vendredi 22 avril 2011

"Comment peut-on être belge?" (Charles Bricman)

Dès le premier chapitre, le journaliste Charles Bricman explique : "La Belgique est une éponge. Elle absorbe les fluides qui viennent de partout à l'entour et les restitue imprégnés de saveurs et de fragrances nouvelles, parfois détonantes. Ou insipides. Mais forcément métisses. Nous sommes ce qu'on appelle ici des zinnekes pour désigner ces chiens des rues à l'ascendance improbable. Nous avons bien du mal à dire ce que nous sommes et plus encore à l'expliquer à nos voisins. Sauf à leur indiquer que nous ne sommes pas hollandais, ni allemands, ni luxembourgeois, ni français, mais quand même un peu de tout çà et d'autres choses encore, à des degrés très variables selon les individus. Un concentré d'Europe mijoté à l'étuvée".

Destiné au grand public, cet essai nous explique la révolution de 1830, les problèmes communautaires, les différences économiques, la fédéralisation du pays, l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde, etc.

J'ai trouvé son chapitre "Pauvre Wallonie" particulièrement objectif et nuancé. Après avoir évoqué l'âge d'or de l'économie wallonne et les 500.000 Flamands qui y sont venus trouver du travail jusqu'en 1960, Charles Bricman parle de son déclin. Les responsables? Les capitaines d'industrie (qui l'ont délaissée et sacrifiée par rentabilité), les grands travaux d'infrastructure routière, portuaire et ferroviaire lancés par l'Etat belge (qui ont bien contribué à l'industrialisation de la Flandre) et les responsables politiques wallons (qui ont d'abord voulu sauver les emplois des vieilles industries au lieu de tenter de les reconvertir).

Il va à contre-courant du discours actuel : "Le gouvernement régional wallon investit dans la technologie, crée des pôles de compétitivité. C'est bien. Les décideurs politiques s'emploient à convaincre qu'ils se sont convertis à l'optimisme de la volonté, qu'ils ont enfin compris qu'on ne sauvera pas les vieilles industries, qu'on n'arrêtera pas le temps avec des aides publiques, qu'il faut changer de cap. Ils ont raison, bien sûr. Mais çà prendra encore du temps, beaucoup de temps perdu pour les générations sacrifiées".

Charles Bricman ne croit pas à la scission du pays car la Flandre n'a pas envie de perdre Bruxelles et le label "Belgique" d'une part, et de nombreux problèmes seraient difficiles à régler, comme le partage de la dette publique d'autre part ("Une séparation n'aiderait en rien à résoudre les questions pendantes mais en ajouterait au contraire des nouvelles").

Sa solution? Changer de méthode et se demander quelles compétences et quel financement on veut attribuer à l'Etat belge (et non l'inverse en négociant sur ce qu'on veut lui enlever et confier aux régions). Mon seul reproche est que cette solution concerne uniquement le monde politique, et non les citoyens belges qui ont pourtant aussi un rôle à jouer, comme l'avait très bien expliqué Gilles Vanden Burre dans son livre "Oui, une autre Belgique est possible". L'auteur n'évoque pas non plus le projet de création d'une circonscription électorale nationale.

13 commentaires:

Philippe D a dit…

Ces problèmes communautaires feront finalement couler beaucoup d'encre.
Bon weekend pascal.

Youri a dit…

Etre "belge" ne signifie plus rien de concret n'en déplaise à Bricman.
Talleyrand déjà en 1832 annonçait que la belgique n'était pas conçue pour durer.
Il est temps d'en finir: tout le reste n'est que temps perdu.

Josiane a dit…

bonjour petit belge. C'est très bien expliqué, mais en attendant que tout le monde s'entende, notre pays vacille vers l'inconnu !!! Je crois que personne ne réussira à trouver une solution communautaire.
Josiane de Namur

Anonyme a dit…

Etre Belge ne signifie plus rien de concret.. mais je me demande ce qu'il y a de concret dans une nationalité?

Peu de gens ont la même nationalité uniforme au-delà de trois générations. Etre Belge est une notion d'être de quelque part de précis et de partager une histoire commune - dans certains évènements.

C'est un point commun avec tous les autres qui, de la même décision personnelle et géographiques, se sentent Belges...
Edmée

Louis a dit…

Je reste persuadé que notre petite Belgique a encore de beaux jours devant elle.

Mimi du Sud a dit…

Bonsoir Petite Belge,

Je viens te souhaiter une bonne
soirée,et de passer d'agréables
fêtes de Pâques en famille.
Bisous à toi, de Mimi.

Josiane lévêque a dit…

Alleï ! Soyons optimistes, une solution il y en a une..le tout est de la trouver !!
Et surtout de ne pas oublier que l'union fait la force !
Bonnes fêtes pascales.
Josiane de GHLIN

jacques robert a dit…

En plus c'est une solution très libérale qui détricoterait encore plus la Belgique. Que repondrait les flamands à la question "que veut-on encore faire ensemble?" sans doute la liste serait-elle très courte ...
Je ne veux pas défendre à tout prix l'existence de cette Belgique mais personne ne doit perdre dans une séparation éventuelle.

Cristina a dit…

Pas simple la situation de ce pays.
Très beau dimanche de Pâques pour toi et toute ta famille!

Patrick a dit…

Quitte à se faire massacrer par les flamands, il n'existe pas d'autre peuple qui leur ressemble plus que le wallon. Le fait de vivre ensemble ont fait apprendre la mentalité un de l'autre. Et cette mixture devrait être considéré comme reussite, comme cadeau. A part la langue, nous avons que de points communs avec les flamands qu'avec les pays voisins. Pourquoi se faire la guerre... à cause d'une poignée de nationalistes bornés supportés par les médias?

oli4 a dit…

Bonjour Petit Belge,
Je te souhaite un bon lundi de Pâques ainsi qu'une bonne semaine,
Amitiés,
Olivier

Tania a dit…

Comment peut-on... ? Il suffit d'y être né, d'y vivre. Quand on naît d'une mère flamande et d'un père wallon et qu'on vit à Bruxelles, la question du comment ne se pose pas, c'est un fait. Et une richesse. Des racines multiples vaccinent contre les identités meurtrières.
Derrière les problèmes actuels, ce ne sont pas tant les valeurs qui posent problème que les batailles de pouvoir et d'argent, effets secondaires d'une particratie poussée à l'extrême. Au contraire, le gouvernement en affaires courantes, libéré des enjeux électoraux, travaille bien.

Florence a dit…

Mon cher Petit Belge,
Je rejoins totalement le point de vue d'Edmée !
Je te souhaite une bonne "courte" semaine avec la reprise de l'école !
Gros bisous !
Florence