C'est le cas de Nina Van Bouwel, institutrice primaire néerlandophone, qui enseigne depuis 2015 dans une école francophone. Elle a répondu aux questions du magazine "Profs" :
"Pourquoi ce défi?
- Ayant grandi à Bruxelles, j'ai été en contact avec la langue et la culture francophones dès mon plus jeune âge. Mon époux est francophone et trois de mes enfants ont fait leurs études fondamentales dans une école francophone avant de poursuivre le secondaire en néerlandais. J'étais déçue alors par le niveau des cours de néerlandais et par une méthode et un vocabulaire provenant des Pays-Bas plutôt que de la Flandre. La cellule pédagogique francophone de la commune de Molenbeek recherchait un maître spécial de néerlandais pour une de ses écoles, et la proposition est tombée à un moment opportun pour moi.
- Un changement de taille?
- Institutrice primaire depuis plus de 25 ans, je suis devenue maîtresse spéciale de seconde langue. Avec un horaire complet, j'enseigne à neuf classes de 4ème, 5ème et 6ème primaires. Passer d'une classe d'une vingtaine d'enfants à neuf groupes-classes totalisant 200 élèves, c'est un fameux changement. Pas facile de mémoriser tous les prénoms! J'ai dû m'approprier les référentiels de l'enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles, les programmes et outils de réseau. Heureusement, une brochure élaborée par la commune précise le vocabulaire que les élèves doivent connaître en fin de 6ème.
- Comment vous y prenez-vous pour relever le défi du niveau à atteindre par les élèves?
- J'axe mes cours sur l'oral en proposant des dialogues et des jeux. Je travaille beaucoup les sons, car ce qui bloque souvent les enfants, c'est la crainte de ne pas prononcer correctement. Je réserve deux des trois périodes hebdomadaires à du travail en demi-groupe pendant que l'enseignant titulaire fait de la remédiation sur d'autres matières avec le reste de la classe. Je peux ainsi travailler la lecture technique, l'oser parler et, surtout, je rassure les enfants sur leurs capacités.
- Quels étonnements? Quelles richesses?
- J'ai été étonnée par le peu d'enseignants pouvant ou osant enseigner le néerlandais. Dans mon ancienne école, les titulaires de 4ème, 5ème et 6ème étaient tous qualifiés pour enseigner le français à Bruxelles. J'ai été aussi surprise que les stagiaires des hautes écoles bruxelloises n'aient plus de cours de néerlandais dans leur cursus. Côté néerlandophone, on parle d'établir un test d'orientation lors de l'inscription à la haute école qui comprendra aussi un examen de français. J'ai été très bien accueillie à l'école n°11 Aux Sources du Gai Savoir à Molenbeek. Je m'y sens reconnue par mes collègues et je dispose d'un local que j'aménage progressivement. Chaque mois, au sein de la cellule pédagogique communale francophone, je rencontre des enseignants de néerlandais d'autres écoles. Cela permet des partages de pratiques intéressants de pratiques".
5 commentaires:
Les échanges entre régions sont tout bénéfice pour une stabilité durable dans notre pays, excellente fin de semaine Petit Belge.
Les échanges entre Régions ne sont jamais que des essais de sauvegarder une rêve impossible de perpétuer un hypothétique pays.
Soubresauts normaux mais inutiles.
Je pense aussi que les échanges entre régions permettront de voir que le désir de s'entendre existe des deux côtés. Et que c'est possible, avec les différences et les incompréhensions qui sont normales entre natures aussi dissemblables, mais qui ont bien des points communs aussi: une nation, un roi, une position dans l'Europe, une belgitude qui nous va si bien....
Bonne initiative, longtemps bloquée à cause des traitements différents pour les francophones et les flamands (inutile de préciser lesquels ont le meilleur). Bravo !
en Flandre on est en train de débattre de la qualité de l'enseignement du français, il faudrait que des profs de français donnent les cours (de FLE) en primaire au lieu de confier cette tâche à des instituteurs, qui ne sont forcément pas spécialistes en 2e langue... or c'est important pour les enfants que ces premiers contacts soient faits par des gens qui ont la bonne prononciation, par exemple
(j'ai déjà des anciennes élèves qui travaillent en immersion en Wallonie, ça aussi c'est une option mais si c'est pour les happy few, mieux vaut faire un bon enseignement pour tous)
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