jeudi 1 juin 2023

La politique belge vue par Carl Devos

                      


Le politologue Carl Devos (Université de Gand) a répondu aux questions du groupe Sud Presse sur la politique belge :

"Quel parti vous semble jouer le plus gros en 2024 ?
- Presque tous jouent gros. Les Verts se rapprochent du seuil électoral, ce qui pourrait les faire disparaître du parlement dans plusieurs circonscriptions. Pour eux, l'élection est existentielle comme pour l'Open VLD et le CD&V :  s'ils passent sous les 10%, ils deviennent des petits partis qui ne peuvent peser sur les formations. Ils risquent de voir certains de leurs élus partir ailleurs, à la NVA par exemple. La NVA subirait un affront si le Vlaams Belang devenait le premier parti en Flandre et dirigeait la formation du gouvernement flamand. La NVA serait poussée à rompre le cordon sanitaire s'il n'y a pas d'option pour elle au fédéral, ce qui peut la diviser en interne. Son rêve d'une CDU flamande, avec une partie du VLD et du CD&V, s'évanouira alors.

- Juin 2024, ce sont les élections de tous les dangers ?
- La situation est désespérée mais on en a l'expérience. Si la poussée des extrêmes oblige à une Vivaldi 2, ce sera à nouveau la misère : pas de vision, pas de cohérence, des disputes. Si les partis centristes perdent, qui aura l'autorité pour des réformes majeures ? Il n'y a plus d'homme d'Etat, que restera-t-il des grands partis après une nouvelle défaite ? Les relations sont déjà si tendues... Sur le plan budgétaire, ce sera une tâche jamais vue. De nombreux partis préfèrent la dissimuler aujourd'hui.

- Quels seront les enjeux mis en avant dans la campagne ?
- La migration, l'économie (les revenus, les prix), la sécurité sociale (pensions) et le fonctionnement du système politique.

- Bart De Wever peut-il réaliser son rêve confédéraliste ?
- Pas comme lui et la NVA le décrivent. Tout au plus un accord sur des compétences bicéphales dans le cadre fédéral. Une réforme de l'Etat nécessite 100 sièges sur 150 et la majorité dans les groupes linguistiques : cela me semble impossible vu le succès des partis radicaux. Les Verts et le MR n'en veulent pas. Le PS n'acceptera qu'en échange du refinancement des francophones et de Bruxelles. Mais l'argent fédéral est épuisé. Paul Magnette s'embarquera-t-il là-dedans après un succès du PTB ? La formation risque d'être longue et de n'aboutir que sous la pression des marchés financiers et de la Commission Européenne". 

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