Début août, le ministre fédéral de la Mer du Nord Vincent Van Quickenborne a répondu aux questions des journaux du groupe Sud Presse :
"Quel est l'état de santé de notre mer du Nord ?
- Il y a de bonnes et de moins bonnes choses. A cause du réchauffement climatique, la température de l'eau augmente (20°-21°, soit 2° de plus qu'en 2012). Cela a pour effet de diminuer l'oxygène dans l'eau, ce qui nuit à la faune et la flore. L'autre gros problème, ce sont les déchets flottants (plastiques et microplastiques, canettes, ....). On en a beaucoup trop : 7 fois plus que la moyenne européenne. Il y a un gros travail à faire en amont : il faut interdire les plastiques à usage unique (comme le prévoit la directive européenne) et éduquer les gens. Quand vous jetez votre mégot en rue, il finit dans l'égout puis dans la mer. A Courtrai, Bruxelles et Ostende, c'est 50 euros si on jette son mégot par terre. Hélàs, on ne fait pas assez de contrôles.
- Et dans les bonnes nouvelles ?
- On n'a constaté aucun déversement d'hydrocarbure en 2021 dans notre mer ! C'est sans doute l'effet de l'augmentation des contrôles, avec notre avion renifleur notamment qui traque les rejets d'hydrocarbure des navires (et qui détecte aussi les émissions de soufre et d'azote). La situation environnementale s'améliore donc. La preuve en est que l'on observe de plus en plus de phoques et de marsouins. Au printemps dernier, on a même trouvé un premier spécimen vivant d'huître plate européenne, une espèce disparue depuis la fin du 19ème siècle. On compte encore 2.100 espèces animales et végétales dans notre mer du Nord.
- Mais de nombreuses espèces ont disparu...
- Oui comme l'oursin, la raie, le hareng, le sprat, la grande alose, la morue, l'esturgeon, le grand dauphin, la méduse à crinière de lion. A l'inverse, de nouvelles espèces sont apparues avec le réchauffement : le rouget-barbet, le bar, l'araignée de mer.
- Que fait-on pour soigner la mer ?
- Pour réparer les dommages de l'activité humaine (pêche, pollution p.ex.) et du réchauffement climatique, on va restaurer des écosystèmes. Les scientifiques ont sélectionné trois habitats propices au développement d'espèces animales et végétales : les lits de gravier, les bancs d'huîtres et les agrégations de vers tubicoles.
- Que voulez-vous faire de notre mer du Nord : une autoroute maritime, une zone de loisirs, un parc éolien géant ?
- La mer du Nord appartient à tout le monde. Elle comporte le plus grand parc naturel de Belgique (37% des 3.454 km2 de mer belge), la plus grande route de transport maritime (50.000 passages de navires par an) et nous avons été les premiers à nous lancer dans l'éolien offshore en 2009. Il faut que tous les usagers profitent de la mer en en prenant soin. Il faut une vision et un plan spatial.
- Où en sont les projets éoliens offshore ?
- Notre mer va devenir la première centrale énergétique du pays. Nous avons actuellement, sur une première zone, 399 éoliennes qui développent une puissance de 2,2 GW. Une deuxième zone est prévue. Dénommée Princesse Elisabeth, elle développera au final entre 3,15 et 3,5 GW, et les travaux s'étaleront de 2026 à 2030. Et à l'horizon 2040, on voudrait atteindre les 8 GW avec une troisième zone d'éoliennes. 8 GW, c'est énorme, ça correspond à 8 réacteurs nucléaires, de quoi alimenter tous les ménages belges si le vent soufflait en permanence.
- Cela va faire combien d'éoliennes en mer ?
- C'est impossible à répondre car la technologie évolue. On verra ce que proposent les firmes. Une partie des éoliennes du Parc Princesse Elisabeth seront implantées dans la zone Natura 2000 Vlaamse Banken. Il faudra un permis environnemental et une admission Natura 2000 avec 29 études d'impact sur l'environnement ! Il y a aussi, pour ce parc, toute la question des pilônes et lignes à haute tension qui vont traverser le Hainaut et la Flandre Occidentale. Il y a beaucoup d'opposants...mais il faut quand même de l'électricité. Tout le monde est contre tout ! C'est comme pour les maisons de détention... Pour la boucle du Hainaut, c'est le ministre wallon Willy Borsus qui gère ce dossier.
- Pourquoi n'exploite-t-on pas les marées pour produire de l'électricité ?
- Le projet a été abandonné. Je vais vous surprendre mais la mer du Nord est trop calme. En Ecosse par contre, cela fonctionne. Cela dit, il ne faut jamais dire jamais. Par contre, nous voulons être le premier pays du monde à installer des panneaux solaires flottants sur la mer. Cela existe déjà sur des lacs mais pas en mer. Il faut trouver les bons matériaux qui résistent à la force des vagues et à la corrosion du sel. On veut être les pionniers comme on l'a été pour les éoliennes. L'idée serait de les installer entre les éoliennes. On a débloqué 2 millions d'euros le mois passé pour lancer l'étude. Si elle est concluante, on dégagera 10 millions d'euros supplémentaires pour construire un prototype l'an prochain.
- Le réchauffement climatique entraînera une montée des eaux. Des stations balnéaires belges sont-elles menacées ?
- Ce sujet est de la compétence de la Région Flamande, qui a commandé une étude sur base d'une montée de trois mètres. Ca ne veut pas dire que cela arrivera, c'est le scénario pour l'étude. Des constructions de digues et d'îles sont prévues. Mais non, les stations ne sont pas menacées. Mais ne me demandez pas ce qui arrivera dans 200 ans !
- Pourquoi est-ce vous, ministre de la Justice qui êtes aussi le ministre de la mer du Nord ?
- Ce poste existe depuis la fin des années 1990. Il a presque toujours été confié à un Flamand occidental. J'habite Courtrai et je connais tous les bourgmestres de la côte belge. La mer du Nord, c'est super-intéressant, c'est la 11ème province de la Belgique".
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