Mustii a répondu aux questions de la presse :
"Vous avez au départ une formation théâtrale et vous avez fait du cinéma. Maintenant, vous sortez un album. Comment gérez-vous vos deux carrières?
- J'ai un agent pour le cinéma et un label côté musique. Même si ce sont deux mondes assez cloisonnés, j'ai une équipe qui accepte et comprend que le cinéma peut nourrir le projet musical. Il ne faut pas voir ça comme deux choses contraires. Les artistes sont de plus en plus décomplexés. Avant, on disait "c'est l'acteur qui chante" ou "c'est le chanteur qui joue, c'est un caprice". Aujourd'hui, j'ai l'impression que le public demande des ponts entre disciplines. Les artistes ont besoin de passer par plusieurs médiums pour faire passer leur message.
- Dans "21st Century Boy", quel est votre message?
- Le personnage, le 21st Century Boy, est une sorte d'alter ego, un Hamlet du 21ème siècle. Le personnage de Shakespeare doit faire face au décès de son père. Il est très moderne de ce point de vue. L'album est conçu comme un journal intime. C'est lui qui parle et chaque chanson est une sorte d'aveu d'inquiétude sur un sujet. Il est inspiré d'une figure adolescente qui subit un traumatisme, comme dans les films de Gus Van Sant, Larry Clark, Harmony Korine. L'idée était ensuite de confronter ces angoisses à une musique qui, elle, est beaucoup plus grandiloquente, épique, large. Le côté galvanisant était indispensable, j'aime l'idée des paradoxes et des contrastes.
- Quelles sont vos inquiétudes?
- Il y a la question de la religion, la spiritualité, le rapport aux autres, le fait de ne plus se sentir en phase avec la société, pas intégré. J'ai repris ça du début de mon adolescence et j'ai ensuite fictionnalisé. J'imagine comment il va vivre après un traumatisme. Est-ce qu'il va vivre avec ces peurs? Se suicider? Aller vers la destruction des autres? Vers l'isolement? Ou au contraire, est-ce qu'il va regorger de vie? Chaque texte est un aveu d'angoisse sur le monde qui l'entoure mais sur des thèmes différents.
- Ce n'est pas pessimiste pour autant parce que vous ne donnez pas la réponse?
- Effectivement. A la fin de la chanson éponyme, il dit clairement qu'il ne va pas bien, il dit qu'il va peut-être prendre une arme, mais ne dit pas qu'il va le faire. J'avais envie de faire un album très lâcher-prise. Le but n'était pas de plomber les gens. Pour moi, l'inquiétude n'est pas du pessimisme. On est tous un peu inquiets, c'est moteur, c'est une forme d'observation et d'intelligence, ça peut être très constructif.
- L'album n'était pas encore sorti que la majorité de vos dates de concert affichaient sold out. Ca vous fait quoi?
- Eh bien, je me dis que je dois être à la hauteur! Je suis un angoissé de nature, depuis tout petit. C'est hypermotivant mais en même temps, j'ai peur de décevoir. Mais ça booste deux fois plus! Le seul moment où je me sens rassuré, c'est quand je suis sur scène.
- Pourquoi des chansons en anglais et pas en français?
- Ca m'est déjà arrivé d'écrire des trucs en français, mais je ne me sens pas encore prêt à partager ça. C'est lié à la musique que j'écris aussi, une musique liée aux sonorités anglo-saxonnes. Ca n'aurait pas marché avec du français, c'est référencé Lana Del Rey, Florence and The Machine, Hyphen Hyphen. J'écoute aussi beaucoup Bowie, New Order, Depeche Mode, Rihanna.
- L'ado de "21st Century Boy", c'est un peu votre Ziggy Stardust à vous?
- J'y ai un peu pensé mais Bowie, lui, le poussait très loin. Pour mes lives, je ne veux pas aller dans l'incarnation totale. J'aime trop l'aspect sincère du moment, je ne veux pas tomber dans l'aspect millimétré, théâtral où je ne serais qu'un personnage. Et ne pas tomber dans la schizophrénie totale parce que la frontière est fragile. C'est vrai qu'il y a, avec mes cheveux teints, une évocation du personnage.
- Vous, finalement, comment avez-vous trouvé votre place?
- Je crois que ce sont mes parents qui m'ont beaucoup aidé en m'inscrivant à des cours de théâtre. Ca m'a aidé à m'assumer, ça a été thérapeutique au départ. Ils se sont dits que ça allait peut-être m'ouvrir...et j'ai adoré ça. En me présentant face aux autres, j'avais des raisons de m'assumer".
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