25 ans après son décès le 3 janvier 1988, 20 ans après la parution de l'ouvrage en néerlandais, le Centre de recherche et d'informations socio-politiques (Crisp) publie en français les mémoires de l'ancien premier ministre belge Gaston Eyskens (1268 pages, 39 euros). Né en 1905, cet homme politique CVP fut l'un des acteurs belges majeurs de l'après-guerre. Plusieurs fois premier ministre, il a vécu la Question Royale, la guerre scolaire, la décolonisation du Congo, la scission de l'Université Catholique de Louvain. Il fut également à la base de la première réforme constitutionnelle en 1970 qui allait donner lieu à la première réforme de l'Etat unitaire.
Son fils le ministre d'Etat Mark Eyskens a participé à cette traduction des mémoires et répondu aux questions du journal "Le Soir" :
"Les mémoires de votre père, que le public francophone découvre aujourd'hui, apportent-ils un éclairage particulier à certains événements qu'il a vécus?
- Ce qui impressionne d'abord, c'est la synthèse des événements : c'est une histoire du XXème siècle! Mon père a vécu les deux guerres mondiales, la grande crise économique de l'entre-deux-guerres, la guerre froide, l'indépendance du Congo. C'est le gouvernement de mon père qui a mis sur les rails une première réforme fédéralisante de la Belgique. A cette époque, il y avait des tensions communautaires. Les Flamands exigeaient le fédéralisme culturel et les Wallons le fédéralisme économique et social. On a réuni les deux exigences et dégagé la voie d'un fédéralisme extrêmement profond et lourd de conséquences. Mon père avait compris que nos institutions étaient dépassées et qu'il fallait donner certains pouvoirs aux régions. Mais à l'époque de mon père, la réforme de l'Etat était une réformette...
- Imaginez votre père dans la Belgique de ses arrières-petits-enfants...
- Cet homme serein serait quand même très étonné et inquiet. Il trouverait beaucoup d'incohérences dans le fonctionnement de nos institutions : nous avons sept parlements, cinq gouvernements. Mon père était un fédéraliste qui voulait rendre la Belgique opérante, efficace, utile au citoyen. Il prônait un fédéralisme de coopération et non de combat, comme d'aucuns le préconisent aujourd'hui, et qui doit conduire au confédéralisme qui est l'antichambre de la séparation. Autre chose : à l'époque de mon père, il n'y avait ni gsm, ni sms, ni Internet. On pouvait négocier des accords confidentiels. Ce n'est plus le cas...
- Les idées de Gaston Eyskens ont-elle été relayées au sein du CD&V?
- Mon père, économiste, n'était pas conservateur : il avait l'intuition de la flèche du temps. Il n'était pas nationaliste non plus. Il était très soucieux de l'efficacité du fonctionnement de nos institutions, condition essentielle pour garantir la prospérité de la population. Il se retrouverait donc aujourd'hui aux côtés de ceux qui sont extrêmement critiques à l'égard du confédéralisme. Pour lui, le fédéral devait rester l'élément fédérateur. J'observe toutefois que la plupart des hommes politiques que je connais sont des gens raisonnables lorsqu'ils sont dans une enceinte close...".
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1 commentaire:
Déjà en 1973, étudiant à Leuven (Louvain la Veuve),entre deux vexations qui nous étaient envoyées par les électeurs de ce Eyskens, nous allions pisser sur le mur de sa propriété Naamsestraat....
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