : "Il me faudra des années pour mesurer l'impact de cette rupture première ; ce qu'elle a modifié dans ma perception de l'existence, dans la manière de croire et d'espérer".
Elle y rend hommage à l'écoute sans jugement et aux conseils de son institutrice Mère Marie-Tarcisius, devenue ensuite une confidente ("la femme qui m'a servi de mère"). Elle raconte comment elle a pris conscience de la vulnérabilité des adultes. Elle remercie ses proches de l'amour qu'ils lui ont donné et de lui avoir parlé de manière naturelle de ses défunts parents :
"La faculté d'adaptation des enfants est infinie pour autant qu'ils se sentent aimés, sollicités, tirés vers le haut. Le goût d'apprendre, le stimulant de l'école m'ont arrachée à la délectation morose. J'ai été relancée vers la vie plutôt qu'enfoncée dans le malheur (...) Il m'a été donné de rencontrer dès l'aube la mort, sa ruine, et tout aussitôt la puissance de l'amour gratuit, de la pure bonté. Là s'ancre l'élan de la vie, le goût d'être et d'aimer. Avoir reçu un tel amour rend capable de donner à son tour".
Malgré la gravité du sujet, Colette Nys-Mazure, fidèle à sa foi, nous fait comprendre que la Vie doit être plus forte que la Mort. Elle m'a fait penser à la conférence de David Lachman (un rescapé des camps de concentration) durant mes études et au livre "Oscar et la dame rose" d'Eric-Emmanuel Schmitt qui transmettaient le même message d'espoir et d'optimisme. A conseiller aux personnes qui viennent de perdre un proche. Merci Colette.
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1 commentaire:
Une lecture qui m'attend, depuis un moment déjà. Ta chronique me donne envie de m'y plonger... Mais avec une liste de livres en attente comme la mienne! ;-))
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