"Quarante ans après sa mort, que reste-t-il de Jacques Brel?
- L'étonnement ! L'étonnement de l'intérêt perpétuel qu'il continue à susciter. Quand je vois tout le travail que nous avons ici à la Fondation Jacques Brel, ça ne fait que s'amplifier. Des gens nous sollicitent pour des spectacles, pour avoir le droit d'interpréter ses chansons. Et surtout, nous avons énormément de demandes pour des synchronisations de films. Des réalisateurs qui aimeraient pouvoir utiliser une chanson de Jacques. Ca vient de partout dans le monde, et de plus en plus souvent. Peut-être à cause des réseaux sociaux qui diffusent ses chansons aux quatre coins de la planète.
- Vous publiez deux livres. Le premier est consacré aux chansons de Brel. Ca existait déjà pourtant?
- Oui, publié en 1981, mais l'éditeur ne voulait pas réinvestir dans une nouvelle publication. Or, cette édition reprenait les textes chantés par Brel et par ordre alphabétique. C'était une erreur. Nous pensons qu'il vaut mieux éditer le texte écrit par Jacques qui parfois diffère un peu de celui qui est chanté et par ordre chronologique. C'est ce que la Fondation a fait lorsque le contrat avec l'ancien éditeur s'est terminé. Nous avons également accompagné les textes de commentaires glanés dans les journaux de l'époque.
- Et puis, il y a ce gros ouvrage sur Jacques Brel auteur?
- Je voulais montrer au grand public la cohérence du travail de Jacques entre ce qu'il a écrit au tout début et à la fin de sa vie. J'ai repris tous les textes. Depuis ses premiers textes alors qu'il est à peine sorti de l'enfance jusqu'aux dernières chansons. J'y ai ajouté des commentaires tirés des journaux de l'époque ou des interviews données en radio et en télé. Beaucoup de photos aussi et des souvenirs personnels. Ce n'est pas une biographie au sens strict mais ça permet de mieux cerner certaines choses.
- Comme quoi, par exemple?
- Ca permet, entre autres, de corriger certaines images. Ainsi, on s'aperçoit que le père de Jacques n'était pas cet homme austère et sans fantaisie qu'on a toujours présenté. Ou encore que Brel lui-même ne passait pas sa vie à rigoler...
- Vous évoquez aussi les mots de ses chansons qui évoluent?
- Quand on lit chronologiquement ses textes, on se rend compte que certains mot disparaissent un moment et d'autres apparaissent. Ainsi, au début, il parle souvent des "20 ans", on y retrouve de la joie et de l'énergie. Puis, à 30 ans, on n'en parle plus et de nouveaux termes apparaissent comme Isabelle ou tendresse, un mot qu'il ne lâchera plus. A partir de 29 ans, Jacques se considère comme un vieux. Le meilleur est derrière lui. "Ne me quitte pas" est un basculement. Ses textes sont de plus en plus élaborés et il crée un univers bien à lui.
- Il avait peur de mourir?
- Non. Il avait peur de vieillir. Il l'a d'ailleurs écrit et chanté. Il avait peur de ne pas pouvoir faire tout ce qu'il avait envie de faire. Je pense que c'est venu de sa propre situation familiale. C'était un enfant de vieux : le petit dernier de parents qui étaient déjà des petits derniers. Il n'a vu que des gens âgés autour de lui.
- Vous avez aussi retrouvé des textes inédits?
- Oui, des textes de jeunesse, des chansons jamais divulguées, des scénarios, des extraits de pièces radiophoniques. On trouve aussi dans les deux livres les textes des huit chansons qu'il a enregistrées en flamand.
- Tous ces souvenirs sauvegardés, il était collectionneur?
- Non, pas du tout. En revanche, ma grand-mère et ma mère, oui. Je pense que ce sont elles qui ont commencé à conserver tout cela. Et moi, la troisième génération, je suis comme elles!".
3 commentaires:
Un bel hommage à un des plus grands de tous les temps...
¸¸.•*¨*• ☆
ça me fait tout bizarre qu'elle dise "Brel" ou "Jacques" en parlant de son grand-père...
40 ans après le décès de Jacques Brel, il reste tout de lui, ses chansons sont toujours écoutées et appréciées.
Enregistrer un commentaire