vendredi 24 janvier 2014

Femmes Belges (6) : la féministe Jane Brigode

Jane Brigode est née à Rummen en 1870 dans une famille aisée. De son mariage avec l'architecte bruxellois François Ouwerx, elle aura quatre enfants. En 1901, elle assiste aux dîner féministes organisés par la Ligue Belge du droit des femmes. L'année suivante, elle assure le secrétariat de la seconde conférence internationale féministe qui se déroule à Bruxelles sous ses auspices. Puis devient trésorière en 1903 et secrétaire en 1908 de la Ligue. Elle s'intéresse surtout aux matières juridiques, étant notamment l'initiatrice de deux avant-projets de loi :  l'un accordant aux femmes le droit de témoigner dans les actes d'état-civil (loi de 1908) et l'autre leur reconnaissant le droit de faire partie d'un conseil de famille et de devenir tutrice (loi de 1909). Elle se bat pour les droits civils des femmes, l'enseignement officiel et la lutte pour l'accès des femmes au suffrage.

Lors de la création du Conseil National des Femmes Belges en 1905, Jane Brigode est nommée secrétaire de la commission législative aux côtés de la juriste Marie Popelin, et est ensuite élue présidente. A partir de 1913, elle mène une campagne en faveur de l'égalité de salaire entre instituteurs et institutrices....et obtiendra gain de cause en 1921. Elle participe à la fondation de la Fédération Belge pour le suffrage des femmes, mais la première guerre mondiale éclate et met en veilleuse l'ensemble de ses revendications. Les féministes et Jane Brigode concentrent alors leurs actions au sein de la nouvelle Union Patriote des Femmes Belges. Dans l'entre-deux guerres, elle rédige avec Louise Van den Plas un avant-projet de loi réformant les régimes matrimoniaux et élargissant la capacité civile de la femme mariée. On la retrouve aussi au sein du comité exécutif de la Ligue Belge contre le Cancer.

Le deuxième volet de son engagement est politique avec l'adhésion au parti libéral. Elle fonde en 1921 l'Union des femmes libérales de l'arrondissement de Bruxelles et en devient la déléguée au sein du conseil national du parti libéral. Elue à la vice-présidence du parti libéral avant guerre, elle en assume clandestinement la direction durant la deuxième guerre mondiale, étant ainsi la première femme belge à la tête d'un parti politique. Elle renonce à la vice-présidence en 1947. Sur le plan communal, Jane Brigode se présente sur les listes électorales à Forest et est élue conseillère communale de 1921 à 1946, puis échevine de l'Instruction Publique de 1921 à 1927 et de 1933 à 1946. A ce poste, elle défend avec vigueur l'enseignement officiel et les droits des femmes. Son engagement lui vaudra les titres de chevalier de l'Ordre de Léopold avec étoile d'argent et d'officier de l'Ordre de Léopold II. Elle est décédée à Forest en 1952.

Plus d'infos :  "Dictionnaire des femmes belges (XIX et XXèmes siècles)", éditions Racine.

2 commentaires:

Tania a dit…

Son combat pour "à travail égal, un salaire égal", il y a cent ans : nous avons la chance d'être les héritières de ces militantes.

Edmée a dit…

Elles ont toujours existé, ces femmes, même aux siècles de la domination masculine. Leur combat reste difficile et sans cesse à refaire, comme en témoigne cette femme d'aujourd'hui 83 ans (Belge) qui m'a dit que lorsque son mari est mort alors que les enfants étaient encore mineurs, ils ont eu un tuteur! Elle n'avait pas tout pouvoirs et avait une peur bleue qu'ils ne fassent "des bêtises" sans quoi on les lui aurait repris!!!