Fille du comte Oswald Kerchove de Denterghem et de Maria Lippens, Marthe naît à Gand en 1877. Sa famille de vieille noblesse est engagée dans la vie politique du côté libéral. A une époque où les filles des classes aisées suivent rarement des études poussées, Marthe commence ses primaires à l'école du Denier libéral de Mons, dirigée par Marie Popelin (son père est gouverneur de la province du Hainaut de 1878 à 1884), puis à l'Institut Kerchove de Gand fondé par son grand-père Charles, bourgmestre et député. Elle obtient à Paris en 1895 un diplôme équivalent au régendat et suit les cours de la fameuse académie d'art Julian.
En 1898, Marthe épouse Pol Boël, directeur des usines Gustave Boël à La Louvière, avec qui elle aura quatre enfants. Ils habitent à La Louvière et en bonne épouse d'industriel, elle s'occupe d'œuvres de bienfaisance (notamment en patronnant une mutualité pour femmes et une des premières consultations pour nourrissons). Plus d'infos sur la famille Boël : http://journalpetitbelge.blogspot.be/2008/11/lhistoire-de-la-famille-bol.html
En août 1914, Marthe s'engage comme ambulancière et adhère à l'Union Patriotique des Femmes Belges. Elle crée ensuite un réseau postal clandestin qui prend de l'ampleur et est démantelé par la police allemande en octobre 1916. Arrêtée avec son mari, elle comparaît devant le tribunal de campagne de Charleroi et est condamnée à deux ans de prison et 2.000 marks d'amende. Déportée à la forteresse de Siegburg en Rhénanie, elle s'y lie d'amitié avec une autre détenue politique, la princesse Marie de Croy, avec qui elle fonde après la guerre l'Association des ex-prisonnières de Siegburg qu'elle présidera jusqu'à sa mort. Libérée en 1917 après une grave maladie, elle reste en exil en Suisse où elle met sur pied un réseau de ravitaillement pour prisonniers de guerre.
Après la première guerre mondiale, Marthe Boël s'engage en faveur du féminisme et du suffrage électoral pour les femmes. Comme ancienne prisonnière politique, elle est désormais électrice, mais considère cette situation d'exception comme injuste pour les autres femmes. Avec Jane Brigode, elle fonde en 1921 l'Union des femmes libérales de l'arrondissement de Bruxelles qu'elle préside. Deux ans plus tard, elle devient la présidente de la Fédération Nationale des Femmes Libérales et le restera jusqu'en 1936, avant d'en être la présidente d'honneur. Parallèlement, elle entre au Conseil National des Femmes Belges, et en est élue vice-présidente puis présidente. Et en 1936, elle est choisie pour présider le Conseil International des Femmes. Marthe Boël s'affirme donc comme une figure de proue du féminisme laïque belge.
Durant la deuxième guerre mondiale, elle héberge des personnes recherchées par les Allemands et dès février 1945, elle se rend à Londres pour relancer les activités du Conseil International des Femmes. Puis, petit à petit, estimant qu'elle doit laisser la place aux jeunes, elle abandonne la présidence du Conseil National des Femmes Belges et du Conseil International des Femmes, mais continue de collaborer avec eux. En 1955, avec sa secrétaire Christiane Duchène, elle publie le premier ouvrage de synthèse sur le féminisme belge : "Le féminisme en Belgique de 1892 à 1914". Elle continue de s'occuper de différentes œuvres sociales, comme la Fédération des Foyers Belges de l'YWCA (Young Women's Christian Association) et le mouvement scout des Girls Guides.
La baronne Marthe Boël décéda en 1956 à Bruxelles, et sa fille Marie-Anne prit sa relève en présidant le Conseil National des Femmes Belges 1966 à 1971 et en s'investissant pour la Croix-Rouge.
Plus d'infos : "Dictionnaire des femmes belges (XIX et XXème siècles)" , éditions Racine
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2 commentaires:
Aucun commentaire, Petit Belge, le féminisme ne ferait-il plus recette ? Madame Boël en fut une ardente représentante ! Amitiés. Serge
Formidable parcours !
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