lundi 29 mai 2017

Les Belges à la Biennale de Venise

Plusieurs Belges participent actuellement à la célèbre Biennale d'art contemporain de Venise :

Axel Vervoordt
"Intuition" sera sa sixième et dernière exposition au Palazzo Fortuny. Avant d'ouvrir sa fondation au Kanaal près d'Anvers, l'antiquaire belge Axel Vervoordt montre une fois encore qu'il est un des meilleurs "assembleur" d'oeuvres d'art en faisant dialoguer dans la même pièce, près de l'atelier de Mariano Fortuny, l'immense toile faite de capsules métalliques "The Beginning and the End" du Ghanéen El Anatsui, la toile "Piazza d'Italia" de Giorgio De Chirico et la sculpture "Le Jour et la Nuit" d'Alexandre Calder.

2° Dirk Braeckman
Le photographe belge Dirk Braeckman expose ses clichés au pavillon belge où il défie les conventions :  des lieux vides où le temps semble s'être arrêté, des éléments d'intérieur interchangeables ou des personnages hors de toute émotion ou identité spécifique.

3° Jan Fabre
Dans le cadre de l'abbaye bénédictine de San Gregorio, Jan Fabre expose 40 oeuvres représentant ses 40 années de carrière artistique. Sa dernière oeuvre créée est un gigantesque scarabée en verre confectionné cette année dans les ateliers de Murano pour cette biennale.

Jan Fabre a répondu aux questions de la presse :
"Pourquoi avoir, dès vos débuts, choisi de travailler le verre et ensuite les ossements?
- Ce sont des matériaux très anciens qui me fascinent. J'ai un rapport très charnel avec le verre. C'est un matériau que l'on chauffe et qui change de forme, un peu comme l'utérus féminin. J'aime cette métaphore autour du verre qui peut être modulé comme bon vous semble, un peu comme les humains. Et puis, ce sont deux matériaux à la fois très solides mais aussi très fragiles. Les utiliser ensemble, çà m'a toujours beaucoup plu.

- C'est aussi une façon de célébrer les peintres flamands? La Flandre et son folklore sont d'ailleurs très présents dans votre travail?
- Oui, tout à fait. Van Eyck et tant d'autres utilisaient la poudre d'os pour peindre. Les crânes de verre associés aux squelettes de petits animaux ou d'oiseaux sont, par exemple, une référence à une guilde anversoise très ancienne.

- Vous utilisez constamment le bleu dans vos oeuvres, ce fameux bleu issu des bics. Comment vous est venue cette idée?
- C'est parce que je n'avais pas d'argent! J'ai commencé à utiliser l'encre des bics que je volais un peu partout parce que çà ne coûtait pas cher et j'ai trouvé cette couleur tellement fascinante, changeante avec la lumière, que j'ai plus pu m'en passer. Et puis, le bleu est une couleur très importante dans l'histoire de l'art. Par exemple, les vêtements de la Vierge sont toujours peints en bleu. Ici à Venise, le bleu occupe aussi une place très importante ; c'est un bleu plus moderne. Et puis, il y a l'heure bleue, ce moment de silence absolu où la nuit s'achève et les animaux ne sont pas encore éveillés. C'est magique...

- Et il y a ce canoë fait d'os, une pièce monumentale exposée pour la première fois, qui date de 1991 et qui prend une tout autre profondeur aujourd'hui?
- En tant qu'artiste, c'est à la fois formidable et horrible de constater qu'une pièce qui se voulait une critique du colonialisme il y a 25 ans, prend une tout autre signification aujourd'hui. Placée dans cette salle le long du Grand Canal de Venise, cette oeuvre résonne avec l'actualité de ces réfugiés qui débarquent sur les côtes italiennes, notamment. C'est à la fois grisant et honteux en même temps".

jeudi 25 mai 2017

En bref...

1° A l'occasion des 150 ans de "La légende d'Ulenspiegel" de Charles De Coster (dont je vous ai déjà parlé), une exposition a été organisée grâce à une subvention de l'accord culturel de 2012 entre la Flandre et la Fédération Wallonie-Bruxelles. Une exposition commune "La légende continue : Ulenspiegel 150 ans après De Coster" sera présentée du 23 mars au 17 juillet 2017 aux Archives et Musée de la Littérature à Bruxelles, puis du 29 juillet au 10 septembre 2017 à Damme en province de Flandre Occidentale.

2° Le Musée de Flandre à Cassel (France) proposait jusqu'en janvier une exposition consacrée à la représentation de l'animal dans la peinture flamande du 17ème siècle. Il poursuit avec un deuxième volet intitulé "A poils et à plumes" et consacré cette fois à l'animal dans la création contemporaine de neuf artistes belges de renommée internationale (Jan Fabre et ses scarabées, Wim Delvoye et ses peaux de cochon, Koen Vanmechelen et ses croisements de gallinacées, p.ex.). Ces oeuvres sont mises en dialogue avec des peintures anciennes sorties des collections du musée.

3° A partir de septembre prochain, la Région de Bruxelles-Capitale et la Ville de Bruxelles organiseront une formation d'enseignants bilingues. Les instituteurs diplômés de cette formation (dispensée par les Hautes Ecoles Erasmus Brussel et Francisco Ferrer) seront en mesure de donner cours, aussi bien dans l'enseignement primaire néerlandophone que francophone. Cette initiative devrait, en outre, résoudre le problème récurrent de manque de professeurs de néerlandais dans les écoles francophones.

4° Eduqué dans les deux langues (le français à la maison et le néerlandais à l'école), Pierre Schoentjes est devenu l'un des plus grands chercheurs flamands spécialisés en littérature française postérieure à 1980. Il est le professeur titulaire de la chaire de littérature française de l'Université de Gand. Récemment, l'ambassadrice de France en Belgique lui a remis les insignes de chevalier de l'Ordre des Palmes Académiques.

5° Suite à la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union Européenne, l'European Union Baroque Orchestra va quitter son siège de Woodstock dans l'Oxfordshire pour s'installer....à Anvers en Belgique. Créé en 1985, cet orchestre a donné plus de 600 concerts dans les plus grandes salles du monde dans 51 pays différents. Le but premier est de permettre à de jeunes musiciens de l'Union Européenne de travailler dans un orchestre professionnel et d'y être dirigés par des chefs de haut niveau. Depuis le Brexit, ses responsables cherchaient un nouveau lieu pour les accueillir, et leur choix s'est porté sur l'Amuz, le centre international de musique installé dans l'ancienne église baroque Saint-Augustin à Anvers. L'Amuz accueille de nombreuses formations, et dispose d'une salle de concert performante et d'un centre de recherche.

lundi 22 mai 2017

La bière belge reconnue par l'Unesco

Ce week-end, les trois ministres de la Culture (Alda Greoli pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, Isabelle Weykmans pour la communauté germanophone et Sven Gatz pour la Flandre) ont reçu officiellement le certificat attestant la reconnaissance de la culture de la bière au patrimoine immatériel mondial de l'Unesco. La candidature avait été introduite il y a deux ans grâce à la bonne collaboration entre nos trois communautés dans ce dossier. Prochaine étape pour la bière belge :  l'ouverture prévue en 2020 d'un "temple" de la bière dans le bâtiment de la Bourse, située non loin de la grand-place de Bruxelles.

Pour les personnes intéressées, voici un blog consacré aux bières belges :  http://bieresbelges.skynetblogs.be

Et vous, quelles sont vos bières belges préférées?

mercredi 17 mai 2017

La Belgique 4ème au Concours Eurovision

Après la 4ème place de Loïc Nottet en 2015 et la 10ème place de Laura Tesoro en 2016, notre pays s'est à nouveau classé 4ème du Concours Eurovision ce week-end. C'est Blanche (de son vrai nom Ellie Delvaux), une jeune bruxelloise de 18 ans, qui nous représentait. Elle avait participé à la cinquième saison de "The Voice Belgique" sur la RTBF. Sa chanson "City lights" est déjà disque d'or. Pour l'écouter :   https://www.youtube.com/watch?v=oxsCmChDYwA

Rappelons que la Belgique n'a gagné qu'une seule fois l'Eurovision :  c'était en 1986 grâce à la chanson "J'aime la vie" de Sandra Kim. Plus d'infos :  http://journalpetitbelge.blogspot.be/2009/05/la-belgique-et-leurovision.html

jeudi 11 mai 2017

Expo Pol Bury à Bruxelles

Jusqu'au 4 juin, le palais des Beaux-Arts de Bruxelles propose une exposition consacrée à l'artiste Pol Bury (1922-2005). Né dans la province du Hainaut, il étudie à l'Académie des Beaux-Arts de Mons, avant de participer à divers mouvements (surréalisme, Cobra, art cinétique). Personnellement, je ne connaissais que ses fontaines mobiles publiques en acier, mais le mérite de cette exposition est de montrer ce qu'il a fait d'autre dans sa carrière artistique. Notre amie Tania a fait un compte-rendu détaillé de l'exposition :   http://textespretextes.blogs.lalibre.be/tag/pol+bury . Point négatif : le prix d'entrée de l'exposition (16 euros) qui ne donne pas accès aux autres expositions.

jeudi 4 mai 2017

A la côte belge...

1° Le MuZee d'Ostende propose en ce moment l'exposition "La résistance en images" autour du peintre, dessinateur, illustrateur et maître graveur belge Frans Masereel (1889-1972). Elle met en avant l'engagement social et pacifique d'artistes de son époque. Notre amie Adrienne l'a visitée et en a fait un compte-rendu sur son blog :    http://adrienne.skynetblogs.be/archive/2017/04/15/m-comme-masereel-8718598.html

2° La station balnéaire d'Oostduinkerke a lancé un concours original qui vous permettra de profiter d'une cabine de plage pendant un mois. Le concours est simple :  il consiste à envoyer une photo originale ou/et drôle prise sur une plage de notre littoral. Les clichés sont à envoyer à l'adresse strandcabine@koksijde.be . Vous devez mentionner dans le mail votre nom, votre ville et votre numéro de téléphone. Jusqu'au 31 mai, chaque participant ne peut envoyer qu'une seule photo. Toutes les photos seront ensuite partagées sur la page Facebook de Koksijde-Oostduinkerke du 1er au 15 juin. Les deux personnes dont les photos auront obtenu le plus de like remporteront donc une cabine de plage gratuite pendant un mois (soit en juillet, soit en août).

Rappelons que la côte belge compte environ 800 à 900 cabines qui sont toujours autant demandées l'été. Elles ne sont disponibles qu'à partir de la deuxième semaine après la Pentecôte jusqu'à fin septembre. Elles sont démontées en dehors de ces périodes. Le prix de location pour une cabine démarre à 15 euros pour une journée, et il faut compter 300 euros pour un mois d'été. Que met-on dans ces cabines en bois?  Généralement, ce sont des familles avec des petits enfants qui les louent, et cela leur permet d'entreposer tout le matériel de plage, et ainsi éviter de devoir l'amener sur le sable chaque jour, puis de le ramener à l'appartement. A noter qu'à Saint-Idesbald, certaines cabines sont décorées par des artistes et ont été rebaptisées "Cabin'art".

lundi 1 mai 2017

Stéphanie de Lannoy : une Belge à la Cour du Luxembourg

                            
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(Article actualisé en février 2020)

Au printemps 2012,  la Cour grand-ducale luxembourgeoise a annoncé les fiançailles du grand-duc héritier Guillaume (30 ans à l'époque) avec la comtesse Stéphanie de Lannoy, une jeune et discrète femme belge. Les ayant déjà vus en public, je les ai trouvés sympas et accessibles, pas du tout guindés.

Leur mariage civil a eu lieu le 19 octobre 2012 à l'hôtel de ville de Luxembourg (une première pour un futur souverain car cela avait lieu traditionnellement au palais grand-ducal). Leur mariage religieux s'est déroulé le lendemain en la cathédrale de Luxembourg, en présence de la famille grand-ducale luxembourgeoise et de la famille royale belge au complet, ainsi que de nombreux autres représentants du Gotha. Stéphanie portait une robe du couturier Elie Saab et le diadème de la famille de Lannoy.

Conférence de presse des fiancés à quelques jours de leur mariage :   http://www.parismatch.com/Royal-Blog/famille-royale-Luxembourg/Mariage-Luxembourg-Guillaume-et-Stephanie-en-interview-avec-Paris-Match-170765

Plus d'infos sur la jeunesse de Stéphanie : http://royalementblog.blogspot.be/2012/07/la-comtesse-stephanie-de-lannoy-future.html

Plus d'infos sur l'Hôtel de Lannoy à Bruxelles :  http://royalementblog.blogspot.be/2012/08/hotel-de-lannoy.html

Plus d'infos sur la branche luxembourgeoise des Lannoy :  http://royalementblog.blogspot.be/2012/09/la-branche-luxembourgeoise-des-lannoy.html

Plus d'infos sur les ancêtres communs de Guillaume et Stéphanie :   http://royalementblog.blogspot.be/2012/05/precis-genealogique-sur-les-origines-de.html

Plus d'infos sur le diadème de la famille de Lannoy (porté par Stéphanie le jour de son mariage) :  www.noblesseetroyautes.com/le-diademe-de-la-famille-de-lannoy

L'interview de ses 32 ans
A l'occasion de ses 32 ans en 2016, la grande-duchesse héritière a répondu aux questions d'Isabelle Rivère pour le magazine "Point de Vue" :

"Vous êtes entrée dans la famille grand-ducale à l'automne 2012. Trois ans, était-ce le temps qu'il fallait pour vous permettre d'embrasser cette existence entièrement nouvelle pour vous, pour commencer à tracer votre propre chemin?
- On dit souvent, en effet, que ce cap est une étape décisive, que trois années sont nécessaires pour intégrer pleinement les changements, les bouleversements de la vie. Il en a été ainsi pour moi, en tout cas. Je ne suis plus la même personne aujourd'hui, j'ai pris mes marques, j'ai gagné en assurance aussi, je me sens plus téméraire dans ce que j'entreprends, dans mes choix. Comme si, désormais, le rôle de grande-duchesse héritière faisait partie intégrante de ce que je suis, de ma personnalité, ce qui n'était pas le cas au début de mon mariage. J'y aspirais de toutes mes forces, bien sûr, j'étais face à de nouvelles responsabilités et j'y répondais du mieux que je le pouvais, mais à l'époque, certaines choses me paraissaient encore un peu abstraites. Depuis, j'ai, certes, beaucoup appris dans de nombreux domaines, mais j'ai surtout beaucoup évolué, beaucoup mûri, beaucoup appris sur moi-même. Je me sens pleinement luxembourgeoise, je suis ici chez moi.

- Le métier de princesse est un métier au service des autres, un métier de devoir. Plus jeune, dites-vous, vous ne vous seriez jamais imaginée capable de faire ce que vous faites aujourd'hui.
- Je n'aime pas la notion de devoir qui implique une notion de contrainte, celle de service me paraît plus juste. Il est impossible, à mes yeux, de faire correctement son devoir si on ne se place pas, d'abord et avant tout, au service des autres. Peu après mon mariage, on m'avait posé la question :  "Que veut dire pour vous être grande-duchesse héritière?". J'avais répondu spontanément : "Ce n'est pas quelque chose que l'on apprend, c'est quelque chose qui vient tout entier du cœur". Il y a, dans le fait de servir, une idée de gratuité, et c'est bien cette gratuité que j'aime et qui distingue notre métier de la plupart des autres. Il faut être conscient de cette chance.

- L'éducation que vous ont donnée vos parents, les valeurs qu'ils vous ont transmises, vous y avaient-elles, d'une certaine manière, préparée?
- La notion de responsabilité était essentielle pour mes parents, ils nous l'ont enseignée par l'exemple, par le modèle de vie qu'ils s'étaient choisi. Ils avaient hérité d'une propriété familiale en Belgique, près de la frontière française (c'est là que j'ai grandi) et en étaient très reconnaissants. Tous deux s'impliquaient bénévolement, de manière très active, dans l'action associative locale. Chaque soir ou presque, mon père partait assister à des réunions, il était président de l'école. Maman, elle, avait créé la bibliothèque du village. J'ai appris, compris très tôt, grâce à eux que les cadeaux que nous recevons de l'existence s'accompagnent d'une responsabilité, et je considère là encore comme une chance, comme une force, d'avoir pu intégrer cela dès mon plus jeune âge.

- Le rôle de grande-duchesse héritière implique toutefois des obligations, des contraintes particulières. Le prestige, la dimension historique qui lui sont associés ne vous ont jamais intimidée?
- Lorsque, avec Guillaume, nous avons décidé de nous marier, il était naturel pour moi que ce choix s'accompagne de responsabilités. Je ne l'ai jamais remis en question, je ne me suis jamais rebellée contre cela, bien au contraire. Intimidée, oui, bien sûr, je l'ai été. Mais j'avais la chance d'avoir grandi dans un milieu qui, sans être celui dans lequel j'évolue aujourd'hui, n'en était pas très éloigné. Je connaissais une partie de la famille de Guillaume, ses cousines notamment, bien avant de le rencontrer, son monde ne m'était pas étranger. Et je dois dire que ma belle-mère, la grande-duchesse, est très bienveillante avec moi. Je sais que j'ai son écoute, si besoin est, et cela est très important.

- Votre nouvelle vie en tant que princesse vous a-t-elle confrontée à des difficultés, procuré des joies auxquelles vous ne vous attendiez pas?
- Des difficultés, il y en a eu, bien sûr, mais à mes yeux, seul compte l'aspect positif des choses. J'ai la chance de rencontrer des personnes de tout âge et venues de tous horizons. Le contact humain a toujours été essentiel pour moi, et c'est sans doute là le plus grand trésor que m'ont apporté les trois années qui viennent de s'écouler. Les gens se confient souvent à nous, c'est très émouvant, mais ce qu'ils ne savent pas, c'est ce qu'ils nous apportent à nous aussi, combien nous nous enrichissons à leur contact. Cela fait vraiment partie de ce que je vis tous les jours de plus beau.

- Comment le grand-duc héritier Guillaume a-t-il accompagné, guidé vos premiers pas sur la scène publique?
- Le contexte était très particulier. J'ai perdu ma mère moins de deux mois avant mon mariage, sa disparition était très soudaine. Au bonheur est venu se greffer le chagrin. Cette période de ma vie, qui aurait dû être si heureuse, a en fait été très difficile. Sans Guillaume, je n'aurais jamais réussi à la traverser, comme je l'ai fait. J'étais en proie à toutes sortes d'émotions et d'humeurs changeantes, mais il était toujours attentif, il m'aidait à avancer sans jamais me brusquer. Un couple vit immanquablement des épreuves, mais il est rare qu'il les affronte avant de se marier. Ces deux mois de deuil et de préparatifs mêlés nous ont rendus plus forts encore, je me rends compte aujourd'hui à quel point, alors, nous avons consolidé notre amour.

- Si l'on vous demandait de brosser en quelques mots le portrait du grand-duc héritier Guillaume, comment le décririez-vous?
- Guillaume est un mari très présent, très attentionné, très à l'écoute, exceptionnellement à l'écoute, même. Comme beaucoup de femmes, j'aime parler... Dans un couple, il est important d'être attentif l'un à l'autre, bien sûr, mais cela est également essentiel dans notre métier. Ce que nous vivons se révèle parfois difficile à appréhender pour quelqu'un de l'extérieur, même très proche, et je sais que mon mari est l'une des seules personnes au monde capables de le comprendre. Il se révèle d'ailleurs toujours de très bon conseil. Guillaume a un caractère très fédérateur, il crée facilement des liens entre lui et les autres, mais aussi entre les gens eux-mêmes, ce qui est une qualité plutôt rare. Nous partageons en outre un même amour de la musique. Même si ses goûts sont un peu moins classiques que les miens, Guillaume a une oreille très musicale, il chante remarquablement, il compose. J'ai aussi la chance d'avoir épousé un homme qui cuisine très bien!

- Vous avez fait le choix de travailler ensemble et de remplir la plupart de vos engagements officiels en couple.
- Nous travaillons ensemble dans de nombreux domaines, nous effectuons quasiment toutes les missions économiques à deux, par exemple. En réalité, nous n'avons pas d'emploi du temps fixe, pas de journée type, car notre rôle est d'être à l'écoute des besoins et des demandes des Luxembourgeois, au moment où celles-ci se présentent. A l'heure où je vous parle, je peux difficilement vous dire ce que je ferai dans six mois ou un an, même si je travaillerai toujours à essayer d'apporter une réponse aux problèmes qui me tiennent à cœur, comme la solitude et l'isolement, deux maux qui ne cessent de gagner du terrain dans nos sociétés modernes. Ce ne sont pas nos intérêts que Guillaume et moi devons mettre en avant, mais ceux des Luxembourgeois, et cela passe par une attention de chaque instant à leurs préoccupations, à leurs problèmes.

- En septembre dernier, vous avez répondu à l'invitation du prince Haakon et de la princesse Mette-Marit de Norvège à participer à un week-end en compagnie de plusieurs autres couples héritiers. En quoi ces réunions, qui ont maintenant lieu régulièrement, sont-elles importantes?
- Nous faisons le même métier, un métier que nous ne sommes pas nombreux à exercer. Nos pays sont différents, les problématiques y sont différentes, mais les choses qui nous tracassent, les difficultés que nous rencontrons sont souvent similaires. Nous pouvons vraiment nous entraider sur de nombreux sujets. Voilà pourquoi ces réunions sont très utiles. Par ailleurs, nous sommes tous liés par une solide amitié. Ces deux journées nous permettent de passer du temps ensemble. Nous sommes toujours heureux de nous retrouver.

- Votre époux et vous-même parvenez-vous à vous ménager des espace de liberté, de "normalité"?
- Oui. Il est essentiel de faire une distinction claire entre la sphère publique et la sphère privée. Si on ne les sépare pas, ce n'est pas tenable. Nous avons notamment tous les deux la chance d'avoir des familles très unies et qui aiment se retrouver. Nous passons donc beaucoup de temps avec nos proches le week-end et pendant les vacances. Les amis tiennent eux aussi une place importante dans notre vie. J'ai gardé contact avec tous ceux que j'avais avant mon mariage, nous nous appelons, nous nous voyons le plus souvent possible. Je suis convaincue que seule une vie personnelle épanouie permet ensuite, dans le cadre officiel, de donner le meilleur de soi.

- Et de rester fidèle à ce que l'on est?
- On ne peut pas être au service des autres en jouant un rôle. Tricher n'a pas de sens".

Domaine social
Lors de leur mariage, Renault Luxembourg leur a offert une nouvelle Renault Clio. Les jeunes mariés ont décidé de l'offrir à l'Association Luxembourg Alzheimer. Le véhicule sera utilisé par les services social, psychologique et ergothérapeutique de l'association.

Ils ont également reçu 157.810 euros de dons de Luxembourgeois (particuliers ou entreprises). Une partie de cet argent a été attribué au projet Connect de l'Université de Luxembourg qui a pour objectif la mise en place d'une plate-forme web interactive qui permettra d'améliorer la planification de la prise en charge des personnes atteintes par la maladie d'Alzheimer ou une démence associée.

La grande-duchesse héritière est un des quatre administrateurs de la Fondation Grand-Duc et Grande-Duchesse de Luxembourg, et accorde son Haut Patronage au laboratoire scolaire du Luxembourg Centre for System Biomedecine de l'Université de Luxembourg.

Depuis 2017, l'asbl Blëtz (Association luxembourgeoise des concernés d'une lésion cérébrale) est placée sous son Haut Patronage. Une cause qui la touche personnellement suite au décès de sa maman. A l'occasion de la Journée Mondiale de l'AVC (Accident Vasculaire Cérébrale) 2017, elle assiste à Bettembourg à la conférence "Je ne suis plus moi-même" de la neuropsychologue Patricia Santos.

Guillaume et Stéphanie assistent, en novembre 2017, au concert "Gospel and Friends", un chœur composé de personnes âgées de 75 à 100 ans. Il a été organisé par la Fondation Ecouter pour Mieux s'Entendre, et était destiné aux pensionnaires des maisons de retraite du groupe Servior au grand-duché de Luxembourg. Ce projet a bénéficié d'un don de la Fondation Grand-Duc et Grande-Duchesse de Luxembourg (dont Stéphanie est administratrice).

Les cartes de vœux 2018 et 2019 des grands-ducs héritiers est réalisée par des personnes autistes de la Fondation Autisme Luxembourg, dont ils avaient visité les ateliers et foyers à Munshausen.

Domaine culturel

Depuis mars 2013, la grande-duchesse héritière accorde son Haut Patronage à l'association des Amis des Musées d'Art et d'Histoire Luxembourg. Fondée en 1976 par des passionnés d'art et d'histoire, cette association compte plus de 1.700 membres qui contribuent à l'enrichissement des collections, à la sauvegarde du patrimoine culturel, à la promotion de l'art et de l'histoire, ainsi qu'à mieux faire connaître les collections muséales et les sites culturels luxembourgeois à l'étranger.

A l'occasion de leur visite à la Biennale de Venise en mai 2015, Guillaume et Stéphanie se confient au magazine "Point de Vue" :

"Quelles sont vos premières impressions de cette Biennale?
-  S : C'est la première fois que nous nous rendons à Venise, et donc à la Biennale. Nous avons bien entendu profité de notre venue pour visiter les Giardini, et notamment les pavillons de la France et de la Belgique. Nous avons été impressionnés par la diversité et la richesse artistiques des expositions. Je trouve très belle la symbolique de perpétuer la tradition artistique contemporaine dans une cité si chargée de patrimoine historique.
- G : Nous avons également eu l'opportunité de découvrir l'impressionnante collection d'art moderne de Peggy Guggenheim et de redécouvrir nombre d'oeuvres surréalistes ou abstraites dans cette demeure unique en son genre.

- Qu'avez-vous pensé du pavillon "Paradiso Lussemburgo" imaginé par Filip Markiewicz? Connaissiez-vous son travail?
- G : Le pavillon Ca'del Duca est une petite merveille. Mon épouse et moi-même n'avions pas eu l'occasion de rencontrer Filip Markiewicz auparavant, et nous avons tous les deux été impressionnés par son talent. J'étais particulièrement fier de faire la rencontre d'un jeune homme engagé qui, par le biais de l'art, souhaite sensibiliser les visiteurs à certains problèmes sociétaux qui lui sont chers. Non seulement il s'agit d'un dessinateur hors pair, mais de surcroît, il réussit à mettre en scène différents moyens d'expression tels que la danse, la musique, la sculpture,...en créant un ensemble qui à travers le message véhiculé parvient à toucher le visiteur.
- S : Par ailleurs, il a voulu montrer à la fois la richesse, la diversité et la complexité du grand-duché de Luxembourg. C'est un fameux défi et il l'a relevé de manière exemplaire!

- Comment percevez-vous la présence de plusieurs dessins représentant la famille grand-ducale dont vous-mêmes lors de votre mariage?
- G : Filip Markiewicz parvient à dresser un panorama de l'actualité très complet et nous avons été très touchés que notre famille en fasse partie. D'ailleurs, nous lui avons demandé une copie du dessin illustrant notre mariage.

- Quelle place a l'art contemporain dans vos passions et loisirs?
- S : La passion des jeunes artistes luxembourgeois nous touche et nous impressionne. Nous accordons beaucoup d'importance à l'art et à la création, car nous croyons que c'est une composante incontournable d'un pays. J'ai d'ailleurs accepté le Haut Patronage de l'association des Amis des Musées d'Art et d'Histoire Luxembourg.
- G : Je pense que l'une des plus belles manières de porter haut les couleurs d'un pays se fait à travers la culture. Ce fut le cas en 2003 quand, grâce au travail de Su-Mei Tse, le Luxembourg se voit attribuer le Lion d'Or de la meilleure participation nationale de la Biennale, tout comme aujourd'hui où d'autres artistes, tels Filip Markiewicz, font la fierté du grand-duché".

En 2015, la grande-duchesse héritière se rend aussi à Bruxelles où elle est l'invitée personnelle de la reine Mathilde dans la loge royale du palais des Beaux-Arts pour assister à une finale du Concours Musical Reine Elisabeth, créé par l'arrière-arrière-grand-mère de son époux.

Le nouveau conseil d'administration du Musée d'Art Moderne Grand-Duc Jean de Luxembourg (MUDAM) est approuvé par le gouvernement luxembourgeois en janvier 2016 pour un mandat de six ans. Il passe de 14 à 7 membres, et sera présidé par la grande-duchesse héritière Stéphanie (en remplacement de l'ancien premier ministre Jacques Santer).

Un mois plus tard, elle accompagne les Amis des Musées d'Art et d'Histoire Luxembourg au Grand Palais à Paris pour y visiter les expositions consacrées à Picasso et Lucien Clergue. Le magazine français "Point de Vue" lui demande à l'occasion de ses 32 ans :

"Vous semblez aujourd'hui faire des arts, et de la culture en général, l'une de vos priorités?
- Cela a toujours été le cas, j'ai toujours porté un vif intérêt à l'art. Mon travail dans ce domaine s'est simplement trouvé davantage médiatisé ces derniers temps. J'ai également repris le Haut Patronage des Amis des Musées d'Art et d'Histoire Luxembourg, par exemple, ce qui me paraissait être une démarche profondément en lien avec mon histoire personnelle. Vous savez, je ne connaissais pas bien le grand-duché lorsque j'y suis arrivée, Guillaume et moi étions tout juste fiancés. J'étais curieuse de tout, de la vie du pays, de ses traditions. Mon premier réflexe a tout naturellement été de commencer par visiter ses musées, et j'ai été épatée par ce que j'ai découvert, par le dynamisme et la richesse culturelle du Luxembourg. Ici, pas une seule petite ville qui n'ait son musée, ses collections, pour la plupart d'une qualité exceptionnelle. Je trouve cela vraiment impressionnant.

- Vous venez d'accepter la présidence du conseil d'administration du MUDAM. Comment voyez-vous votre rôle à la tête de cette institution?
- Je suis très honorée d'avoir été choisie, très touchée aussi. Le MUDAM est l'un des fleurons de la vie culturelle du Luxembourg. Sa renommée s'étend bien au-delà des frontières du grand-duché. Je suis entourée, au conseil d'administration comme dans l'équipe dirigeante, de personnes de grande qualité, extrêmement compétentes, vous me voyez donc très confiante, très enthousiaste. Le fait qu'un membre de la famille reprenne la présidence du musée qui porte le nom de notre grand-père est également très symbolique. Le grand-duc Jean est un homme que j'admire énormément, et pour qui j'ai une immense affection.

- Vous jouez du piano et du violon. Quelle place la musique tient-elle dans votre vie?
- Mes parents nous ont plus ou moins tous obligés à faire de la musique classique. Nous sommes huit enfants, tous passés par le conservatoire. Je ne sais pas si, très jeune, j'avais conscience de la chance que j'avais, mais ce qui est certain, c'est que je me suis réellement approprié la musique classique vers 12-13 ans, lorsque j'ai souhaité apprendre le violon. Jusque là, je jouais du piano, un instrument "fortement conseillé" par mes parents. Mais le violon était mon choix, je devenais d'un seul coup proactive. Résultat : j'ai découvert la musique autrement, j'ai vraiment accroché. Le violon est un instrument que j'ai beaucoup beaucoup aimé. Je n'en joue plus aussi souvent que je le voudrais, malheureusement, mais la musique est toujours très présente dans ma vie. Je ne pourrais pas concevoir l'existence sans elle. La musique est essentielle à notre nature profonde, elle sait toujours trouver le chemin de l'âme".

En tant que présidente du MUDAM (qui fête ses 10 ans en 2016), Stéphanie est présente au vernissage de l'exposition de l'artiste belge Wim Delvoye - qui avait marqué l'ouverture du musée avec la création de sa "Chapelle" - et y accueille le grand-duc Jean venu voir en privé l'exposition qui propose deux oeuvres de l'artiste achetées par la grande-duchesse Joséphine-Charlotte pour sa collection privée d'art moderne. Le 2 juillet, les grands-ducs héritiers et le premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel assistent à la cérémonie officielle du dixième anniversaire du MUDAM.

Le 29 septembre, Stéphanie assiste à une conférence publique d'Asker Pelgrom sur le peintre romantique Barend Cornelis Koekkoek, auteur de l'oeuvre "Vue sur le château de Larochette". Ce tableau a été peint en 1848 pour Guillaume II, roi des Pays-Bas et grand-duc de Luxembourg. En mai, le Musée d'Art et d'Histoire de Luxembourg avait lancé une campagne de crowdfunding afin d'acquérir ce tableau (75.000 euros avaient déjà été récoltés fin septembre sur les 100.000 euros espérés).

Fait rarissime le 7 octobre :  Henri, Maria-Teresa, Guillaume et Stéphanie se rendent ensemble à l'étranger pour visiter une exposition ("Néron : empereur, artiste et tyran" à Trêves en Allemagne). En décembre, nouveau déplacement culturel à l'étranger pour la grande-duchesse héritière : elle visite l'exposition "21, rue La Boétie" au Musée de la Boverie à Liège (Belgique) en compagnie du secrétaire d'Etat luxembourgeois à la Culture Guy Arendt et de la journaliste française Anne Sinclair (auteur du livre sur lequel est basée l'exposition).

Première initiative culturelle de Guillaume et Stéphanie :  organiser une exposition pour encourager l'artisanat d'art contemporain. Mis en place par le commissaire Jean-Marc Dimanche, l'exposition "De mains de maîtres" présentait 200 oeuvres d'une soixantaine d'artistes et d'artisans (principalement luxembourgeois) :  céramique, verrerie, ébénisterie, haute couture, gravure, ferronnerie, etc. Elle a demandé sept mois de préparation pour sélectionner les pièces à présenter, mais aussi trouver la bonne manière de le faire dans les mille mètres carrés du deuxième étage de l'ancien siège de l'ARBED à Luxembourg. Toutes les oeuvres étaient en vente. Plus de 10.000 personnes s'y sont rendues du 1er au 5 décembre (trois jours pour le grand public, un jour pour les professionnels et un autre pour les écoles). Pari donc réussi pour les grands-ducs héritiers.

Le couple s'est réparti les discours :  Stéphanie lors du vernissage de l'exposition, Guillaume pour la soirée en l'honneur des artisans ayant œuvré à la restauration de l'ancien siège de l'ARBED. Ils sont également retournés à l'exposition avec des lycéens luxembourgeois. Et le 15 décembre, à la Chambre des Métiers, Stéphanie remet le prix du jury de l'exposition à la céramiste néerlandaise Ellen van der Woude.

En avril 2017, la grande-duchesse héritière emmène le magazine français "Point de Vue" à l'ancien couvent de Neumünster (Luxembourg)  "qui est aujourd'hui un centre culturel très actif mais a longtemps été utilisé comme prison, notamment pendant l'occupation allemande de la dernière guerre. On venait à l'emplacement où nous sommes pour dire un dernier adieu à son amoureux prisonnier qui passait dans la cour avant d'être incarcéré ou même exécuté".

Elle évoque aussi le Kirchberg sur les hauteurs de la capitale :   "C'est là que sont les institutions européennes basées au Luxembourg, mais aussi la Philharmonie, conçue par Christian de Portzamparc, et le MUDAM, le musée d'art moderne, oeuvre de l'architecte Ieoh Ming Pei, dont je préside le conseil d'administration depuis janvier 2016. J'étais déjà très impliquée dans l'art avec le Haut Patronage des Amis des Musées de Luxembourg. C'est une excellente fenêtre par rapport à l'étranger. Le MUDAM a d'ailleurs une reconnaissance internationale et accueille des expositions des plus grands artistes contemporains, comme Tony Cragg en ce moment. Le bâtiment est extraordinaire de beauté et intègre une partie du vieux fort Thüngen. Une manière d'enraciner l'art d'aujourd'hui dans celui du passé. La promotion de l'art me tient particulièrement à cœur. A l'exposition "De mains de maîtres", les Luxembourgeois étaient surpris de ce qui se faisait dans leur pays. Comme je suis sûre que les visiteurs du Grand Palais à Paris seront bientôt étonnés".

Son époux ajoute :  "Il s'agit de sensibiliser la jeunesse à ces métiers, sachant que l'artisanat représente 25% du tissu économique national et que deux mille départs à la retraite se profilent à échéance de dix ans. Nous avons notamment rencontré, lors de l'exposition, Anne-Claude Jeitz et Alain Calliste, deux maîtres verriers, qui vont être d'une autre aventure, début mai à Paris au Grand Palais, puisqu'ils feront partie des huit artisans d'art luxembourgeois présents à l'exposition "Révélations"".

En mai, les grands-ducs héritiers effectuent trois déplacements culturels à l'étranger. Ils se rendent d'abord au Grand Palais à Paris pour la troisième édition du salon international "Révélations", rendez-vous des passionnés de l'artisanat, de l'art et de la création. Pour la première fois, le grand-duché de Luxembourg y dispose d'un stand grâce à neuf artistes s'étant distingués lors de l'exposition "De mains de maître". Une réception est offerte à cette occasion par le gouvernement luxembourgeois. Guillaume et Stéphanie se rendent ensuite à la 57ème Biennale d'Art Contemporain de Venise pour y découvrir les pavillons luxembourgeois et belge. C'est l'artiste Mike Bourscheid qui est chargé de représenter le grand-duché. Puis, direction le 70ème festival de Cannes pour la soirée d'ouverture, et une visite du marché du film avec Guy Daleiden (directeur du Film Fund Luxembourg) et le premier ministre Xavier Bettel afin d'encourager la centaine de représentants du cinéma luxembourgeois.

En visite officielle à Luxembourg, la duchesse Catherine de Cambridge est accompagnée de Stéphanie lors de quatre activités culturelles :  visite de l'exposition Tony Cragg et Darren Almond au MUDAM, découverte des salles du Letzebuerg City Museum consacrées à l'évolution de la ville, promenade le long de la Corniche (inscrite au patrimoine de l'Unesco), et vernissage de l'exposition "1867. Luxembourg-ville ouverte". La duchesse a également été reçue au palais grand-ducal par la famille grand-ducale de Luxembourg.

Lors de la procession de l'Octave en mai, Stéphanie porte un bibi réalisé par Sylvia Martinez (Les Folie's Bibis), une Espagnole qui vit depuis plusieurs années en Lorraine et qui fait également partie d'une association qui promeut les métiers d'art au Luxembourg. Elle avait participé à l'exposition "De mains de maître" et avait offert ce bibi à la grande-duchesse héritière.

De passage à Luxembourg en juin,  le premier ministre estonien Jüri Ratas est reçu en audience par le grand-duc Henri, et visite le MUDAM avec Stéphanie, présidente du conseil d'administration.

Début juillet, les grands-ducs héritiers se rendent aux Rencontres de la Photographie d'Arles dans le sud de la France. Ils assistent au vernissage de l'exposition "Flux Feeling" (placée sous le Haut Patronage de Stéphanie) qui présente des oeuvres photographiques contemporaines et issues du patrimoine culturel luxembourgeois.

En septembre, Guillaume et Stéphanie sont présents à la soirée organisée au casino de Luxembourg pour les 40 ans des Amis des Musées d'Art et d'Histoire Luxembourg, et au concert des Young Belgian Strings à la Philharmonie de Luxembourg (ce concert était placé sous le Haut Patronage de la grande-duchesse héritière). Young Belgian Strings est un orchestre de chambre composé de 21 jeunes talents issus de différentes classes d'instruments à cordes de tous les conservatoires royaux et hautes écoles de musique de Belgique.

Les grands-ducs héritiers participent également à la partie culturelle de la 14ème réunion informelle des chefs d'Etat de pays germanophones organisée en septembre 2017 à Luxembourg :  ils visitent le MUDAM et la Philharmonie de Luxembourg avec les grands-ducs de Luxembourg, le roi et la reine des Belges, le prince-régent Aloïs et la princesse Sophie de Liechtenstein, les présidents de Suisse, Autriche, Allemagne et leurs conjoints. Le mois suivant, Stéphanie, le premier ministre Xavier Bettel et le secrétaire d'Etat à la Culture Guy Arendt assistent au vernissage des deux nouvelles expositions du MUDAM :   "Nested" de l'artiste Su-Mei Tse et "Flatland / Abstractions narratives #2".

Nouveau déplacement culturel du couple à l'étranger pour la visite de la Fundacion Carlos de Amberes à Madrid, une fondation vouée à la promotion des relations culturelles entre l'Espagne et les trois pays du Benelux (à l'origine, c'était un hospice fondé en 1594 pour accueillir les pèlerins et voyageurs issus des provinces des Pays-Bas espagnols). Pour l'occasion, la fondation présente une exposition de trois artistes ayant un lien avec le grand-duché :   l'artiste luxembourgeoise Mary-Audrey Ramirez qui vit à Berlin ;  Gust Graas, peintre et ancien CEO de Luxair, qui partage sa vie entre Majorque et Luxembourg ; l'artiste français Matthieu Manche qui présente un travail sur la ville luxembourgeoise de Dudelange.

En novembre, la grande-duchesse héritière remet le Prix Edward Steichen 2017 (créé lors du 125ème anniversaire du photographe et peintre Edward Steichen, né en 1879 au grand-duché) et visite le salon annuel du Cercle Artistique de Luxembourg.

Stéphanie poursuit son engagement culturel en décembre :  vernissage de l'exposition "De Mains de Maîtres" d'artisans luxembourgeois à Bruxelles (après Luxembourg et Paris),  visite du marché des créateurs organisé au MUDAM, visite de l'exposition "Para Sempre" au centre culturel portugais de Luxembourg avec l'artiste portugais Miguel Branco (dont cinq oeuvres font partie des collections du MUDAM), visite de l'exposition "Peinture" organisée par le ministère de la Culture pour mettre en avant la création au grand-duché.

Une partie des recettes générées par la vente d'objets d'art de l'exposition "De Mains de Maîtres" à Luxembourg, s'est vue destinée au soutien des artisans et créateurs d'art du pays souhaitant perfectionner leur savoir-faire. Une asbl "De Mains de Maîtres Luxembourg" est créée et la grande-duchesse héritière fait partie du conseil d'administration. En janvier 2018, elle remet la première bourse octroyée par le jury de l'asbl "De Mains de Maîtres Luxembourg" à Sarah Meyers parmi une dizaine de candidatures. Le mois suivant, elle annonce qu'il y aura une deuxième édition de l'exposition à Luxembourg à la fin de l'année 2018.

En janvier 2018, Stéphanie visite la rétrospective de l'artiste César au Centre Pompidou à Paris avec Les Amis des Musées d'Art et d'Histoire du Luxembourg (à qui elle accorde son Haut Patronage).

Dans le cadre du 68ème Festival International du Film de Berlin, les grands-ducs héritiers et le premier ministre Xavier Bettel (en charge de la Culture) se rendent une journée en Allemagne :  visite des studios de Babelsberg à Potsdam, déjeuner au restaurant luxembourgeois "De Maufel" à Berlin, visite des anciens ateliers du peintre luxembourgeois Michel Majerus décédé dans un accident d'avion (son oeuvre "Untitled" est exposée en permanence au MUDAM), et remise de distinctions honorifiques à trois artistes à l'ambassade du Luxembourg à Berlin.

Stéphanie assiste au vernissage de l'exposition Joao Penalva en mars au MUDAM. Avec son époux, elle visite en mai l'exposition de l'asbl Art et Ecole, qui a pour objectif de développer l'esprit artistique et esthétique des élèves. D'autres activités culturelles au programme de son été 2018 : visite de l'atelier de soufflage de Pascale Seil, rencontre avec des artistes lors de la soirée estivale du MUDAM, inauguration de l'exposition sur le 125ème anniversaire du mariage du grand-duc Guillaume IV et de Marie-Anne de Bragance, visite à Lëtz'Arles dans le sud de la France.

Le couple revient de Londres à la fin de l'année 2018 pour la deuxième biennale des métiers d'art, "De mains de maîtres". Six membres de la famille grand-ducale (le grand-duc Henri, Guillaume, Stéphanie, Guillaume, Sybilla et leur fille Charlotte) y font d'abord une visite informelle. Puis, dans le cadre du parcours extra-muros, les grands-ducs héritiers partent découvrir les œuvres exposées à la Villa Vauban et à l'atelier du couturier Ezri Kahn. Stéphanie prononce un discours lors du vernissage de l'exposition installée au 19 Liberté (siège de la Banque et Caisse d'Epargne), en présence notamment de son époux, du premier ministre Xavier Bettel et du journaliste franco-luxembourgeois Stéphane Bern (à qui le président Emmanuel Macron a confié une mission de défense du patrimoine). Elle rassemble les œuvres d'une soixantaine d'artisans et d'artistes, principalement luxembourgeois.

Les grands-ducs héritiers sont également présents quelques jours plus tard lors de la remise des prix de la biennale. Stéphanie confie à la presse :   "Je suis heureuse que nous ayons pu réaliser cette initiative en commun avec mon époux. Nous y avons mis tout notre cœur. C'est pour nous un immense plaisir et une grande fierté d'avoir pu l'inscrire dans la durée en instaurant une biennale. Il est merveilleux de voir combien toutes les personnes impliquées, les partenaires privés comme les institutionnels, les artistes, les artisans et, bien sûr, le public, portent cette initiative avec nous".

En mai 2019, Henri, Maria-Teresa, Guillaume, Stéphanie et Louis assistent, à Paris, à l'inauguration de la 4ème édition du Salon Révélations, dont le grand-duché de Luxembourg est le pays mis à l'honneur. Ce salon dédié aux artisans et créateurs est sous le Haut Patronage des grands-ducs héritiers.

De retour de Londres, Stéphanie poursuit ses activités culturelles durant sa grossesse :   visite du salon annuel du Cercle Artistique de Luxembourg, 14ème concert en hommage à la grande-duchesse Joséphine-Charlotte à la Philharmonie de Luxembourg, réception de Noël de l'association Les Amis des Musées d'Art et d'Histoire du Luxembourg, ouverture du Pop-Up Store de l'association De Mains de Maîtres et remise de trois bourses (5.500 euros à la céramiste Doris Becker, 4.650 euros à l'artiste verrière Anne-Claude Jeitz et 3.300 euros à la céramiste Ellen Van der Woude),  visite des nouveaux locaux des Amis des Musées d'Art et d'Histoire dans le centre-ville de Luxembourg.

Avant la naissance de son premier enfant, la grande-duchesse héritière accorde en février 2020 une dernière interview au magazine français "Point de Vue" pour parler de la culture :

"Pourquoi avoir choisi de vous engager dans la promotion de l'art contemporain ?
- J'ai reçu de mes parents une éducation plutôt classique. Mes parents étaient passionnés d'histoire. Quand nous partions en vacances dans le sud de la France ou en Bretagne, nous nous arrêtions toujours dans des petits villages que nous visitions. C'était une initiation à la curiosité. Nous sommes une famille très nombreuse : nous sommes huit enfants. Et nous avons tous été touchés par cela. Nous avons, mes frères et soeurs, des intérêts très divers dans l'art. Mais nous continuons, chacun à notre manière, d'explorer un pan de ce que l'art peut nous offrir.

- Le MUDAM vous a donné l'occasion d'aller plus en avant dans cette exploration?
- Tout à fait. J'ai vraiment découvert l'art contemporain après mon mariage, ici au Luxembourg. Ce que j'aime beaucoup, c'est qu'on ne s'ennuie jamais. C'est très vivant. C'est merveilleux de pouvoir rencontrer les artistes, de les écouter parler de leur oeuvre ou de leur pratique. C'est un monde en perpétuelle évolution.

- L'un des objectifs du MUDAM, c'est d'attirer les jeunes visiteurs. Pensez-vous que les enfants, moins formatés que les adultes, soient plus sensibles, plus ouverts à la création contemporaine qui déroute parfois leurs aînés ?
- Les enfants n'ont pas d'a priori. Ils sont ouverts à l'art contemporain comme ils sont ouverts à tous les arts. Ils sont ouverts à tout ce qu'on peut leur proposer. Et je crois que c'est très important, justement, de montrer aux enfants tout ce que le monde artistique peut leur apporter :  de la musique à la peinture, de l'art figuratif à l'art abstrait...  Il ne faut rien exclure. Et après, ce sera à l'enfant, devenu adulte, de choisir ce qu'il préfère. Mais il ne faut pas freiner sa curiosité. L'art contemporain permet souvent une interactivité qui plaît aux plus jeunes. C'est très amusant de voir leurs réactions face aux oeuvres.

- Certains artistes, par leur pratique, s'engagent sur des thèmes forts. L'art peut-il, selon vous, être politique ?
- Depuis toujours, certains artistes ont utilisé l'art pour faire passer une idée politique. Regardez la peinture de Picasso. L'art, en tant que moyen d'expression, peut être le support d'un message, d'une dénonciation, d'un engagement. Mais ce n'est pas parce que l'oeuvre n'est pas porteuse d'un message qu'elle est mauvaise. L'oeuvre d'art n'existe pas pour le message. Elle existe en soi.

- Le Luxembourg est un petit pays au coeur de l'Europe...et le monde de l'art contemporain est immense! Comment faire rayonner la création contemporaine au-delà de ses frontières ?
- C'est un défi. Il faut attirer les visiteurs ici au MUDAM. Et puis, il faut aider nos artistes à s'exporter. Là aussi, notre musée, qui est une vitrine, peut les soutenir. Mais pas seulement le MUDAM : il y a de nombreuses initiatives dans tout le pays, le gouvernement luxembourgeois en est très conscient. C'est un travail de tous les jours. Nous avons fait beaucoup de progrès, même s'il y a encore des choses à accomplir. Néanmoins, je suis très confiante dans l'avenir de nos artistes et je prends beaucoup de plaisir à pouvoir les aider dans la mesure du possible.

- Au-delà de l'art contemporain, vous oeuvrez aux côtés de votre époux à la valorisation des métiers d'art du grand-duché. Racontez-nous cet engagement qui vous est cher.
- L'art luxembourgeois m'est cher en général, de l'art contemporain à l'artisanat d'art. Pour les métiers d'art, c'est une autre approche. Avec mon mari, nous étions sensibles à la perte de vitesse des métiers d'art dans toute l'Europe. Nous voulions aider les artisans luxembourgeois, valoriser leur savoir-faire à travers une exposition en 2016. "De mains de maîtres" est née. Aujourd'hui, cette initiative a pris de l'ampleur, c'est une biennale. Fin novembre 2020 aura lieu la troisième édition. Et je vous invite à découvrir ce que les artisans luxembourgeois ont à offrir au monde".

Relation belle-mère/belle-fille
Il est de notoriété publique que le courant ne passait pas entre la grande-duchesse Joséphine-Charlotte et sa belle-fille, ce qu'a confirmé la grande-duchesse Maria-Teresa dans une conférence de presse en 2002 qui a suscité la polémique. Par contre, les relations belle-mère/belle-fille semblent mieux se passer entre la grande-duchesse Maria-Teresa et la grande-duchesse héritière Stéphanie.

A l'occasion de son 60ème anniversaire en 2016, Maria-Teresa a confié au magazine "Point de Vue" :   "Avec mon fils Guillaume, j'ai une relation très particulière, parce que c'est l'aîné. Et il est de si bon conseil! Ma belle-fille Stéphanie et lui forment un couple rayonnant. Mon mari et moi avons avec eux, nos héritiers, cette relation de confiance qui est merveilleuse et indispensable. Envers Stéphanie, j'éprouve beaucoup d'admiration et une immense tendresse. J'ai la même tendresse pour mes trois belles-filles. Mais la période que Stéphanie a vécue, entre ses fiançailles et son mariage, lorsqu'elle a perdu sa maman, est l'une des choses les plus difficiles que l'on puisse connaître. Elle a traversé cette épreuve avec une dignité et un courage que j'ai admirés. J'ai essayé de l'entourer d'affection le plus possible".

Stéphanie a déclaré au magazine :   "C'est une femme entière, débordante d'amour. Elle est en parfaite empathie. Et cela se voit dans son regard qui se fait vraiment miroir de l'âme. Quand ma mère est décédée juste avant mon mariage, elle a été extraordinaire. On ne se connaissait pas bien, et elle pleurait à chaudes larmes avec nous. Notre douleur était la sienne. Aujourd'hui, nous adorons nous installer toutes les deux dans un canapé confortable, avec thé ou café, et refaire le monde, pendant des heures. Cela nous arrive souvent quand nos hommes sont retenus (on a aussi des activités séparées dans la vie officielle). Nous discutons de tout. Et nous avons la même façon d'aborder les grands sujets. On part d'un côté, de l'autre, on va chercher un livre pour étayer la conversation. C'est passionnant. Sans cette relation privilégiée, je pourrais parfois me sentir isolée, mais grâce à ma belle-mère, je ne souffre pas de solitude. Un mari, c'est très bien, mais c'est précieux aussi d'avoir une femme à qui parler. Et là, j'ai vraiment trouvé une confidente. Elle m'a beaucoup aidée à appréhender mon nouveau rôle. Si j'ai un problème, je lui en parle. Je l'aime énormément. Surtout qu'elle ne change jamais, qu'elle garde ce cœur débordant d'amour".

Le fait aussi de s'être partagé les domaines réservés traditionnellement à la Première Dame (le social pour Maria-Teresa et la culture pour Stéphanie) permet sans doute aux deux femmes de s'épanouir, tout en ne se marchant pas sur les pieds.

Cependant, lors des funérailles du père de Stéphanie en 2019, l'absence de Maria-Teresa a suscité les critiques de beaucoup de personnes qui n'ont pas compris qu'elle ait privilégié la remise d'un prix du patrimoine avec Stéphane Bern à Paris...  La Cour grand-ducale a d'ailleurs dû réagir dans un communiqué :   "Engagée de longue date à un événement officiel à l'Institut de France à Paris, Son Altesse Royale a été empêchée de se joindre au grand-duc. Très proche de sa belle-fille, elle n'a cessé de l'entourer de ses pensées et de son affection tout au long de la journée".

Loisirs
D'après le site Internet officiel de la Cour, Stéphanie aime la musique classique, la lecture, le ski et la natation.

Le grand-duc héritier Guillaume a également confié au magazine "Point de Vue" :   "Nous venons régulièrement chez Léa Linster prendre un thé ou dans son restaurant. Quand j'avais 13 ans, j'ai fait un stage, chez elle, aux cuisines, et elle m'a a appris la recette de sa crème brûlée. Une tuerie. Mme Linster est une merveilleuse ambassadrice pour le Luxembourg. Nous sommes très fiers d'elle. Chez nous, nous avons une cuisine de terroir traditionnelle qui s'est diversifiée au gré des influences française, belge, allemande, mais aussi portugaise et italienne. Cela donne des restaurants de grande qualité, dont onze sont étoilés. Mon épouse et moi adorons faire la cuisine à deux, une cuisine de marché, à partir de produits bio, locaux, de saison. J'aime faire le marché et, quand j'y vais, il faut s'armer d'une bonne dose de patience pour me laisser le temps de jauger les produits, de parler avec les producteurs".

Déménagement à Londres 

Durant l'année académique 2018-2019, les grands-ducs héritiers s'installent à Londres. Guillaume suit un cycle de formation postuniversitaire au Royal College of Defence Studies. Créé en 1927, il accueille chaque année une centaine de personnes provenant de plus de 50 pays, et dispense des cours de relations internationales, géopolitique et management destinés à des futurs postes à hautes responsabilités. Stéphanie profite de son installation à Londres pour suivre une formation en histoire de l'art au Sotheby's Institute.

Le magazine français "Point de Vue" lui a demandé quels souvenirs va-t-elle garder de cette année passée à Londres :   "J'ai bénéficié de cours extraordinaires sur l'art, qui m'offrent une nouvelle perception et vont m'aider à m'engager avec encore plus de passion et de connaissances au service de l'artisanat d'art luxembourgeois. C'est une occasion unique et une chance immense d'avoir pu ainsi consacrer une année entière à un sujet particulier. Le week-end, nous allions beaucoup au musée, voir des expositions. Londres est une ville mondiale, rayonnante et foisonnante. Nous profitions aussi beaucoup de la campagne anglaise. Une vie tout à fait normale. C'était la première fois que nous habitions tous les deux dans une ville autre que Luxembourg". 

Installation au château de Fischbach

A l'automne 2019, Guillaume et Stéphanie s'installent au château de Fischbach, vide depuis le décès du grand-duc Jean quelques mois plus tôt. Le domaine de Fischbach est acquis en 1850 par Guillaume III, roi des Pays-Bas et grand-duc de Luxembourg. Lors de l'indépendance du grand-duché en 1890, sa veuve la reine Emma le vend à Adolphe de Nassau, nouveau grand-duc de Luxembourg et ancêtre de l'actuelle dynastie.

Au retour de la grande-duchesse Charlotte en 1945, seul le château de Fischbach est habitable, même si une grand partie du mobilier et des œuvres d'art ont été pillés. Elle s'y installe avec sa famille, et y restera jusqu'à sa mort en 1985. De 1987 à leur accession au trône, le grand-duc héritier Henri, la grande-duchesse héritière Maria-Teresa et leurs cinq enfants habitent à Fischbach. Puis, c'est au tour du grand-duc Jean d'y prendre sa retraite jusqu'à son décès en 2019.

Guillaume confie au magazine "Point de Vue" :   "C'est la maison de famille par excellence. Cela a toujours été un lieu d'accueil, de rassemblement, de retrouvailles. Un endroit heureux. Mon arrière-grand-mère, la grande-duchesse Charlotte, avait une passion pour Fischbach, c'est d'ailleurs elle qui a donné son âme à cette demeure. Mes parents aussi, qui ont passé ici les premières années de leur mariage et ont adoré. Mon grand-père et ma grand-mère y ont passé leurs dernières années. Chaque génération a laissé son empreinte, que ce soit dans le jardin ou dans la maison proprement dite. Pour ma part, j'ai grandi ici jusqu'à l'âge de 15 ans et les forêts d'alentour n'ont plus de secrets pour moi. C'est un endroit magique pour un enfant".

Le décès de son père en 2019

Le 10 janvier 2019, le comte Philippe de Lannoy décède dans son château d'Anvaing à l'âge de 96 ans. Né à Bruxelles en 1922, il a effectué des études de droit et il fut volontaire de guerre au First Belgian Field Regiment en 1944-1945. Dans les années 60, il travaille au cabinet du ministre PSC Pierre Wigny. Il a été échevin de 1971 à 1994, d'abord dans son village d'Anvaing, puis dans la commune fusionnée de Frasnes-lez-Anvaing. C'est lui qui a mis un terrain de la drève du château à la disposition du club de football AC Anvaing. Il fut aussi conseiller provincial de Hainaut pendant une vingtaine d'années, président du centre culturel du Pays des Collines, président d'honneur de la fanfare Sainte-Cécile, président du pouvoir organisateur de l'école libre du village. Sur le plan privé, il avait épousé la comtesse Alix della Faille de Leverghem avec qui il a eu huit enfants.

Les funérailles du père de Stéphanie ont eu lieu en l'église Saint-Amand d'Anvaing. La famille grand-ducale luxembourgeoise avait fait le déplacement :   le grand-duc Henri, le prince Louis, la princesse Alexandra, la princesse Marie-Astrid, le prince Guillaume et la princesse Sybilla. On notait aussi la présence de la reine Mathilde, du prince Michel et de la princesse Eléonore de Ligne, de l'archiduchesse Yolande d'Autriche (née princesse de Ligne), du ministre régional wallon Jean-Luc Crucke, de la bourgmestre faisant fonction de Frasnes-lez-Anvaing Carine De Saint-Martin, du conseiller communal bruxellois Geoffroy Coomans de Brachène. A l'issue de la cérémonie religieuse, le comte Philippe a été inhumé dans la crypte de sa famille au cimetière d'Anvaing.

Première grossesse

Le 6 décembre 2019 (jour de la Saint-Nicolas), la Cour diffuse ce communiqué :   "Leurs Altesses Royales le Grand-Duc et la Grande-Duchesse ont l'immense joie d'annoncer que le grand-duc héritier et la grande-duchesse héritière attendent leur premier enfant. La naissance est prévue pour le mois de mai. Le Grand-Duc et la Grande-Duchesse, ainsi que les membres des deux familles, s'unissent à ce grand bonheur".   Le futur bébé (fille ou garçon) sera deuxième dans l'ordre de succession au trône, car la primogéniture à préférence masculine a été remplacée par la primogéniture absolue quelques années auparavant.

Interrogée par la presse lors de sa première sortie officielle après ce communiqué, Stéphanie confie : "On garde le secret pendant quelques mois et, tout à coup, tout le monde est au courant. C'est très chouette de pouvoir partager notre joie maintenant avec le peuple luxembourgeois".

En janvier, le couple a répondu aux questions du journaliste Antoine Michelland pour le magazine français "Point de Vue" :

"Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris cette grande nouvelle?
- Guillaume :  Cela a été un hurlement de joie!
- Stéphanie : C'est surtout toi qui as hurlé.
- Guillaume :  Oui, je l'avoue. Mais toi aussi. Nous attendions ce moment depuis longtemps.
- Stéphanie :  Nous étions tous les deux à la maison, ici, à Fischbach. Je lui ai dit :  "Devine quoi?".
- Guillaume :  J'ai répondu : "Non?". J'ai deviné tout de suite. Dès qu'elle est rentrée, je l'ai su, à son regard.

- Madame, comment se passe votre grossesse?
- Stéphanie :  Merveilleusement bien, le bébé bouge sans arrêt. J'ai commencé à aménager mon emploi du temps. Je suis assez calme et je n'effectue plus beaucoup de déplacements à l'étranger, plus du tout en dehors de l'Europe en tout cas.
- Guillaume :  Donc, la prochaine mission économique, je la ferai seul, ce qui est tout à fait normal.

- Quand avez-vous prévenu le grand-duc et la grande-duchesse?
- Guillaume :  Nous avons attendu les trois mois, c'était notre secret à tous les deux. Et puis, je l'ai annoncé d'abord à ma famille proche et puis assez vite à tous les oncles et tantes, cousins… Et toi, pareil, en fait.
- Stéphanie :  Garder ce bonheur pour nous pendant trois mois, ce temps suspendu, c'était chouette, quelque chose de plus que nous partagions ensemble, avec le bébé qui faisait déjà partie de la famille restreinte, qui était notre passager clandestin.

- Et la réaction de vos parents, Monseigneur?
- Guillaume :  Nous les avons pris par surprise. Je ne crois pas qu'ils s'y attendaient. En tout cas, pas à ce moment-là. Le mot euphorie n'est pas trop fort. Ma mère avait les larmes aux yeux. C'était la joie pour nous, aussi un soulagement, ces deux sentiments mêlés, qui ont fait que mon père et ma mère étaient aux petits soins, me disant "Maintenant, il faut que tu t'occupes de Stéphanie, tu dois bien la protéger".  C'était vraiment très touchant. Et mes frères et sœur étaient ici aussi pour nous entourer. Nous les avions tous invités à dîner avec mes parents sous prétexte de leur montrer les nouveaux aménagements que nous avions réalisés à Fischbach.
- Stéphanie :  Une pendaison de crémaillère familiale, en somme.
- Guillaume :  Cela a marché pour certains, mais mon frère Félix n'y a pas cru une seconde.
- Stéphanie :   De mon côté, je n'ai pas réussi à rassembler tout le monde dans la même pièce en même temps. Nous sommes plus nombreux. A certains, j'ai pu le dire de vive voix, à d'autres au téléphone, mais tous ont manifesté la même euphorie que mes beaux-parents et mes beaux-frères et belle-soeur. J'ai pu prévenir chacun séparément, personnellement.

- Et comment se sont déroulées les vacances de Noël en Suisse, les dernières que vous aurez passées sans enfant?
- Guillaume :  Tout le monde voulait savoir comment ça allait. Autour de la table du petit-déjeuner, ils nous demandaient si le bébé avait bougé la nuit, etc. Nous avons passé cette dernière Nativité en nous imaginant un an plus tard, quand tous ces neveux et nièces du côté de Stéphanie et de mon côté auraient un petit cousin ou une petite cousine en plus. C'était un beau Noël. Avec tous nos frères et sœurs assemblés, ce qui est très rare.
- Stéphanie :  C'est même la première fois depuis que nous sommes mariés que les fratries sont au complet à Noël. Un très beau clin d'œil de la Providence.

- Vous avez attendu longtemps la joie d'être parents. Que vous a apporté cette attente? Et en quoi vous a-t-elle enrichis?
- Stéphanie :  En tant que couple, nous avons passé beaucoup de temps à deux. Nous travaillons ensemble, nous allons le faire tout notre vie, je trouve très enrichissant d'avoir pu nous construire ainsi toutes ces années. Etre à trois, tout le monde le dit, et ce doit être vrai, change beaucoup les choses. Les parents ont moins de temps pour eux, pour parler, pour grandir aussi ensemble en tant que couple. Nous, c'est un travail qui est fait, qui est acquis et on ne pourra pas nous l'enlever. C'est précieux.

- Quelle conscience de la parentalité vous a donné cette attente?
- Stéphanie :  C'est difficile à dire, j'ignore comment nous aurions été si nous l'avions été plus tôt. Ce qui est sûr, c'est que nous réalisons pleinement ce qui nous arrive.
- Guillaume :  L'attente d'un enfant est toujours une joie, et là encore davantage, car c'est une joie qui succède à une période d'attente. C'est beau, car de plus en plus de gens commencent à nous parler de leur propre expérience et nous découvrons beaucoup de couples qui ont, eux aussi, dû attendre longtemps. Une sorte de complicité se crée. Le jour de l'annonce était l'un des moments les plus émouvants que j'ai vécus ici, au Luxembourg. Nous avons senti tout à coup une joie profonde dans toute la population. Même ceux qui adhèrent moins à la monarchie étaient heureux pour nous.
- Stéphanie :  Un bébé, c'est une joie universelle, c'est une lumière qui rassemble.
- Guillaume :  Oui, et c'est vraiment ce que nous avons ressenti. Nous avons eu la chance d'aller au marché de Noël quelques jours plus tard, et là les gens nous arrêtaient, nous félicitaient. Comme si les barrières institutionnelles qui peuvent parfois exister étaient toutes tombées.

- Comment vous préparez-vous à cette naissance?
- Stéphanie :  Un peu comme tout le monde. Nous regardons les pyjamas et les poussettes.
- Guillaume :  J'accompagne mon épouse.
- Stéphanie :  Je l'ai forcé. Non, je n'ai pas eu à le forcer trop longtemps.
- Guillaume :   Pas du tout, même.
- Stéphanie :  Je trouve cela très émouvant de regarder ces petites affaires, ces petits pyjamas avec des nounours tout mignons, je craque…
- Guillaume :  On se projette, on imagine…
- Stéphanie :   On prépare aussi la chambre du bébé, on choisit les rideaux, c'est presque quelque chose d'initiatique. On cherche des prénoms, on y réfléchit beaucoup mais nous n'avons pas encore trouvé celui qui s'imposera comme une évidence.
- Guillaume :  Il y a deux grands secrets :  le prénom et le sexe du bébé.
- Stéphanie :  Nous connaissons l'un des deux, et l'autre pas encore.

- Recevez-vous l'un et l'autre des conseils de vos parents?
- Guillaume :  Mes parents n'arrêtent pas, dès que Stéphanie n'est pas là. C'est très mignon parce que souvent ils me disent comment je dois me comporter vis-à-vis de Stéphanie…
- Stéphanie :   Lui apporter des fraises, du chocolat.
- Guillaume :  Tout ce qui est naissance et ce qui va suivre va être un véritable apprentissage.
- Stéphanie :   Cela ne nous fait pas peur : nous venons l'un et l'autre d'une famille nombreuse, et nous sommes bien entourés.

- Votre enfant va naître avec un poids particulier sur les épaules, en tant que futur souverain ou future souveraine. Comment allez-vous à la fois le préserver de ce poids et le préparer à l'accepter?
- Guillaume :  J'ai bien connu cela et j'aime l'approche que mes parents avaient eue à l'époque :  nous protéger au maximum. C'est toujours assez sensible et compliqué de trouver le moment où l'enfant aborde un rôle public, mais il faut lui permettre de rester un enfant. L'éducation va l'aider à comprendre ses responsabilités, sans l'empêcher de vivre pleinement son enfance et son adolescence. J'ai assez vite compris que j'avais un destin à part. Vu le contexte dans lequel on grandit, on remarque très rapidement qu'on est différent des autres, et les autres enfants vous le font remarquer aussi. Il faut vivre avec cela et accepter pleinement cette réalité. Les parents jouent là un rôle-clef.
- Stéphanie :  Je n'appréhende pas cette situation-là, mais je crois qu'il faut y être attentifs. L'enfant a besoin d'un cercle sécurisant autour de lui. Ce n'est qu'une fois qu'il sera construit, lui, qu'il pourra donner aux autres.

- Par-dessus tout, que souhaitez-vous donner et transmettre à cet enfant?
- Stéphanie :  Le meilleur et puis, comme tous parents, nous ferons avec ce que nous sommes.
- Guillaume :  Beaucoup d'amour en tout cas, l'aider à s'épanouir.
- Stéphanie :  Je voudrais que mon enfant se sente en sécurité dans sa famille. C'est vraiment très important. Le monde extérieur devient de plus en plus complexe. Qu'il ait un endroit paisible où se ressourcer.
- Guillaume :  Comme l'ont fait mes parents avec moi,  j'aimerais lui transmettre la manière d'interagir avec le monde de façon simple et en même temps respectueuse, le sens du service. Et puis, j'aimerais lui transmettre la foi. C'est une belle richesse dont on profite chaque jour. La foi nous aide à respecter davantage le monde, cette nature et cette planète qui nous ont été confiées, et à se mettre toujours plus au service de l'autre". 

Décorations

Son beau-père le grand-duc Henri lui a octroyé la Grand-Croix de l'Ordre d'Adolphe de Nassau.

Lors des voyages d'Etat au grand-duché, elle a reçu les insignes de l'Ordre du Mérite portugais en 2017, de l'Ordre d'Orange-Nassau (Pays-Bas) en 2018, et de l'Ordre de la Couronne (Belgique) en 2019.

A noter qu'une Rose Princesse Stéphanie, grande-duchesse héritière de Luxembourg, a été baptisée en 2016, respectant une tradition de l'Association Les Amis de la Rose Luxembourg qui a déjà donné le nom de plusieurs membres de la famille grand-ducale à des nouvelles variétés de roses.

Bibliographie

- Site Internet de la Cour grand-ducale
- Blog "Noblesse et Royautés" de Régine Salens
- Blog "Royalement Blog" de Valentin Dupont
- Magazine "Point de Vue"