lundi 7 octobre 2019

Les 40 ans de l' Ancienne Belgique

A l'occasion des 40 ans de l'Ancienne Belgique, son directeur Dirk de Clippeleir a répondu aux questions des journaux du groupe "L'Avenir" :

"Vous avez des artistes de partout. Qu'est-ce qu'elle a de flamand votre salle?
- La Communauté Flamande a repris la salle en 1979 (et la Communauté française a repris le Botanique). On reçoit des subsides : entre 20% et 25% de notre budget. On a le devoir de mettre sur scène des artistes flamands émergents. Mais aussi des francophones. Notre public est à 55% flamand et 45% francophone. On est très ouverts autant sur les artistes que sur le public.

- Est-ce que vous ressentez une concurrence entre les salles de concert?
- On n'a pas la même jauge… On est plutôt complémentaires. Un artiste va commencer au Botanique devant 800 personnes, puis venir chez nous avec 2.000, puis aller à Forest avec 8.000. Comme ça a été le cas pour Angèle, par exemple. Il y a de la place pour tout le monde.

- Ca a l'air festif votre boulot. Mais l'Ancienne Belgique, c'est un vrai business, et vous un chef d'entreprise?
- Oui ! On a 49 salariés, plus l'équipe Horeca de 8 personnes. Si on organise un tel nombre de concerts par an, il faut que les équipes soient en forme. A partir de maintenant jusque fin juin, il y a des concerts tous les soirs. Le groupe arrive le matin, la scène est préparée pour eux, ils jouent, et quand ils repartent à minuit, tout est démonté. Et dès le lendemain, il y a à nouveau 2-3 camions de matériel qui arrivent. C'est comme une ruche : ça ne s'arrête jamais.

- En 40 ans, la vie d'une salle de concerts a dû bien changer?
- Le live a pris beaucoup de place. Il y a 20 ans, on accueillait 2-3 concerts par semaine. Maintenant, les artistes vendent moins de CD, ils gagnent leur vie avec le live. Mais est-ce que le public va suivre?  Jusqu'à présent, ça va, mais ce sont des questions qu'on se pose. Et puis les jeunes de la génération Spotify ou YouTube, qui sont habitués à regarder des clips quelques secondes, est-ce qu'ils vont se déplacer, payer pour voir un artiste pendant 90 minutes, sans faire 10 autres choses en même temps? C'est une génération qui vit la musique différemment.

- Mais les plus jeunes vont à des festivals?
- Oui, où il y a plein de concerts et d'animations en même temps. Et ils passent de l'un à l'autre. On ne veut pas devenir un Tomorrowland indoor, une espèce de buffet où on picore. L'Ancienne Belgique est un lieu dédié 100% à la musique. Vous avez remarqué qu'il n'y a pas de logo de sponsor, pas de bar dans la salle? C'est pour que le public soit focalisé à 100% sur la musique. Pourtant, on pourrait sensiblement augmenter les revenus du bar en faisant ça. C'est un choix.

- Est-ce que la façon actuelle de consommer de la musique via Spotify ou YouTube change aussi votre boulot?
- Oh oui !  Une carrière peut se construire en quelques mois, voire en quelques semaines. Pour un programmateur, c'est plus difficile de suivre. C'est fini, le schéma un premier single, puis un deuxième, puis l'album, puis la tournée. Ca va beaucoup plus vite. Il fallait 5-6 ans avant qu'un artiste ait l'envergure pour venir jouer dans une salle de cette taille. Maintenant, c'est le live qui dicte l'agenda. Les carrières sont aussi plus limitées :  je ne sais pas s'il y a des Springsteen dans les artistes qui ont émergé ces dix dernières années".

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