lundi 14 octobre 2013
Nouveau livre de Philippe Geluck
A l'occasion de la sortie de son livre "Peut-on rire de tout?" aux éditions Lattès, Philippe Geluck (le dessinateur du Chat ci-dessus) a répondu aux questions du journal "La Dernière Heure" :
"En vous lisant, on a l'impression de vous écouter, de vous entendre. Le prenez-vous comme un compliment?
- Ah, c'est drôle. C'est donc que c'est identifiable. Je le prends comme un compliment parce que j'avais, moi-même, ce sentiment avec Desproges. Ca m'aidait à le lire parce que je me faisais ma petite musique intérieure. Ce n'est pas une écriture que je pourrais dicter, par exemple. C'est très travaillé, les phrases sont façonnées. Et puis, j'ai beaucoup écrit pour la radio, à l'époque du "Jeu des dictionnaires". C'était, à chaque fois, de l'orfèvrerie, mais il ne faut surtout pas que çà sente la sueur!
- Est-ce encore plus de travail, vu le sujet des plus sensibles? Vous risquez d'en froisser l'un ou l'autre?
- Je vous le confirme! Je me livre à l'exercice volontiers et volontairement, mais j'avance en terrain miné. Et miné ne prend pas de T et n'a rien à voir avec le chat. Je me mets volontairement en danger, je joue avec le feu et avec mon propre feu. Je dois faire gaffe de ne pas me brûler les doigts et de ne pas mettre le feu aux poudres. Ce n'est pas du tout le but. Le but, c'est de réfléchir à la question, avec l'insolence qui est la mienne.
- Est-ce que certains terrains sont plus minés que d'autres? Certaines communautés plus chatouilleuses que d'autres?
- Je ne me suis pas posé cette question-là. Je ne suis jamais dans l'insulte ou dans le dénigrement. Je pique, j'asticote et j'ai même le sentiment d'y être allé franco de port sur les chapitres réputés explosifs. On sait que l'humour et Islam ne sont pas les plus grands potes du monde, mais il ne faut pas généraliser. Et je ne stigmatise que les plus extrêmes. Le but étant de rire avec les braves gens de tous ordres. Quand je parle de Dieu, de manière générale, je reçois beaucoup de courrier, et pas mal de catholiques.
- Vous désamorcez d'ailleurs vous-même les bombes que vous lancez?
- Effectivement. J'ai l'impression de donner, si pas en début de chapitre, au moins toujours avant la fin, la clé qui va permettre de trouver la porte de sortie. Notamment dans le chapitre sur les handicapés. Le danger est de tomber sur des gens qui ne liraient qu'une partie ou qui ressortiraient une phrase de son contexte. Car tant que la chute n'est pas arrivée, c'est monstruosité sur monstruosité.
- Il n'a jamais été question de tenter un livre sérieux sur l'humour?
- Non, pas une seconde. Ce livre est né d'un malentendu. Nous devions faire quelque chose de sérieux avec les éditions Lattès. Nous avions prévu, avec un ami journaliste, de faire un livre autour d'une série de longues conversations. Nous avons parlé des heures et des heures, et quand j'ai vu le résultat, je me suis dit que çà se prenait au sérieux. Qui suis-je pour donner mon avis sur la marche du monde? J'ai demandé que le livre ne sorte pas. Je préfère faire réfléchir en riant.
- Reste-t-il des objets de poilade qui n'ont pas été abordés dans votre livre?
- C'est marrant ce que vous dites, parce que c'est exactement le sentiment que j'ai : la liste, je pourrais la compléter! Je me rends compte que j'ai oublié des tas de gens qui ont de grandes dents, les enfants, les politiques. Je passe très vite sur les politiques, car ce n'est pas mon terrain de jeu préféré. Mais je pourrais faire "Peut-on rire de tout : le retour".
- Effectivement, vous n'avez pas parlé des enfants. Peut-on en rire?
- Oui, bien sûr. Les enfants peuvent être ridicules. Les animaux, je n'en parle pas non plus. Mais ce sont des êtres innocents.
- Alors, la question : peut-on rire de l'innocence?
- Oui, bien sûr. Ecoutez, je n'ai pas de réponse définitive parce que je dois vraiment réfléchir à la question, mais a priori, la réponse est oui. Comme de tout le reste".
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5 commentaires:
Encore un qui a dû aller à Paris pour dépasser les frontières étriquées de son pays natal...
Tiens, en parlant d'humour, j'ai découvert récemment un duo d'humoristes : Jan & Jean. L'un est flamand, l'autre est wallon et ils font des micro-trottoirs à Anvers, Charleroi... Il y a des vidéos d'eux sur YouTube, je vous conseille d'aller voir.
J'ai beaucoup aimé cette interview de Geluck et aussi son bon sens.
Oui Youri, il faut souvent percer à Paris pour être reconnus chez nous. Et le dicton "nul n'est prophète en son pays" n'est pas né de rien :-) Peu importe.
Geluck pas prophète en son pays ? "Le Chat" a été révélé par "Le Soir" et, au début, le succès en librairie de cette BD ne dépassait pas la frontière.
Peut être que Geluck est belge. Peut être qu'il a "percé" en France. Mais l'humour du chat est international, car il épingle la bêtise humaine qui elle n'a pas de frontière.
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