En plus de 30 ans de carrière, la modiste belge Fabienne Delvigne a vu ses chapeaux partir de son atelier de Woluwé-Saint-Pierre vers les palais royaux de Belgique, Pays-Bas, Suède et Luxembourg. Mais au départ, elle avait effectué des études de marketing et a travaillé pour la communication d'une société belge.
Fabienne Delvigne s'est confiée au magazine français "Point de Vue" :
"Mon père était ingénieur et chef d'entreprise. Me voir devenir modiste et exercer un métier artistique était peu flatteur à ses yeux et à ceux de ma famille. Mais ma grand-mère paternelle, Marguerite, était très élégante, elle aimait l'art, elle peignait et travaillait la terre glaise vers la fin de sa vie. De mon côté, j'ai sculpté, travaillé moi aussi la matière dès le pensionnat à Val Notre-Dame, une ancienne abbaye cistercienne, le lieu idéal pour se former l'oeil au beau.
La meilleure réponse au peu d'enthousiasme familial était de placer la barre très haut. Or je ne savais même pas coudre. J'ai quand même réussi à me faire accepter comme petite stagiaire dans un atelier qui travaillait pour la maison de haute couture Mies. J'ai appris là pendant quelques mois, sans être payée bien sûr. Et en parallèle, j'ai commencé à créer pour moi. D'abord à l'occasion d'un des mariages auxquels, jeune épouse moi-même, j'étais souvent invitée. Je privilégie la matière et la finition. La simplicité est ce qu'il y a de plus exigeant.
Je veux citer Mme Sonia, très exigeante à l'atelier. Elle avait un magasin où je suis allée la voir. Elle m'a prise sous son aile. Il y a aussi eu Gabriella, fleuriste plumassière, qui m'a montré comment faire les fleurs de soie. Mme Rueda, elle, m'a enseigné l'art des points noués pour les voilettes. Absolument invisibles, comme un souffle, et la façon de prendre la matière. Et puis Mme Lafortune avec ses mains magnifiques : elle avait été formée dans la maison Old England et a souhaité me transmettre son savoir. Elle m'a appris à voir des chapeaux partout".
C'est via Armani à Bruxelles qu'elle est invitée à présenter son travail à la reine Paola en 1995 au château du Belvédère : "En partant, la Reine m'a dit : "Je suis ravie d'avoir rencontré la personne qui va réaliser les chapeaux dont je rêvais". Ma première création pour elle a été faite à l'occasion de son voyage d'Etat au Danemark. Nous étions dans les couleurs de pain brûlé. Son goût l'entraîne vers les matières très naturelles, texturées. C'est elle qui a relancé le chapeau en Belgique. Je lui dois beaucoup.
Je crée aussi pour la reine Maxima depuis ses Joyeuses Entrées. Au mariage d'Albert de Monaco, il ne devait pas y avoir de chapeau et tout a changé deux semaines avant. J'ai dû réaliser un modèle dans l'urgence pour Maxima, alors épouse du prince héritier. J'ai imaginé quelque chose de grand et relevé pour dévoiler son visage. C'est devenu son préféré, baptisé Bellisima. On en a fait plusieurs versions en parabuntal, en feutre, de différentes couleurs. L'ocre lui va à ravir. Elle capte la lumière et apprivoise le chapeau de façon magique".
Fabienne Delvigne a reçu le brevet de fournisseur breveté de la Cour de Belgique.

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