Voici quelques déclarations de Johan Vande Lanotte, le président du SPA (parti socialiste flamand), extraites de l'hebdomadaire "Le Vif-L'Express" (n°2894 du 22 décembre 2006) qui le présente comme un éventuel futur premier ministre belge si la famille socialiste (SPA et PS) obtient le plus de sièges au Parlement lors des prochaines élections fédérales. S'il souhaite la régionalisation de certaines compétences, il utilise judicieusement un ton moins méprisant vis-à-vis des francophones qu'Yves Leterme. A vous de juger.
"Cette dernière décennie, les dépenses des régions et des communautés ont augmenté deux fois plus que celles de l'Etat fédéral. Or, les dépenses de sécurité sociale vont exploser dans les prochaines années et ces coûts-là seront à la charge de l'Etat fédéral. Il court à la faillite! A l'avenir, il faudra transférer davantage de compétences aux régions et aux communautés, sans transférer d'argent pour autant. Et l'Etat devra se recenter sur ses missions prioritaires et se délester de ce qui pourrait être assumé aussi bien, voire mieux, par d'autres niveaux de pouvoir".
"Il n'y a plus de transferts dans l'Inami (la branche soins de santé de la sécurité sociale)! Avant, c'est vrai, il y avait de grandes différences. En 1990, la Flandre était responsable de 54% des dépenses de soins de santé alors qu'elle abritait 57% de la population belge. Proportionnellement, les dépenses étaient donc supérieures en Wallonie. Les dernières statistiques disponibles datent de 2002. Le constat est déjà tout différent : 57,90% des Flamands pour 57,25% des dépenses. L'écart a été comblé, notamment grâce au travail effectué par le ministre socialiste des Affaires sociales Rudy Demotte. Yves Leterme, dont le parti réclame la scission des soins de santé, connaît ces chiffres : ils sont extraits des documents sur lesquels il s'appuie pour diriger le gouvernement flamand. Il sait aussi qu'en 2007, les dépenses de santé seront plus élevées en Flandre, car notre population vieillit".
"Dans un Etat décentralisé, quel sens y a-t-il à ce que la politique des grandes villes soit gérée à l'échelon fédéral? Il y aussi des situations absurdes dans les domaines de la sécurité et de la justice. Prenez Everberg, ce centre fermé pour mineurs délinquants, créé en 2002 à l'issue d'une crise politique : c'est l'Etat fédéral qui le subsidie, alors que la protection de la jeunesse est du ressort des communautés".
"Personnellement, çà ne m'amuse pas de réformer l'Etat. Je ne prône pas une nouvelle réforme ni par passion, ni parce que je rêverais d'affaiblir l'Etat fédéral au profit de la Flandre. Les symboles ne me passionnent absolument pas. Ce que je veux, c'est assurer la pérennité de notre modèle de sécurité sociale. Cela dit, je suis bien conscient qu'une réforme de l'Etat n'y suffira pas. Il faut aussi pour y parvenir une augmentation de la croissance et, par conséquent, un taux d'emploi plus élevé. Pourquoi ce dernier est-il plus bas que la moyenne européenne? Parce qu'on ne parvient pas à mettre en oeuvre des politiques adaptées. Les besoins de la Flandre, de la Wallonie et de Bruxelles sont tout à fait différents dans ce domaine".
"Si je m'en tiens aux résultats des dernières élections provinciales et aux tendances annoncées par les sondages, il faudra sans doute trois partis pour constituer l'aile flamande du gouvernement fédéral. Cela ne veut pas nécessairement dire que le gouvernement sera composé de six partis. On peut envisager que le CD&V monte aux affaires sans le CDH. Les accords du Lambermont de 2001 ont laissé des cicatrices au parti frère flamand. Herman Van Rompuy en est encore fort blessé. Cette blessure, alliée au fait que le CD&V a pris un tournant plus autonomiste, a contribué à distendre les liens à l'intérieur de la famille sociale-chrétienne".
"Laurette Onkelinx, Rudy Demotte, Elio Di Rupo ne donnent pas l'impression de vouloir étouffer les scandales ou de couvrir de mauvaises pratiques. On ne peut pas reprocher à la direction du PS d'avoir renoncé à mettre Jean-Claude Van Cauwenberghe à la porte : à ce stade, celui-ci n'a pas dû se justifier devant des juges. Le danger pour le PS serait de considérer que le plus dur est passé. Un phénomène d'usure le guette, si d'autres affaires éclatent ou si les procès s'éternisent".
"L'atout électoral du PS, c'est son organisation décentralisée. Mais c'est aussi son talon d'Achille. Les fédérations et les barons locaux sont puissants. Elio Di Rupo fait ce qu'il peut : il accroît peu à peu son droit de regard sur les fédérations. Il a intérêt à poursuivre ce travail de longue haleine".
"Je ne peux pas le nier : dans l'opinion publique flamande, il serait difficile de faire admettre un premier ministre francophone".
Et vous, Johan Vande Lanotte éventuel futur premier ministre belge, qu'en pensez-vous?
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