Né à Bruges en 1983, Rien Emmery a consacré son mémoire de licence en histoire au rôle joué par le prince-régent Charles de Belgique (oncle du roi Albert II) durant la Question Royale. Il a ensuite décidé d'écrire une biographie complète, bien documentée et objective sur ce prince méconnu.
Dans le chapitre consacré à son enfance et à sa formation dans la marine britannique, on constate déjà les relations difficiles entre le prince Charles (fils cadet d'Albert Ier et Elisabeth) et sa famille, notamment à travers les lettres conservées dans les archives du palais royal. Durant la première guerre mondiale et ses études en Angleterre, Charles voit très peu ses parents qui l'encouragent par courrier à être plus travailleur et plus discipliné. Rien Emmery fait remarquer : "Il est hors de doute que le Roi avait de l'affection pour son fils et vice-versa, mais aucun des deux n'arrivait apparemment à l'exprimer".
De retour en Belgique, le prince se fait prier pour assister à certaines cérémonies protocolaires, ce que lui reproche son frère Léopold dans une lettre de 1934 : "Ta vie est faite d'ennui, d'improductivité, de gaspillage de temps, de farce et de bonheurs, d'égoïsme en un mot". Dans les années 30, Charles commence à constituer son domaine de Raversijde à la côte belge et restaure l'aile gauche du palais royal de Bruxelles. De sa liaison avec Jacqueline Wehrli naît en 1939 une fille Isabelle qu'il ne reconnaît pas.
Lors de la campagne des 18 jours en mai 1940, Charles visite les postes de commandement et fait rapport chaque soir à Léopold III et ses généraux. Il approuve la capitulation de l'armée belge décidée par son frère, mais leurs opinions divergent ensuite : Charles est anglophile, tandis que l'entourage de Léopold cherche à nouer de bonnes relations avec l'Allemagne. Lors de la déportation du Roi, Charles parvient à s'enfuir et se cacher dans les Ardennes. Suite à la libération de la Belgique, les Chambres réunies le nomment régent du royaume en septembre 1944.
De 1944 à 1950, le prince Charles a effectué correctement son rôle de régent et avait de bonnes relations avec le monde politique. Sa préférence va à des coalitions rouge-romaines (socialistes et catholiques). Selon Rien Emmery, son rôle dans le dénouement de la Question Royale est plus ambigu : "Il semble clair que Charles et son secrétaire André de Staercke n'avaient pas seulement des objections constitutionnelles contre la consultation de 1950. Ils espéraient, en même temps, que le scrutin, puisqu'il était inévitable, ne donnerait pas une majorité à Léopold" (p. 216).
Rien Emmery ajoute à la page 245 : "Comme régent, il n'a jamais tenté de se faire valoir aux dépens de son frère. Dès la fin de 1945, le prince était convaincu que Léopold devrait abdiquer et que son fils Baudouin devait devenir le nouveau roi des Belges, mais il voulait être sûr que Léopold ne pèserait pas trop lourdement sur la formation de son fils. Dans la Question Royale, Charles n'a certainement pas été impartial. Il a souvent dû risquer le tout pour le tout afin d'empêcher ou de retarder le retour de son frère. Mais il ne l'a jamais fait dans l'espoir vaniteux de rester lui-même au pouvoir".
Après 1950, Charles coupe les ponts avec sa famille et se réfugie dans sa propriété de Raversijde, où il s'adonne à sa passion pour la peinture sous le nom de Karel van Vlaanderen. Les dernières années de sa vie sont marquées par plusieurs procès intentés par le prince et par ses expositions de peinture qui suscitent la curiosité et l'intérêt du public. Je ne suis pas d'accord avec Rien Emmery lorsqu'il écrit à la page 256 : "Charles n'avait pas de vrais amis et se sentait souvent seul". Il est dommage que l'auteur n'ait pas rencontré Gunnar Riebs, Gaston Jaumotte ou Yves de Jonghe d'Ardoye d'Erp qui étaient des intimes du prince à la fin de sa vie...
Charles décède en 1983 à Ostende et la Belgique organise des funérailles nationales pour son ancien régent oublié de tous.
Je n'ai trouvé que deux petites erreurs dans cet ouvrage intéressant :
p. 92-93 : En 1944, Charles n'a pas envoyé un télégramme et n'a pas rencontré à Londres le grand-duc de Luxembourg, mais la grande-duchesse Charlotte de Luxembourg. Son époux le prince Félix n'avait pas le titre de grand-duc et n'était pas le chef d'Etat.
p. 251 : William Tuck n'a jamais été ambassadeur. C'était un riche ingénieur américain, docteur honoris causa de l'ULB, qui vivait en Belgique et avait épousé une jeune fille anversoise, Hilda Bunge.
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3 commentaires:
C'est bien intéressant.
C'est ainsi que dans quelques années les mémoires et thèses en histoire se pencheront sur la fin d'une monarchie chiconnière nommée Belgique. Les étudiants décortiqueront ses dernières semaines.
Les étudiants en psycho-sociologie se pencheront plutôt +sur ces drôles de belgicains qui ont cru jusqu'au bout à ce pays artificiel nommé Belgique peuplé de deux ethnies différentes.
Ca m'a l'air en effet très intéressant! Comment quelqu'un aussi peu attiré par le pouvoir et les responsabilités s'y voit forcé et y découvre des capacités que personne ne soupçonnait. Une figure méconnue de notre histoire me semble-t-il, à laquelle nous devons naturellement beaucoup!
jé quelque question important sur le prince Charles de Belgique .merci de me repondre
ce qui est a lui??
sa nationalité??
mort ou vivant??
comment il a gagné de l'argent??
ce qui est il a interessé dedans??
quelle cause fait, a fait il soutiennent???
quels activités et accomplissements philanthropiques l'ont rendu célébre??
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