lundi 31 octobre 2011

La Belgique vue par Benno Barnard, un Hollandais vivant en Belgique

Il y a quelque temps, The Belgian Institute for World Affairs, en immolant une bouteille d'eau pétillante de Spa, a proclamé la Belgique oeuvre d'art. Même en ne recourant pas à la qualification dadaïste, c'est moins cucul que çà n'en a l'air. Nulle part ailleurs en Europe n'existe un mélange si sain de cosmopolitisme et de provincialisme, que les diverses sous-espèces belges doivent à leur proximité mutuelle ainsi qu'à leur aversion commune à l'égard du centralisme jacobin à la française. En oute, je me dois, bien qu'amoureux de l'ancienne Belgique à papa (déclarée défunte par la classe politique au début de la fédéralisation vers la fin des années 60), de reconnaître que l'Etat fédéral actuel a la précision d'une horloge suisse. Oui, la Belgique est un exemple pour l'Europe, et celle-ci sera belge ou disparaîtra dans les brouillards de la balkanisation!

En Belgique, il est permis d'être pro- ou anti- belge/flamand/wallon/bruxellois, et ce dans des combinaisons librement choisies. Mais d'une étude réalisée par des chercheurs de l'Université Catholique de Louvain et de la Katholieke Universiteit te Leuven, il ressort que seulement 10,8% des Flamands, gémissant sous le joug belge, aspirent à une Flandre entièrement autonome, et que 0,0% des Wallons souhaite une Wallonie indépendante. En d'autres termes, environ 90% de tous les Belges aiment la Belgique ou l'admirent en tant qu'oeuvre d'art, ou reconnaissent qu'elle constitue une condition nécessaire à la belgitude, ou du moins estiment que l'alternative à la Belgique est encore plus horrible!

Le deuil à l'occasion du décès du roi Baudouin, en août 1993, illustra ces chiffres bien avant leur publication. Cela nous ramène au curieux phénomène suivant : le patriotisme belge ne se manifeste - en dehors de la Coupe du Monde de Football - que par des témoignages feutrés de royalisme. Aucun Belge ne connaît le texte de son hymne national (texte du reste idiot). Aucun Belge ne fait étalage des mappemondes Mercator, des tableaux de Rubens ou de la dynamo de Zénobe Gramme. Mais sans monarque, la Belgique devient tout bonnement une impossibilité technique. Le peuple en a conscience, qui honore son souverain, sans toutefois verser dans les excès acoustiques des orangistes aux Pays-Bas.

Quant au drame de Baudouin, c'était bien sûr son mariage stérile, mariage d'un catholique fervent qui, aux yeux du peuple, recevait de ce fait une lueur mystique. A sa mort, il avait été le roi des Belges pendant 42 ans et deux Belges sur trois étaient nés sous son règne. La réforme de l'Etat venait d'être terminée et cela rendit plus symbolique encore sa disparition : avec la figure du père, disparaissait le papa de l'ancienne Belgique. Rien d'étonnant à ce que le peuple affluât par centaines de milliers au palais royal : on avait le sentiment que la patrie même venait de mourir, l'identité collective, la belgitude. Telle est la véritable cause de ces condoléances massives qui firent tant ricaner les républicains. Voilà donc le patriotisme d'une nation non patriotique...

Benno Barnard, écrivain hollandais vivant en Belgique, traduit par Paul Dirkx pour "Littérature en Flandre, 33 auteurs contemporains" publié par les éditions Castor Astral.

7 commentaires:

Josiane a dit…

Vive la Belgique et sa survie !!!
Bonne fête de Toussaint Petit Belge
de Josiane de Namur

Youri a dit…

Du grand n'importe quoi une fois encore !!!
Sirupeux à souhait.

thierry a dit…

nous retiendrons et c'est le principal pour moi que 90 % de la population est BELGE et ne veut pas de cission, bonne soirée

Delphine a dit…

les paroles de la brabaçonne c'est pas n'importe quoi, c'est juste, aujourd'hui, un souhait plutôt qu'une réalité... enfin, ce que j'en pense...

Pierre-Jean a dit…

Je ne suis pas d'accord sur son appréciation concernant votre hymne national, ni sur sa vision sévère concernant le rapport qu'ont les Hollandais avec leur famille royale, mais dans l'ensemble ce qu'il écrit est ce que je pense concernant les liens qui unissent les Belges avec leur famille royale.

carine-laure Desguin a dit…

J'aime mon pays, avec ses qualités et ses défauts.

Florence a dit…

Ne crois pas que je t'oublie mon cher Petit Belge, mais je suis obligée de réduire beaucoup le temps passé sur mon ordi !
Texte où il faut en prendre et en laisser. Personnellement, j'aime beaucoup la Brabançonne texte et musique ! C'est quand-même mieux que la guerrière Marseillaise et pas plus mal que beaucoup d'autres ! Et en ce moment je la trouve bien d'actualité !
Je continue ma lecture !
Florence